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Innerworld - En cage
Le sang, la mort, les corps, la peur, autant la mienne que celle des autres. Ca avait achevé de tout détruire.
Les murs fissurés et craquelés était tombés. La végétation avait tout enseveli. Les gravats avait recouvert tous les souvenirs. Il m’était à présent impossible de retrouver la nostalgie des jours perdus. Impossible de retrouver l’amitié et l’amour, la considération et la générosité qu’ils m’avaient inspirée.
Le toit était absent, et parmi les rares poutres metalliques décharnées qui avaient survécues, je pouvais voir le néant de mon être, une noirceur sans fin que je préférais ne pas regarder, le cœur serré.
Je ne pouvais pas bouger dans cette petite cage qui m’imposait de garder mes longues jambes repliées sur moi-même. Je ne respirais que de la poussière, et tout mon être me faisait souffrir. Sur mon visage sale, des sillons mouillés coulaient.
J’ai levé mon regard doré vers elle, et ai rencontré les siens, de la même couleur. Ses oreilles pointues dardaient de sa chevelure brune et rouge délavé, sans vie, lasse et grasse, me rappelait les miennes pourtant rondes et humaine, cachées sous mes abondantes ondulations de couleurs riches. Elle était plus fine, plus élancée que moi, qui était bâtie en muscles et en harmonie. Sa peau semblait plus pâle que la mienne, de cet éternel hâle doré que je cultivais tant. Elle était décharnée, squelettique. Elle ne connaissait pas le repos, ni le bonheur. Parfois, je pouvais aperçevoir ça et là des bras couverts de scarifications, des plaies suintantes de sang sous le cuir de son pantalon. Elle aurait pu être très classe avec sa veste de cérémonie revisitée, et ses superbes guns. Mais elle ne l’était pas. Elle semblait aussi dangereuse que triste. Elle paraissait aussi inquiétante qu’elle faisait de la peine. Elle était mon opposé.
Et la Mort m’avait piégée, engoncée dans ce petit cube trop petit. L’inconfort faisait parti du jeu m’avait-elle dit. Je devais souffrir. Mais malgré tous ses efforts, je n’en demeurais pas moins pleine de vie.
Elle s’approcha, et s’accroupit, son visage devenu hideux par la maigreur et la folie s’arrêta face au mien.
- Hey, la catin. Demain, c’est le grand jour ♪ On… MEURS !
Une grimace aussi inquiète que dégoûtée se peignit sur mon visage. Elle avait décrêté qu’elle devait mourir. Non, que JE devais mourir. Mais elle ne pouvait pas me tuer. Ni par lascération, éviscération, décapitation, peloton d’exécution ou explosion. Elle avait tout essayé, mais la lueure d’espoir persistait, et elle était désespérée de trouver comment l’éteindre.
- On l’a retrouvé, tu as vu ? On l’a retrouvé et on ne l’approchera pas ! Tu aimerais bien trop ça, petite salope ! Mais moi… moi je ne veux pas, moi, je ne peux pas…
Dans ses paroles se mêlaient plainte et folie. De la peur la fit frissonner, ses pauvres os glacés se refroidirent davantage.
J’avais déjà cherché comment m’enfuir, mais il fallait une autre Ozlem pour pouvoir en piéger une.
- Tu ne veux pas qu’on meurs, lui dis-je. Tu veux qu’on te sauve. Tu veux revivre, par son amour ou celui de quelqu’un d’autre. C’est ça que tu veux. Laisse-moi sortir, et ça arrivera.
Je parlais avec ferveur. J’étais sûre de moi. Je savais comment me sauver. Je savais comment revivre. Il fallait juste que je puisse me libérer. Me libérer de la tristesse et du chagrin, de la peur de ne pas être suffisante, la peur qu’on ne puisse pas m’aimer. Je devais m’affranchir des doutes, et de la dépendance. Car ceci était tout ce qu’elle était. C’était comme ça qu’elle était née.
J’étais forte, je pouvais l’être de nouveau. Je pouvais l’anéantir, elle. Si seulement j’avais les mains libres.
J’étais forte, je pouvais l’être de nouveau. Je pouvais l’anéantir, elle. Si seulement j’avais les mains libres.
- Non, décréta t-elle. On ne manquera à personne, personne ne nous sauvera. Il est même possible que personne ne ramasse notre puce, c’est pour dire à quel point on est appréciées ! Non, demain, c’est la fin. Et si nous ne mourons pas, je nous enfermerai en cryo. Pour toujours.
A ces mots, le sol craqua, comme si ce qu’il restait de moi se cassait un peu plus à ces mots. Car je ne voulais ni mourir ni disparaître.
Il ne me fallait qu’un peu d’espoir, un peu de lumière pour m’en sortir.
Sa silhouette s’effaça, et le noir tomba sur mes formes dont le rayonnement ne faisait plus que baisser.
Il faudrait un miracle maintenant pour que je sois sauvée.
Un miracle en 24h.
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Informations sur l'article
Innerworld
20 Janvier 2022
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