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Destin & Smog
L'éternité a-t-elle une fin ?
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On se croit unique, porteur d'une lumière que nul autre ne pourrait embrasser. Il y a cette certitude, douce et réconfortante, que notre existence a un sens particulier, un éclat distinct dans l'immensité du monde. Nous rions, nous aimons, nous avançons, persuadés que nos choix sculptent l'univers à notre image.
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Tout semble neuf, chaque émotion, chaque pensée. L'amour emplit le cœur comme une flamme jamais allumée auparavant, l'espoir s'élève dans l'air comme un soleil invincible. Nous nous croyons libres, maîtres de nos destins, capables de façonner nos vies à la force de nos désirs.
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Mais à mesure que le temps s’étire, une ombre glisse sur cette certitude. Peu à peu, les contours de notre individualité se brouillent, comme des reflets déformés par l’eau. Nos joies ont déjà été chantées, nos peines déjà pleurées, nos espoirs déjà rêvés par d'autres, bien avant nous.
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Ce que l'on croyait nôtre s’efface sous l’évidence : nous ne sommes qu’une variation sur un même thème, un vers d’un poème écrit mille fois. Nos pensées les plus intimes ne sont que des échos portés par le vent, des murmures d’un passé que nous n’avons jamais connu, et pourtant que nous répétons.
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Nous sommes le fruit de ce qui nous entoure. Chaque regard échangé, chaque livre feuilleté, chaque parole entendue façonne ce que nous sommes, tisse les fils de nos désirs et de nos peurs. Aurions-nous été différents si nous avions grandi sous un autre ciel, bercés par d'autres voix, modelés par d'autres influences ? Sans doute.
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Si l’unicité n’est qu’un mirage, une illusion caressante qui se dissipe dès que l'on ose trop s'en approcher, alors que nous reste-t-il sinon l’acceptation ? Accepter que nous ne sommes pas seuls dans nos douleurs, que nous ne sommes pas les premiers à aimer ni les derniers à souffrir. Accepter que nous ne sommes qu’une note dans la symphonie de l’humanité, une mélodie déjà jouée mille fois, mais qui, pourtant, doit être entendue encore.
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Mais cette pensée, d’abord douce, devient amère. Car si nous ne sommes qu’un battement dans un cœur infini, qu’une ombre fugace parmi des millions d’autres, alors qu’avons-nous vraiment bâti ? Qu’avons-nous changé ? Serons-nous seulement un souvenir dans l’esprit de quelqu’un, ou serons-nous effacés, comme si nous n’avions jamais existé ?
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Nous pensions être les auteurs de notre propre histoire, mais nous ne sommes peut-être que des acteurs d’une pièce déjà écrite. Nos choix, nos résistances, nos élans, ne seraient-ils que des illusions, des pas sur un sentier tracé depuis l’aube des temps ?
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Le destin, ce fil invisible que l’on prétend briser, se resserre sur nous comme une étreinte glaciale. Chaque pas que nous croyions libre s'avère n’être qu’une empreinte déjà dessinée sur un sentier oublié. Nous luttons contre un courant que nous ne voyons pas, persuadés de choisir, alors que nos révoltes mêmes sont des illusions tissées par une main invisible. Et si, en fin de compte, tout ce que nous pensions être un choix n’était qu’un écho du passé, une répétition d’un mouvement déjà accompli par d’autres avant nous ?
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Il voile les croisées des routes, étouffe les possibles sous son manteau gris, nous poussant à croire que nous errons librement alors que nous ne faisons que suivre une direction imposée. Nous avançons, confiants ou résignés, pensant découvrir l’inconnu alors que tout a déjà été décidé.
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Et lorsque, enfin, tout se dissipe, il ne reste plus que des ombres qui s’éloignent et des regrets qui s’effacent, perdus dans l’écho du vent. Il ne reste que le silence d’un monde qui nous a déjà oubliés, et l’empreinte fugace de nos pas sur un sol que d’autres fouleront bientôt. Ainsi, nous disparaissons, avalés par le smog, comme si nous n’avions jamais été.
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Le temps n’a pas de mémoire. Il efface les noms, les visages, les promesses murmurées dans l’obscurité. Les rires s’éteignent, les larmes se tarissent, les souvenirs se dissolvent dans l’indifférence d’un monde qui continue sans nous. Peut-être avons-nous cru laisser une trace, mais le vent emporte tout, et bientôt, même notre propre existence semblera n’être qu’un rêve oublié.
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L’écho de nos voix se perd, le poids de notre passage s’amenuise, jusqu’à ne plus être qu’une poussière suspendue dans l’air stagnant. Rien ne retient la nuit, rien ne retient l’oubli.
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Oui.
Mais la vie, non.
Mais la vie, non.
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Informations sur l'article
Réflexions
15 Mars 2025
152√
17☆
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◊ Commentaires
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Opale (0☆) Le 16 Mars 2025
Il reste beaucoup à découvrir et toujours quelqu'un pour nous soutenir. [Etoile évidemment !]