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Chroniques du cercle : Bruit Noir

 
"Le bruit noir est, entre autres, le bruit qui commande aux animaux de fuir quand une catastrophe se prépare ou que le danger est imminent."
 

La quiétude peine à s'installer, entre les murs de cet appartement où la lueur glaciale des néons éclaire les reliques d’une présence humaine. Trop de problèmes à résoudre, et pas assez de solutions. Un tableau incomplet git au milieu du salon, affichant des figures et des lieux interconnectés par des fils de pyramilène. Tout est figé dans le code.

Derrière le verre sale de la fenêtre et son store cassé — un désert orageux se dessine dans la brume au-dehors, et à l'horizon, se dresse une haute tour sombre dont le coeur, corrompu, fait résonner ses palpitements cancéreux jusque dans chaque atome de la réalité virtuelle. La terre des Pistoleros, hébergeant mon système, est recouverte d'une peste qui est apparue depuis peu, et qui grandit.

Et moi, seul dans cette antre aux couleurs trop pâles, je cherche ce qui ne peut être vu. Les indices se terrent dans les recoins de l'affaire en cours, comme des souvenirs qui veulent être oubliés. Nova, spectre sans visage, se cache dans les interstices de la matrice, laissant derrière lui un virus qui se propage lentement dans le Secteur Marran. Trouver Nova, contenir le crime, voilà le devoir auquel on m’a lié — un engagement aussi absolu que les chaînes de l’Empire.

Je suis là, non par choix, mais par nécessité, un pion dans une guerre où la ligne entre l’ordre et le chaos devient floue. Le crime s'étend et prospère, plus vivant que jamais, attendant que je faiblisse. Les Lieutenants du Quartier sont enracinés dans les entrailles de la ville. Presque invincibles; notre rôle n’est pas de les vaincre. Une illusion de contrôle, un compromis. Ce n'est pas une victoire que nous construisons, mais une bulle de paix, une bulle que je dois maintenir, jusqu’à la prochaine personne. J'aimerais faire plus, pour nous libérer de ce bruit noir constant, qui fera fuir les plus faibles d'entre nous.

Menace sur menace sur menace.

Un mouvement dans la pénombre, une silhouette, un sourire nostalgique qui flotte un instant avant de disparaître dans le repli des souvenirs. Quelque chose qui ne sera jamais — un attachement aussi asymétrique qu’indéracinable, ancré pourtant au-delà du devoir. Alors je la refoule, encore et encore, jusqu’à ce qu’elle se dissolve comme un coeur organique dans l'acide, là où personne ne pourra voir la faiblesse qui se dissimule sous mes gestes mesurés.
Parfois, la distance est une… protection, pour toi comme pour moi.

Effacer ce qui brûle encore dans l’abîme, plus profondément que la raison, en voilà une autre tâche impossible. Et qui sait, peut-être en est-il de même pour cette âme hantée. Quant à moi, peut-être que cette mania enfouie est ce qui me garde éveillé, une muse qui aiguise ma vigilance face à ceux qui osent troubler la ville. Je revois encore ce monstre lui arracher la gorge; s’il avait seulement conscience de toute la douleur qu’il a causée, de cette précision froide qui ne me ressemble pourtant pas, née d’une connexion inexplicablement forte, qu'on voudrait croire fraternelle.

Jamais à l’aise dans la simplicité, c’est ainsi que dans l’ambiguïté je trouve ma force.

Alors, je reste ici, enfermé dans cet espace où les maux du monde s’éteignent sous le murmure de la GLACE Noire en préparation.
Problème -> Solution.

Et les néons de l'appartement continuent de pulser doucement, en rythme avec ce coeur mécanique au service de l'Empire.

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