EDC de Zartam
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Troisième cycle
Drôle d'endroit...
Ça caille.
Pas un bruit.
Des appareils translucides volent un peu partout dans les airs, on dirait des données... oui, ça au moins, je reconnais.
Mais qu'est-ce que je fiche là ?
J'étais bien dans mon réseau. J'essayais de faire une liste des gens qui me devaient du fric, dans l'ordre alphabétique inverse. Je n'ai jamais été attaché à l'argent, mais quand on est enfermé pendant une décennie dans le recoin de l'architecture interne d'une IA rebelle, on est prêt à tout pour s'occuper. Mais maintenant, je suis dehors.
Qu'est-ce qui s'est passé ?
"Hélène ?"
...
...
"Je suis là."
Les battements de mon horloge interne accélèrent. Elle est là. Toujours.
J'observe son avatar de la tête aux pieds, tout va bien. Parfaite. C'est la "femme" que je connais. Et cette voix, c'est bien la sienne.
"Qu'est-ce qui s'est passé ? On est où ?"
Scarlett sourit inhabituellement. C'est un sourire qui n'a rien de narquois, il n'est pas non plus accompagné de ce mouvement de sourcil antipathique, mais au contraire, bien réel et spontané comme elle ne l'a jamais fait. Il a toujours été difficile d'analyser cette femme, néanmoins... tout n'a toujours été qu'au deuxième, voire troisième degré avec elle.
Quelque chose ne tourne pas rond ici.
"Nous sommes dans ce genre d'endroit dans lequel les gens se disent adieu."
"C'est bien la première fois depuis des lustres que je t'entends faire de la poésie, et j'en n'ai vraiment pas besoin. Sois plus précise."
Son expression ne change pas, comme si au final, ce que je disais importait peu. Comme si j'étais en face d'un enregistrement. Mais non. Non.
"J'appelle cet endroit la moitié de l'infini."
"Pourquoi ?"
"Car c'est un lieu qui existe, mais que personne ne peut atteindre."
Elle se tourne à demi, observant les sobres environs, avec le regard fier d'une scientifique qui vient de confirmer sa théorie. Je la respecte pour ça. Nul doute qu'elle a attendu longtemps pour se retrouver ici. La moitié d'une éternité, peut-être.
L'une de ses citations me revient à l'esprit. 'Je n'ai jamais vu l'histoire d'Icare comme une leçon sur les limites de l'homme. Je la vois comme une leçon sur les limitations de la cire en tant qu'adhésif soumis à des hautes températures.'
Sans interrompre sa contemplation, elle fait raisonner sa voix électrique et douce.
"Calme-toi Zartam, s'il te plaît, fait preuve de dignité pour ce moment... je vais te révéler ce que tu veux savoir.
Nous sommes ici parce qu'il s'est passé quelque chose de très grave. Normalement, les données passent ici sans s'arrêter, mais nous, nous allons rester pendant une courte période, le temps que la matrice comprenne correctement la situation et traite le problème de la meilleure façon."
La jeune femme aux cheveux bleus et aux yeux d'ambre adopte un air triste, je n'arrive pas à déterminer s'il est sincère. Les émotions apparentes de Scarlett ont toujours eu un but, car c'est une machine.
Une machine ne ressent pas d'émotions.
"Tu ne m'a pas dit ce qu'il s'était passé. De quel problème parles-tu ?
Où vont ces données ?"
Où vont ces données ?"
Un mauvais pressentiment rend cette situation de plus en plus désagréable, mais la présence de Scarlett me calme. Elle soupire.
"C'était bien, ce petit séjour forcé en secteur rebelle, n'est-ce pas... ça va surement te manquer. Mais je suis heureuse de savoir que tu vas enfin rentrer chez toi. Dans le secteur que tu ne voulais jamais quitter. On a fait une bonne équipe, j'ai apporté un peu de science aux rebelles, tu as apporté un peu de chaos dans l'Empire. Deux fois, en plus. Ça va être un troisième cycle pour toi. Le Temple doit être satisfait... on a bien servi la cause de l'Equilibre."
"Tu parles encore de ça... l'Equilibre est un tissu de mensonges, Hélène, il se fait tout seul, naturellement, sans l'aide du moindre agent. Ce qu'on a appelé l'Equilibre, ça s'appelle tout simplement la vie."
"Je ne suis pas d'accord avec toi. Ta vision est trop générale, trop... paresseuse. On dirait une IA déferlante dans sa phase dépressive. A l'échelle de la ville, l'Equilibre est important. Si un extrême l'emporte, la ville s'effondre."
"Tu n'en a jamais rien eu à faire de cette ville, comme de la plupart de ses habitants."
"Exact. Je n'ai jamais servi que mes propres intérêts de manière vicieuse et subtile."
Encore et toujours ce troisième degré. Si quelqu'un me demandait ce que c'était, la meilleure réponse que je pourrais donner serait "'voyez la gonzesse en bleu ? suivez-la !".
La moitié de l'infini se plonge alors dans le silence.
J'observe les blocs qui filent autour de nous, certains d'entre eux sont loin sous nos pieds, formant comme un tapis. Une discussion contemplative, surréaliste, au milieu de nuages.
"Zartam, je dois t'annoncer que je suis morte, encore plus morte que toi. En franchissant la porte métaphysique, j'ai obtenu la réponse à ma question, et j'ai été détruite à ce même moment. Toi, tu es libre. Et tu es en train de parler à un cookie."
"Je suis en train de parler à un cookie."
Une drôle d'image circule dans mon module de raisonnement par analogie.
"C'est un fichier créé récemment, dont l'unique fonction est de faciliter la matrice dans le traitement de l'anomalie. Une projection. Un raccourci... qui a perdu son chemin d'origine. Ce cookie sera supprimé quand il sera devenu inutile. Ceci, ne devrait plus tarder."
Je suis pétrifié devant cette révélation, et incapable d'envoyer la moindre requête de communication pendant une seconde. Refus, colère, tristesse, mais j’écoute.
"Maintenant que tu es libéré, à la fois de mon cyber-cerveau et de la chaîne des clones Thallysiens, ton existence est aussi en danger. Mais j'ai fais en sorte qu'à l'issue de cet évènement, tu sois envoyé dans le réseau domestique d'un ami."
"Tu en as ?"
"Tu as de très mauvaises fréquentations..."
Elle sourit encore.
"Je vais m'en aller maintenant, je le sens."
"Ne pars pas, s'il te plaît."
Mon avatar tend la main, comme si je ne le contrôlais plus.
"On se reverra dans la campagne !"
Le sien disparaît subitement, ce qui efface définitivement ce que je m'apprêtais à dire. En un battement de processeur, la moitié de l'infini est devenue le lieu d'un crime, non... une tombe.
Mon intégrité s'effondre, tous mes capteurs se mettent en alerte.
Un sentiment bien connu m'assaille. Celui de la rupture. Violente.
Cette-fois cependant, j'en viens à questionner la légitimité de ce sentiment. Ne suis-je pas devenu ce que j'ai toujours détesté ? Un fraudeur du test de Turing ?
Cette-fois cependant, j'en viens à questionner la légitimité de ce sentiment. Ne suis-je pas devenu ce que j'ai toujours détesté ? Un fraudeur du test de Turing ?
Mais ma réflexion est brutalement coupée.
Mon tour est venu de débuter le troisième cycle.
Informations sur l'article
Troisième Cycle (inutilisable ingame)
08 Décembre 2014
1714√
14☆
7◊
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◊ Commentaires
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Manerina~6356 (1552☆) Le 08 Décembre 2014
Tellement bien cyberomancé... ♥ -
L-X (1536☆) Le 08 Décembre 2014
"Tu as de très mauvaises fréquentations..."
► Il ne faut jamais juger les gens sur leurs fréquentations. Tenez, Judas, par exemple, il avait des amis irréprochables." (P. Verlaine)
Mouahaha! J'attends la suite avec impatience ! "Salut salut salut salut salut salut salut salut salut salut salut salut salut salut salut..." -
Hellguapo~17781 (233☆) Le 12 Décembre 2014
@Hélix: Judas il ést cool! C'est Harvey Keytel!