La petite humaine la dévisageait, les mâchoires serrées, et la haine qui luisait dans son regard était presque palpable. Sa voix gagna un octave, au bord de l'hystérie.

" Tu as tout fait pour ruiner ma vie ! "

Avec calme, l'outrilienne fit un pas de côté, s'éloignant du cadavre du tueur à gages qui se désagrégeait déjà, essayant d'ignorer le sang qui coulait maintenant de son épaule, imbibant son uniforme sombre. Le noir était si pratique pour cacher la couleur du sang. Elle expira lentement, s'efforçant de juguler la douleur encore un peu, laissant le communicateur interne de son casque retranscrire sa conversation à une amie chère.

" Ne ssois pas ridicule, je ne me ssouviens pas t'avoir envoyé des asssasssins moi. "

Les phalanges de l'humaine blanchirent sur la garde de l'épée énergétique, alors qu'elle assénait un coup dans sa direction. Une esquive, faucher l'adversaire avec sa queue...
Le général regretta aussitôt d'avoir bougé alors que la douleur vive de sa blessure se réveillait. Le souffle presque coupé par son intensité, elle ne put que s'adosser au mur, clignant des paupières pour récupérer une vision claire. Une faiblesse que son ennemie mit aussitôt à profit, redoublant d'acharnement, ouvrant d'autres entailles fumantes dans sa peau écailleuse. Elle ne tiendrait plus très longtemps malgré ses efforts.

" Tu ne méritais pas Zlatows ! "

Les écailles de l'outrilienne s'assombrirent, réaction physiologique à un état émotionnel intense. Elle siffla de rage en se décollant du mur.

" Je ne te permets pas. "

A son tour elle frappa, cherchant à tuer, aveuglée par la colère. Certains coups portaient, laissant des sillons sanglants dans le corps fragile.

Un bruit de longue foulée dans son dos.

Elle tourna la tête, une fraction de seconde, le temps de reconnaître l'elfe blonde qui arrivait au pas de course, le temps de recevoir une nouvelle blessure, le temps de sentir l'humaine affaiblie lui bondir réellement dessus, s'agripper à elle, un éclair de folie dans les yeux.

Alleria avait déjà saisi son fusil laser, les mettant en joue, incapable de tirer sur l'une sans toucher l'autre.

" Shivah, dégage-toi ! "

L'outrilienne se démenait, haletante, sa longue queue fouettant l'air en tout sens derrière elle, tandis qu'elle tentait de se débarrasser de Mallory qui tenait bon. Une nouvelle douleur envahit son cou, alors que l'humaine lâchait enfin, projetée au sol où elle fut cueillie de plein fouet par un tir de laser.
Sans même se préoccuper du corps recroquevillé au sol qui se décomposait déjà, l'elfe se précipitait, attrapait l'outrilienne qui se tenait le cou, saisie d'un vertige. De son regard si particulier elle parcourait le corps écailleux, analysait les dommages causés, tout en l'empêchant de chuter lourdement au sol.

" Doucement, ça va aller. "

Shivah déglutit en se tenant le cou, sentant l'injection faire effet en elle. Elle balbutia.

" Elle m'a injecté quelque chose... je le sens. "

Les picotements se muèrent en aiguilles acérées qui lui parcouraient tout le corps. Le médecin prit à peine quelques secondes pour analyser ses propres sensations, incapable de les reconnaître. La panique fit trembler sa voix alors que le phénomène s'intensifiait.

" Elle m'a... "

La douleur lui coupa le souffle, alors que l'elfe qui l'examinait fronçait les sourcils. L'impression finalement que son corps allait tomber en miettes lui arracha un cri perçant.

" All... "

Et puis, plus rien.
Juste une petite ligne dans l'AITL.



______________

Pour les commentaires

L'affichage persistait à dérailler sur la cuve 27 de la travée B. Le technicien vint donner une pichenette au dispositif, ce qui stabilisa enfin les choses.




La sortie de clonage était toujours un moment un peu pénible, le corps encore mal assuré, couvert de ce liquide un peu gluant à l'odeur douceâtre. Elle frissonna, saisie par la différence de température, et tendit la main pour attraper la serviette qui était toujours accrochée juste à côté de la cuve. Ses doigts n'atteignirent jamais le tissu un peu rêche. Stupéfaite elle contemplait la main rose et lisse aux ongles un peu nacrés qui lui faisait face. Incrédule elle tendit l'autre main, pour la découvrir identique à la première.
Tremblante, elle tourna la tête pour examiner son reflet dans la paroi de la cuve et ce qu'elle y vit, l'horrifia. Une silhouette mince, des cheveux mi-longs collés en paquet par le liquide de régénération, une peau lisse et sans écailles, des yeux aux pupilles rondes et largement dilatées à ce moment, et pas de queue.
Le hurlement qui lui échappa résonna longuement dans les couloirs du Centre de clonage.

Elle se hâtait autant que possible, trébuchant tous les trois pas, encore incapable de s'habituer à l'équilibre de ce corps sans appendice caudal. Sans parler de ces maudites ballerines maintenant trop grandes pour ses pieds. Frissonnante, enveloppée dans la blouse blanche aux manches trop longues, elle atteignit enfin la porte de chez elle. Ici elle serait à l'abri. Elle le croyait.

A l'autre bout de la ville, Alleria arrivait trop tard au Centre de clonage, retenue en chemin par un lord bavard. Le terminal du Centre avait été formel, l'individu matricule #9372 était sorti de cuve 10 minutes plus tôt.
L'elfe était repartie en courant sans prêter attention à la fin de l'affichage.



Elle ouvrait ses armoires, cherchant de quoi se vêtir correctement, les mains encore tremblantes, l'esprit empli de confusion. La chemise serait un peu grande mais en la serrant avec une ceinture ça irait.
Un bruit dans l'entrée.

Les vêtements dans les bras, elle se rendit vers la porte, inquiète. Son sourire réapparut quand elle reconnut la silhouette mince et athlétique de l'elfe.

Une elfe qui fronça les sourcils en se tournant brusquement vers elle, peu commode.
" Que faites-vous ici ? "
La stupéfaction la fit bégayer.
" Ce que je... mais... "
Elle écarquilla les yeux en voyant Alleria saisir son fusil laser et le pointer sur elle, le ton menaçant.
" Qui vous a donné le code d'accès ?
- Mais personne je... "
La réponse était mauvaise, les vêtements qu'elle tenait au creux de ses bras ne jouaient pas en sa faveur. L'elfe avait passé une mauvaise journée. D'abord elle arrivait trop tard pour sauver Shivah, elle manquait sa sortie de cuve et finissait par trouver une petite voleuse chez elle. L'Empereur ne l'avait pas doté d'une patience infinie.
Elle tira, visant avec soin une partie non vitale de l'individu qui s'écroula avec un cri de stupeur. Alors qu'elle s'approchait de sa victime, Alleria ne put que constater avec surprise que l'humaine trop émotive succombait déjà à un arrêt cardiaque.



C'est sans force que Shivah se laissa glisser hors de la cuve, sur le carrelage rendu glissant par le liquide de clonage répandu. Tremblante, elle tendit la main devant elle. Rose et lisse aux ongles nacrés. Un gémissement désespéré franchit ses lèvres pâles.

________________

Pour les commentaires

De nouveau enveloppée dans la blouse blanche trop grande maintenant imbibée de liquide de clonage, elle s'enfuit du centre, l'esprit en déroute. La force de l'habitude guida ses pas vers l'imposant bâtiment blindé situé au sud-est de la ville. En reconnaissant l'entrée, elle pressa l'allure. C'est la perte d'une de ses ballerines sur les marches qui lui évita de rencontrer de manière fort brutale le troll lourdement armé qui sortait du Militarium au même moment.

" Hé là ! Le militarium est interdit aux civils. "

Après un instant de flottement, et de vagues excuses marmonnées, la jeune femme fila aussi vite que possible arrachant au troll un grognement perplexe et un commentaire dédaigneux sur ces "abrutis de Nemo Intra".

La nuit s'épaississait, et avec elle le danger de se faire égorger au détour d'une ruelle peu éclairée pour une poignée de crédits. L'humaine parcourait les rues, perdue dans le dédale urbain qu'elle n'avait jamais su mémoriser, à la recherche d'un abri sûr.
Une porte lui parut familière et elle la poussa, son énergie ravivée à la perspective de pouvoir se blottir au chaud un moment et de manger un morceau.
Le Conseil de la Noblesse et son luxe silencieux ne lui avaient jamais paru si accueillants.

Elle avait fait quelques pas, obliquant aussitôt vers les cuisines et ses réserves de nourriture quand une voix juvénile retentit derrière elle.

" Cercle de l'Orient. Votre carte d'identité. Et retournez-vous lentement. "

Stupéfaite elle tourna la tête pour découvrir le jeune vautour arborant fièrement l'insigne des cadets de la police et déglutit.

" Ma carte ? "

Shivah pâlit. Cela faisait si longtemps qu'elle sortait sans, qu'elle n'avait pas envisagé un instant ce genre de tracasserie administrative. Il l'avait certainement vue entrer dans le bâtiment. Maudit était le zèle des jeunes recrues.

" Ma carte, oui... un instant. Je l'ai là quelque part. "

Faisant mine de fouiller les poches de sa blouse, Shivah réfléchissait très vite. Elle avait sans doute un sens de l'orientation déficient, mais des heures passées à courir dans les souterrains lui avaient appris à exploiter le terrain. Sans prévenir, elle s'élança dans le couloir, prenant le cadet par surprise. La sécurité automatique joua, enregistrant ses accès et lui déverrouillant la porte menant à la zone privée qui claqua devant le nez du vautour. Maintenant il s'agissait de faire vite, elle n'avait tout au plus que quelques minutes.

Déjà le cadet s'égosillait dans sa radio.

" Intrus au Conseil de la Noblesse. Elle a craqué le digi ! Besoin de renforts tout de suite ! "

En silence, elle avait traversé les salles plongées dans la pénombre, rejoignant la deuxième sortie. Le cadet, ignorant de la disposition exacte du bâtiment, était resté collé à la porte qu'elle avait empruntée, arme au poing.

" Sortez de là, et vite ! "

Elle se faufila hors du bâtiment en silence, plongeant derrière le coin du bâtiment en voyant les renforts arriver. Étrangement, l'action lui permettait de réorganiser ses pensées et secouer la torpeur qui ralentissait son esprit depuis son clonage. L'Hôpital n'était pas loin. Et elle était la seule à avoir les codes. Elle fila.

__________________

Pour les commentaires

L'Hôpital était comme à son habitude silencieux. Silencieux et désert. Mais c'était son domaine et elle savait s'y diriger sans allumer, se contentant de la lueur des diodes indiquant la sortie.
Shivah courait dans les couloirs, pour récupérer enfin un peu de matériel de soin dans son bureau. Elle avait été tellement perturbée par sa sortie de cuve que son équipement habituel était resté au centre de clonage, et maintenant que la nuit était tombée, elle n'avait aucune envie de traverser la ville pour y retourner. Elle aviserait demain. En attendant, l'urgence était certainement de récupérer une carte d'identité pour éviter d'autres soucis.

Un regard avant de sortir de l'Hôpital pour s'assurer que la voie était libre, et l'humaine se faufilait comme une ombre jusqu'à la porte voisine, celle du Cercle de l'Orient. Les terminaux ronronnaient à l'accueil, et la lueur de l'écran qui se réactivait après qu'elle l'ai effleuré du bout des doigts éclaira son visage d'une lueur bleutée.

Ses doigts glissaient sur la surface froide, jusqu'à trouver le menu qui l'intéressait. Elle passa son poignet devant le lecteur pour l'identification.


L'humaine fronça les sourcils, pianotant à nouveau pour forcer la machine récalcitrante à accepter les données.


" Mais c'est pas vrai ! "
Le murmure agacé précéda de peu l'ouverture de la porte d'entrée du bâtiment, suivie d'un bruit de voix qui n'augurait rien de bon. Étouffant un juron, elle se dissimula dans un coin de la pièce, espérant qu'ils iraient droit à leurs bureaux sans venir jusqu'à l'accueil.

" Mais je ne pouvais pas savoir qu'il y avait une autre porte !" se défendait le jeune vautour.
" Ce n'est rien cadet, elle n'a pas eu le temps de dégrader l'endroit. Vous avez agi rapidement. " assurait le Lord Délégué Von Storm de sa voix de baryton teintée d'un léger accent.

C'était bien sa veine, le Commissaire en chef était là également. Elle déglutit en retenant son souffle. Il allait à son bureau certainement. Les bruits de pas s'éloignèrent jusqu'à ce que le silence et la pénombre reviennent dans l'entrée.
Tentant de calmer les battements de son coeur, elle revint vers le terminal.



Elle écarquilla les yeux. Depuis quand ces fichus terminaux avaient-ils un système de sécurité ?
Et un système efficace si elle en jugeait par le bruit de pas qui se faisait entendre au bout du couloir. La jeune femme se précipita hors de l'accueil pour tomber nez à nez avec le cadet qui ne trouva rien de mieux que de hurler.

" Hey mais... c'est elle ! "
Attirant de ce fait l'attention de son chef qui était du genre plutôt rapide et sortait déjà de son bureau.

Ce qui lui laissait approximativement trois secondes pour filer avec un vautour qui lui coupait la route. Elle inspira, et puisa dans ses habitudes d'entraînement au corps à corps pour frapper son torse d'un coup sec. Ce serait suffisant pour lui couper le souffle sans causer de dommages.
Le cadet se plia en deux sous la douleur alors qu'elle filait en courant. Mais même le plus rapide coureur n'est pas de taille face à une arme à feu.

" Restez là ou je tire ! "
Et Lord Von Storm n'avait pas l'air de plaisanter, tirant déjà de son holster le Gold Eagle qui ne le quittait jamais.

Elle avait ignoré l'avertissement, préférant tenter sa chance, par instinct irraisonné. La détonation claqua dans le bâtiment, assourdissante, le choc de l'impact projetant la jeune femme contre le mur tout proche, contre lequel elle glissa, y laissant une traînée de sang écarlate. A peine le temps de serrer son épaule entre ses doigts tremblants, le commissaire la relevait déjà sans ménagement, préparant les menottes.

" Bon, on va ajouter la tentative de fuite. "

Elle balbutia.

" Non attendez, c'est une erreur. Je suis Shivah. "
Zartam fronça les sourcils, lui plaçant d'autorité les mains dans le dos pour pouvoir les lier.
" A votre place je n'aggraverais pas mon cas. "

Il n'entendit pas sa justification, la porte du bâtiment s'ouvrant pour laisser passer une humaine au visage sévère qui adressa à peine un regard à la prisonnière.

" J'ai entendu une détonation Lord Von Storm, tout va bien ?
- Tout va bien Lady, je ne crois pas avoir besoin de l'Inquisition. "

Le regard inquisiteur se posa sans aménité sur le teint pâle de la jeune femme à qui Zartam achevait de passer les menottes.
" Dissidence ?
- Intrusion au Conseil de la Noblesse, usurpation d'identité. Elle prétend être Lady Shivah. Je vous passe l'agression d'un cadet et la tentative de fuite. "

Elea marqua une légère surprise.

" Dans quel but tout cela ?
- Je l'ignore. "

Et le haussement d'épaules du commissaire indiquait à merveille qu'il ne s'en souciait vraiment pas, d'autant que la prisonnière cherchait à se dégager, cherchant du soutien auprès de la dame de fer.

" Elea, dites-lui ! "
La noble redressa un peu le menton.
" Vous feriez bien de ne pas oublier à qui vous parlez. "

Zartam la poussait déjà en direction de la porte, dictant le PV à son enregistreur.
" Je vous embarque. 9 cycles horaires vont vous remettre les idées en place. "

Le cri étranglé de la prisonnière laissa Elea perplexe, songeuse sur les bienfaits de la construction d'un asile dans la ville.

_________________

Pour les commentaires

" Déposez vos affaires là-d'dans et traînez pas. "

L'orc avait ouvert le caisson numéroté 284-15 et désignait la tenue posée tout à côté sur la table.

" Et vous enfilez ça. J'vous laisse 2 minutes, passé c'délai j'vous emmène, changée ou pas. "
Avec un rire gras, le maton sortit de la pièce sans fermer la porte. La jeune femme esquissa un sourire en songeant à l'ironie de la situation. Elle ne portait que sa blouse blanche maintenant maculée de sang, ça ne lui laissait pas grand chose à mettre dans le conteneur.

Le manque d'intimité de la pièce la mettait mal à l'aise, mais elle doutait de la patience du garde et n'avait aucune envie de tester ses limites. La blouse tomba à ses pieds tandis qu'elle enfilait tant bien que mal la tenue de prisonnier dont le tissu un peu raide irritait déjà sa peau. Repliant le vêtement de médecin qui se teintait de brun pour le ranger dans le caisson, elle tira de la poche un rouleau de bandages récupéré à l'hôpital.

Malheureusement, même un objet aussi anodin ne sembla pas du goût du garde qui revenait.
" Remettez-ça dans vos affaires tout d'suite !
- Soyons sérieux voulez-vous, c'est juste pour me soigner. "
Le calme de la jeune femme aurait dû faire tiquer l'orc, mais celui-ci avait eu du mal à mémoriser le règlement de la prison, ce n'était pour le voir détourner par une prisonnière. Il la saisit par le col pour la rapprocher brutalement de lui afin qu'elle comprenne bien ce qu'il avait à lui dire.
" Tu me poses ça tout de suite, sinon j'te colle en isolement. "
Elle grimaça en sentant les postillons sur son visage, se décidant à lâcher le rouleau de bandages, à regret en sentant le sang commencer à humidifier sa tenue de prisonnière.

Son arrivée dans la cellule ne fut guère plus agréable, puisque l'orc l'y propulsa d'une grande bourrade. Les dents serrées, la main crispée sur son épaule, Shivah s'efforçait de réguler la douleur en agissant sur sa respiration. Son regard vert dévisagea ses compagnons de cellule, ou d'infortune diraient certains, même si la justice Impériale ne pouvait être remise en cause et que tous méritaient certainement d'être là.

Des visages inconnus pour la plupart, des regards blasés, des corps vautrés dans des positions avachies exprimant l'ennui. La jeune femme s'installa tant bien que mal dans un endroit libre pour tenter de prendre son mal en patience, s'efforçant de ne pas bouger son épaule blessée.
Un couple se chuchotait des mots tendres dans un coin, deux gros bras échangeaient des coups avec lassitude, certains dormaient, un ou deux avaient même l'air drogués. Alors qu'elle retirait sa main de son épaule, ce fut pour découvrir ses doigts rouges de sang.

" Bon sang... "
Un ou deux individus s'étaient tournés vers elle en l'entendant et elle décida de tester leur gentillesse.
" Quelqu'un aurait des bandages ? De quoi en faire, du tissu, n'importe quoi ? "
Un humain ayant clairement abusé d'injections de stéroïdes s'approcha d'elle avec un sourire carnassier.
" J'suis médecin ma jolie. Retire ton haut que j'vois ce gros bobo.
- Je me contenterai de bandages, je dois pouvoir me soigner seule. "

Son calme, une nouvelle fois, ne rencontra pas le succès escompté. Elle se retrouvait encore violemment agrippée par ses vêtements. Cette fois sa patience s'émoussa et son énervement se cristallisa en un violent coup de genou qui prit la brute par surprise. Alors qu'il se pliait en deux sous la douleur, elle compléta l'action par un bon coup de coude au niveau de la nuque, y mettant autant d'énergie qu'en entraînement face à un troll.
Ce fut suffisant pour le sonner et le laisser à terre. Les autres prisonniers se relevaient pour certains, contemplant éberlués la jeune femme essoufflée qui s'adossait au mur en se tenant l'épaule.

" Je vais être claire. J'ai passé une très mauvaise journée, et le premier qui tentera de la dégrader encore, par Hujan, je jure que je me défoule sur lui. "

Elle n'eut pas le loisir de jouir de l'effet de son annonce sur ses compagnons de cellule, celle-ci s'ouvrit et une main ferme bien que féminine se referma sur son bras.

" Tu as plutôt intérêt à te calmer ou je m'occupe de ton cas. "
La voix était familière, le profil elfique également, tandis que Shivah peinait à suivre le rythme rapide de la marche forcée qui la conduisait dans une cellule isolée.
" Andraste ? Andraste, il me faut des bandages, je suis bl... "

La porte de la cellule avait claqué, elle se retrouvait dans la pénombre de l'isolement.

________________

Pour les commentaires

Seule, le dos calé contre le mur, Shivah laissait lentement l'abattement s'infiltrer en elle. La prison en elle-même n'était pas le pire. La solitude était un sentiment familier. Le silence ne l'effrayait pas non plus d'ordinaire.

L'enchaînement des événements par contre faisait courir des frissons sur sa peau d'humaine.
L'horreur de la situation créait des brèches dans son équilibre mental par lesquelles la peur s’immisçait, faisait vaciller sa raison, ébranlait son don de réflexion. Son cœur s'emballait sans qu'elle puisse le ralentir, et ce manque de contrôle sur son corps lui rappelait trop à quel point il lui était maintenant étranger.
Une sueur glacée mouillait ses tempes. Elle sursauta à nouveau quand une mèche de cheveux vient lui chatouiller le cou en une caresse inhabituelle.
Ce qui eut pour effet de réveiller la douleur sourde dans son épaule.

Le sang coulait toujours, plus lentement, mais sûrement, et elle risquait de se retrouver exsangue avant de sortir de ce trou à rats si elle ne faisait rien.
Elle serra les dents en se parlant à elle-même.

" Allez général, on se bouge. "

Un coup de pied pour ébranler l'entrée de la cellule. Le choc amplifia la douleur et elle grogna.

" Andraste, espère de vieille elfe aux moeurs dissolues, ramène-toi bon sang ! "

Mais il fallait croire que les gardiens n'avaient aucune envie de venir distraire les prisonniers en isolement.

Elle se réinstalla donc contre son mur, tâtant sa tenue de prisonnier, regrettant ses ongles qui ne tranchaient plus rien. Peut-être que si elle effilochait le bord de sa manche ? De toute façon elle avait des heures à tuer.

Et le médecin de patiemment tirer sur le bord de sa manche avec ses dents, jusqu'à créer une entaille suffisante pour la déchirer sur toute la longueur, puis une autre, et encore une.
La sueur rendait son front luisant, mais elle persistait dans sa tâche, jusqu'à ce qu'enfin la manche soit réduite à un tas de bandelettes. Elle put alors retirer sa veste, ou ce qu'il en restait, et bander soigneusement sa blessure avec des gestes précis.
Se rhabiller fut fait avec peine et la jeune femme put enfin se rouler en boule, épuisée par l'effort, et sombrer pour un moment.

________

" Debout ! "

Non ce n'était pas la main douce d'un amant amoureux qui la poussait en douceur pour la réveiller, mais bien le canon d'une arme d'assaut qui n'avait rien à envier à l'équipement des commandos du Militarium.
Le visage de l'elfe qui la tenait avec facilité sur un bras n'avait rien de bien réjouissant non plus.

" On se lève, assez dormi, c'est l'heure de quitter ta piaule. Tu te crois à l'hôtel ou quoi ? "

La jeune femme se releva, un peu tremblante, battant des paupières pour s'habituer à la luminosité qui lui parvenait du couloir. Déjà Andraste la poussait devant elle pour la faire avancer.

" Qu'est-ce que tu as fichu avec ta veste ? Tu avais trop chaud c'est ça ? Fallait le dire chérie, je serais venue te tenir compagnie. "
L'éclat de rire fit se crisper la prisonnière qui préféra ne rien répondre, allongeant le pas pour sortir de cet endroit le plus rapidement possible. A nouveau elle retrouva la salle d'accueil, son conteneur sur la table... et une matonne qui n'avait semble-t-il pas l'intention de quitter la pièce, adossée à la porte, le sourire aux lèvres alors qu'elle la détaillait de ses yeux en amandes.

L'humaine produisit un effort de concentration, se focalisant sur autre chose alors qu'elle se changeait, dos à la porte, et à l'elfe grivoise, inconsciente du froncement de sourcils de celle-ci en découvrant que la tenue de prisonnier avait été transformée en bandages.

Elle ne pouvait pas retourner chez elle, ni au Conseil de la Noblesse. L'Hôpital était trop proche du Cercle de l'Orient. Il lui fallait un endroit sûr et au calme où elle pourrait envisager la suite sereinement.
Peut-être...

Elle sursauta, perdant le fil de ses pensées alors que la main de l'elfe se refermait sur son bras, ferme sans être violente, la forçant à lever les yeux pour la regarder.

" Qui t'a fait ça ?
- Ma... blessure ?
- Les prisonniers peuvent se battre à mains nues, et là, c'est une blessure causée par une arme à feu pas vrai ? Je veux savoir qui a enfreint le règlement.
- Ce n'était pas ici, c'était avant. "

Elle tâchait de répondre aussi calmement que possible, luttant contre l'envie de faire lâcher la gardienne qui haussa un sourcil.

" Avant ? "

Et qui appuyait de son pouce sur la chair rougie par l'inflammation, pour vérifier l'état de la plaie, arrachant un gémissement douloureux à la blessée. La surprise se peignit fugitivement sur le visage de l'elfe qui la lâcha soudainement, reprenant un air plus dur.

" A ta place j'irais faire soigner ça en sortant. Avec l'infection tu vas douiller grave. "

Shivah se dépêcha d'enfiler sa blouse raidie par la tache de sang séché. Il importait de sortir de là très vite maintenant, avant les questions.

" Tiens, tu es médecin alors ? Ca me fait penser que je n'ai pas ton identité sur le rapport d'arrestation. "

Des questions de ce genre-là justement.
Elle bredouilla.

" Ah ? Il me semblait que Lord Zartam avait tout rempli. "

Elle ne laissa pas le froncement de sourcils de l'elfe se transformer en d'autres questions plus gênantes, elle fila sans demander son reste. Sans remarquer que le regard de l'elfe s'était rivé sur ses ballerines à la finition soignée et que les sourcils fins se fronçaient à nouveau.

__________

Shivah se hâtait dans les rues, laissant le brouillard matinal rafraîchir son front brûlant. A cette heure peut-être pouvait-elle rejoindre avant tout le centre de clonage et récupérer son précieux matériel, et surtout son bracelet-communicateur sans lequel elle était perdue. Les gens dormaient d'ordinaire le matin.

Elle se hâtait, jusqu'à ce que la silhouette d'une humaine au visage sévère surgisse au détour d'une rue. Sans réfléchir, la fugitive se précipita dans le bâtiment le plus proche qui l'inspirait, pour échapper au regard de l'Inquisitrice.

Les lieux lui apparurent soudain comme familiers, elle se mit à courir dans les couloirs après avoir retiré ses ballerines trop grandes pour ne pas les perdre.
La porte au bout du couloir.
Le code.

Elle pianota fébrilement, laissant ses doigts se souvenir pour elle, poussa la porte, s'engouffra dans la pièce.

Clic.

A l'extérieur, Elea tournait la tête, persuadée d'avoir vu quelqu'un s'enfuir.
A l'intérieur, Eumée s'éveillait.

________________

Pour les commentaires

Et si Shivah était humaine, elle ressemblerait sans doute à cela :

Le bassin était vide, les plantes immobiles comme une illusion de refuge artificiel. Le silence juste rompu par les battements de son coeur, rapides, trop. Au moins le code n'avait pas été changé et personne ne viendrait la chercher ici.

Le visage familier de l'IA apparut dans le hublot le plus proche.

[Eumée : Bonjour Alte Nobilis Shivah #9372, veuillez expliciter le motif de votre visite]

Le soupir de soulagement de la jeune femme se coinça soudainement dans sa gorge en entendant la suite.

[Eumée : Données d'identification corrompues, incohérences détectées. Les caractéristiques morphologiques entrent en conflit avec les données de référence. Possible tentative d'usurpation d'identité.]
[Eumée : Diagnostic d'hostilité établi. Protocole de défense du dominus.]
[Eumée : Fermeture et verrouillage intégral. Envoi des enregistrements.]
[Eumée : Individu hostile, je vous vois... Individu hostile... je vous vois...]

" Eumée, non ! "

Elle s'était précipitée à la porte, déjà verrouillée, tandis que les lumières s'éteignaient, laissant la place à une lueur rouge et une sonnerie d'alarme qui vrillait son crâne, même alors qu'elle plaquait ses mains sur ses oreilles.

" Eumée, arrête ! S'il te plait... "

Mais l'IA bloquée en protocole anti-intrusion était de toute manière insensible aux supplications de toute sorte. La jeune femme, les mains sur les oreilles, recula de quelques pas, titubant sous l'effet que le son produisait sur son cerveau enfiévré.

" Par... Hujan... "

Elle recula encore en une tentative aussi vaine que désespérée d'échapper à l'alarme, jusqu'à se blottir contre le mur, recroquevillée sur elle-même, les mains crispée sur les oreilles.

Ses efforts inutiles avaient eu pour témoin un homme, tiré du scriptorium par Eumée, assistant à la fin de la scène retransmise par les écrans de surveillance, immobile, ses mains gantées jointes dans son dos.
Un homme qui sans détourner son regard du spectacle passait déjà à l'action pour comprendre et savoir, pour évaluer la menace avec précision afin de l'anticiper.

" Combien de temps lui a-t-il fallu pour trouver le code Eumée ?
[Eumée : aucun essai négatif Dominus, seul le code correct a été saisi.]
" Identification de l'intruse ? "
[Eumée : Données contradictoires. Impossible de l'établir avec précision Dominus.]

Ici, Lord Oakenshield releva un sourcil aristocratique pour marquer sa surprise, sans pour autant quitter sa position.

" Eumée, scanne l'individu, je veux savoir à qui nous avons affaire. "
[Eumée : Balayage en cours.]
[Eumée : Race humaine, sexe féminin, 1m78, 65 kg, âge estimé 29 ans.]
[Eumée : Rythme cardiaque élevé, température corporelle supérieure à la normale.]
[Eumée : Aucune arme détectée, pas de trace d'explosifs.]

" Arrête l'alarme Eumée, je vais aller voir. "
[Eumée : Je rappelle au Dominus qu'il s'agit probablement d'une intrusion.]
" Je sais Eumée. Eclairage à la normale. "

Stilicon traversait déjà les couloirs à pas pressés pour rejoindre la salle au bassin. La porte se déverrouilla à son approche dans un léger déclic. Il entra.
L'intruse était encore prostrée contre le mur, se bouchant les oreilles, les yeux fermés.
Les mains dans le dos, le lord l'observait en silence, détaillait la blouse à l'origine blanche couverte de traces de sang séché, tiquant en apercevant les ballerines qui trainaient au sol.

Enfin, la jeune femme prit conscience que le son qui l'assourdissait avait pris fin, et retira lentement ses mains de ses oreilles, ravalant un gémissant alors qu'elle bougeait le bras gauche.

" Je vais vous laisser vous identifier avant d'avertir le Cercle de l'Orient. "

La voix semblait presque chaleureuse en comparaison du ton employé par l'IA et pourtant... elle reconnaissait déjà son inflexibilité.

Shivah ouvrit les yeux brusquement, avant de se redresser lentement le long du mur, cherchant par où commencer, l'esprit embrumé.

______________

Pour les commentaires

" Je suis... "

Elle hésita en parcourant du regard la silhouette rigide qui ne laissait transparaître aucune faiblesse, aucune prise à laquelle s'accrocher.

" Il faut me promettre que... "
La jeune femme se mordit les lèvres en réalisant son erreur. Oser demander une promesse au Legatus, c'était presque de l'hérésie. D'ailleurs ses iris qui viraient au pourpre parlaient pour lui.
Elle murmura rapidement.

" Pardonnez-moi, je n'aurais pas dû dire ça. S'il vous plait, je peux vous expliquer mais laissez-moi un peu de temps pour le faire. "

Le lord étrécit les yeux, cherchant à analyser l'impression bizarre et tenace qu'il avait en regardant la jeune femme adossée au mur.

" Eumée, verrouille la porte, et ne laisse entrer personne. "

[Eumée : demande irrationnelle Dominus. Dois-je procéder ? ]
" Eumée, je n'ai pas pour habitude de me répéter. "

Le verrouillage s'enclencha dans un cliquetis sonore.





Deux clonages et Shivah ne répondait toujours pas à ses messages. Alleria posa à nouveau deux doigts contre sa tempe, enclenchant la communication avec Elea. Peut-être que la lady saurait ce qui se passait.
La réponse fusa, laconique.



Les dernières mots résonnaient encore dans sa liaison matricielle, que l'elfe était déjà sortie au pas de course du bâtiment qu'elle occupait. Deux morts aussi rapprochées et le silence. L'outrilienne inconsciente, son bracelet-com aurait renvoyé un message automatique, or ce n'était pas le cas. Et le deck refusait de lui renvoyer une information cohérente.
Elle pénétra en courant dans le centre de clonage, usant de toute son influence pour avoir les informations qu'elle recherchait.

Immobile devant le conteneur à code génétique encore fermé contenant le matériel de Shivah, Alleria cherchait à comprendre pourquoi l'outrilienne avait quitté le centre en laissant tout derrière elle. C'était totalement irrationnel, à moins que quelqu'un ne l'ait entraînée sans lui laisser le choix.
Craignant le pire, l'elfe activa le traceur lié à sa puce APM. Le calcul de trajectoire fut inexplicablement plus long qu'à l'ordinaire et voir le bip de positionnement apparaître enfin arracha un vrai soupir de soulagement à l'elfe.
Juste avant qu'elle ne fronce les sourcils en reconnaissant l'adresse.

__________

Lord Zartam venait enfin de poser ses fesses dans son fauteuil fétiche quand l'indicateur d'un nouveau message apparut sur son écran. Après un juron bien senti contre les hérétiques qui ne le laissaient pas commencer sa journée au calme, le Commissaire prit la peine de lire le contenu.



L'humain grogna un peu, tout en récupérant sur son terminal l'information enregistrée automatiquement par le dispositif de capture. Mal réveillé, il allait compléter machinalement le dossier quand son doigt s'arrêta en l'air.



Cette fois le Délégué Impérial se décolla de son dossier, réveillé pour de bon.
Et comme un bonheur n'arrivait jamais seul, c'est le moment que choisit son terminal pour lui annoncer qu'un cas d'intrusion était détecté chez l'Ambassadeur.

Le juron résonna dans tout le bâtiment.

_______________

Pour les commentaires

La dame de fer entra d'un pas rapide au Militarium, une sentinelle venant aussitôt s'enquérir du but de sa visite.

" Je souhaite voir le général Shivah. "
Oui, Lady Elea ne s’embarrassait pas toujours de politesse superflue quand il s'agissait d'un sujet qui lui tenait à coeur. Le soldat secoua la tête à regret.

" Navrée Lady, elle n'est pas à son bureau. "
Il hésita, les secrets de l'armée devant rester à l'armée. Mais il en fallait plus pour décontenancer l'ancienne Ambassadrice qui planta son regard glacé dans celui du soldat.
" Depuis combien de temps ne l'avez-vous pas vue ?
- Je ne saurais vous le dire Lady. "

L'humaine allait lui faire une remarque quand un léger bip l'informa que son traceur avait enfin retrouvé la fréquence qu'elle cherchait. Il avait mit un temps inhabituel, mais Elea décida que ce n'était qu'un simple dysfonctionnement technique. Sans même prendre le temps de saluer la sentinelle, elle ressortit du militarium pour s'engouffrer dans sa voiture qui l'attendait. Le véhicule démarra en trombe.

_______________

Après avoir vérifié que son arme était chargée et dans son étui, le Commissaire Von Storm sortit de son bureau à grands pas, alertant son adjoint qu'il partait vérifier l'intrusion chez le Legatus et qu'il devait se tenir prêt à intervenir en cas de besoin. Du Cercle de l'Orient à l'immeuble, le trajet était court, et encore plus quand on le faisait au pas de course. Il arriva bientôt en vue de la porte et s'engouffra dans le bâtiment.

_______________

Une nouvelle fois, son message resta sans réponse, tandis que son deck persistait à lui renvoyer des informations erronées. Alleria pressait le pas, une partie de son esprit connecté à la matrice à la recherche d'informations qu'elle ne trouvait pas, détestant ce manque qui lui donnait l'impression d'avoir perdu certains sens. Elle se contrôla pour ne pas parcourir les dernières pâtés de maisons en courant, mettant néanmoins son fusil laser sous tension alors qu'elle entrait dans le bâtiment.

Pour se retrouver nez à nez avec Lord Zartam qui avait mis en joue l'entrée par réflexe en entendant du bruit derrière lui. Il siffla légèrement entre ses dents, abaissant le colt qu'il tenait en main, tandis que l'elfe abaissait le canon de son fusil.

" Bon sang Lady, un peu plus je faisais des trous dans votre carcasse ! "
Une lady qui haussa à peine les sourcils.
" Cela n'aurait peut-être pas été si simple Lord. "
Avec calme elle analysait déjà la tenue du Lord, taillée pour le combat, les menottes à la ceinture, et sa posture, très réactive.
" Un souci avec le Legatus ?
- Une intrusion. "

Alleria tiqua, cherchant à formuler le détail qui la chagrinait, quand Elea fit son entrée à son tour, accueillie aussitôt par un colt et un fusil laser pointés sur elle. L'humaine s'immobilisa, contemplant le duo avec sa froideur habituelle.
" Je vous suggère de ne pas me manquer. "

Les armes pointaient désormais le sol, tandis qu'Elea se tournait vers l'elfe.
" Ils ne l'ont pas vue au Militarium, mais mon traceur l'a enfin repérée, ici. "
Alleria hocha la tête, parvenue aux mêmes conclusions, se tournant vers celui qui restait silencieux.
" Lord Zartam, qui vous a prévenu de l'intrusion ?
- L'IA du Legatus. "
Elle acquiesca.
" Certains détecteurs semblent fonctionner de manière incorrecte. Attendons de voir ce qui nous attend là-haut. "
Et Alleria de mettre son fusil hors tension avant de sortir de l’ascenseur.

_______________

Pour les commentaires

Les trois nobles avaient à peine posé un pied dans le couloir que l'IA familière apparaissait dans son hublot.

[ Eumée : Lady Alleria, Lady Elea, Lord Zartam, soyez les bienvenus. ]
[ Eumée : Je n'ai pas été informé de votre visite. Puis-je vous demander la raison de votre présence ? ]

Le Commissaire répondit aussitôt, vaguement agacé.

" Une alerte intrusion chez le Legatus a été renvoyé à mon bureau. Je venais aux nouvelles. "

[ Eumée : En effet Lord, une intrusion a été détectée.]

" Vous avez eu son identité ? "
Cette fois, l'IA eut une réaction pour le moins inattendue. L'hologramme s'inclina légèrement.
[ Eumée : Demande de confirmation auprès du Dominus. Veuillez patienter. ]

Zartam haussa les sourcils et se tourna vers l'elfe qui avait tiqué elle aussi.
" Je croyais que c'était l'IA qui scannait les présences ?
- En toute logique elle devrait avoir l'information. ", répliqua Alleria en fronçant les sourcils avant de vérifier son traceur qui après quelques hésitations consentit enfin à lui retourner l'information désirée.

" Elle est encore là. Décidément ces interférences sont étranges. "

En voyant l'humaine acquiescer à son tour, l'instinct du Commissaire lui souffla que leur présence à toutes deux n'était peut-être pas une coïncidence.
" Je peux savoir de qui vous parlez ?
- De l'Alte Nobilis Shivah. "

Réponse qui arracha une petite grimace à Lord Von Storm qui se passa la main sur la nuque, l'air ennuyé.
" Alors à ce sujet, l'explication est assez simple. Voyez-vous je n'ai pas eu le temps de compl... "

[ Eumée : Le Dominus va vous recevoir. Veuillez rejoindre le salon. ]

Zartam souffla de soulagement. Voilà qui lui évitait des explications aussi floues que gênantes. Il se dirigea vers la porte du salon sans attendre, ignorant les regards interloqués des deux ladies braqués sur lui. Ladies qui lui emboîtèrent le pas rapidement.


Le salon de l'Ambassadeur était une pièce relativement intime, dont la taille somme toute plutôt grande - surtout au prix du m² en Haute Ville - était camouflée par l'accumulation de canapés et de fauteuils confortables. Des tapis épais et des petits meubles cossus complétaient le décor, à croire que le propriétaire des lieux détestait les espaces vides.
Propriétaire qui les attendait, immobile, les mains derrière le dos, inclinant légèrement la tête pour les saluer.

" Ladies, Lord, que me vaut une telle délégation ? "

Les trois nobles, après les salutations d'usage, se regardèrent un instant, hésitants à commencer. Mais Elea n'avait jamais été d'une grande patience, sans parler de ses talents de diplomate.

" Où est Lady Shivah ? "

Le Legatus haussa un sourcil, avant de répondre d'un ton pince-sans-rire.

" J'ignorais que j'avais été promu Localisateur Impérial. "

_______________

Pour les commentaires