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Cacher
Cruelle absence
C'est pourtant si beau. Les grandes tours de verre et d'acier s'élevant jusqu'aux nuages lourds, irradiant leur lumière froide dans la semi-clarté fantomatique d'une nuit pluvieuse. Les grandes avenues illuminées de brillants néons colorés, éclairant un peuple affairé qui s'écoule en un lent ruisseau sur les trottoirs mouillés. Les visages parfaits...
Stop.
Ça c'était avant.
C'est tellement triste. Les énormes usines de brique et de métal écrasant de leur masse les habitations collées autour, déversant leur flot de pollution mortelle dans les poumons béants d'une population non protégée. Les ruelles crasseuses aux murs recouverts de graffitis obscènes, qui vomissent leurs flots d'ordures et de morceaux de cadavres à la lumière vacillante de l'éclairage public. Les regards coulés de sous des chapeaux trop enfoncés, donnés dans le dos par des passants trop pressés. Mille publicités criardes et envahissantes, vantant des produits de troisième ordre ou des endroits de débauche en néons de douze mètres de haut. Des publicités matricielles hurlant dans votre cerveau leur réclame à pigeons. Le grand égout de DreadCast, rampant et grouillant d'une faune inculte et abrutie de vices.
Quelques signes sur un vieux deck.
Asrt Lyra
Prénom : Lyra
Age : 19 ans
Sexe : Femelle
Race : Vautour
Taille : 1m60
Age : 19 ans
Sexe : Femelle
Race : Vautour
Taille : 1m60
Signe particulier : Mon obsession.
Je suis passé la voir au centre aujourd'hui. Elle est toujours aussi belle, même dans son sommeil. Les choses ont perdu de leur saveur depuis son départ.
Les amis m'entourent, certains me louent, d'autres veulent apprendre de moi. Un ou deux donnerait sa vie. Je suis devenu un professeur, et je les aide tous, sans rien demander en échange. Pour eux je suis celui qui a le plus vécu dans le moins de temps. Ils sont avides d'apprendre, de lire mes livres, et je pense qu'ils m'aiment sincèrement. S'ils pouvaient savoir ce que j'ai fait.
Les amis m'entourent, certains me louent, d'autres veulent apprendre de moi. Un ou deux donnerait sa vie. Je suis devenu un professeur, et je les aide tous, sans rien demander en échange. Pour eux je suis celui qui a le plus vécu dans le moins de temps. Ils sont avides d'apprendre, de lire mes livres, et je pense qu'ils m'aiment sincèrement. S'ils pouvaient savoir ce que j'ai fait.
Elle est la première et la plus importante de mes amours. Je n'ai pas su la sauver à temps, comme Louhmen. En voulant lui laisser faire sa vie, j'ai été lâche. En ne répondant pas à ses appels répétés j'ai été égoïste. En ne lui disant pas ce que j'avais réellement au fond de moi, j'ai été menteur. Et en laissant passer mon dernier moment avec elle, j'ai été le roi des idiots. Le grand héros a bonne mine.
Ça ne pouvait être que comme ça après tout. L'appel de la cuve était trop grand, l'emprise de son mentor trop forte. Devant le lien affectif qu'elle avait encore, j'ai pris peur. Peur quand elle l'a appelé, peur quand je l'ai vu avec elle tout à la fin, m'empêchant d'abattre mes ultimes cartes. Il était tard, tellement trop tard. Une nouvelle fois, j'ai fui.
Je relis chaque jour son dernier message, celui où elle me dit qu'elle m'aime. Mes doigts caressent l'écran, comme quand je rêvais à elle sur les toits, avant notre rencontre, dans cette autre vie déjà si lointaine. Puis je vais la voir au centre, et pose ma main sur sa cuve, longuement. Je lui ai laissé un message, au cas où elle revienne un jour. Quelque chose de simple et d'impersonnel, que je regrette déjà.
Ceci est mon Purgatoire, et mon âme souffre de l'éloignement de l'être aimé. Elle dort, la jeune femme aux lèvres rouges et aux griffes noires, dans la consolation de sa tombe de glace, sans date de retour annoncée. J'espère qu'elle est enfin en paix, et qu'elle ne rêve pas de moi.
L'oubli s'installe, consolateur. Quand les années auront passées, et que je serai vieux, bien trop vieux pour elle, peut-être reviendra-t-elle. Je veux en attendant la faire vivre dans mon cœur, garder son image intacte, figée pour toujours dans sa beauté préservée. Lyra dort, éternellement préservée du temps et de la poussière des siècles. Lyra dort, et c'est ma faute.
L'oubli s'installe, consolateur. Quand les années auront passées, et que je serai vieux, bien trop vieux pour elle, peut-être reviendra-t-elle. Je veux en attendant la faire vivre dans mon cœur, garder son image intacte, figée pour toujours dans sa beauté préservée. Lyra dort, éternellement préservée du temps et de la poussière des siècles. Lyra dort, et c'est ma faute.
Informations sur l'article
Moments malheureux
08 Mai 2014
1504√
14☆
11◊
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◊ Commentaires
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L-X (1536☆) Le 08 Mai 2014
"N'est pas mort, ce qui à jamais dort..." -
Leviathan~47056 (505☆) Le 08 Mai 2014
"Et dans les ères peut mourir même la Mort." -
-
Electron~41435 (156☆) Le 08 Mai 2014
Très bel écrit ! *
-Et se casse viiiite en écoutant Jazz invoquant le Grand Ancien.- -
Xarthius (145☆) Le 08 Mai 2014
[je remplace donc la phrase finale qui suscite la plaisanterie, ce qui n'est pas le propos.
Voici pour mémoire ce qu'elle était à l'origine: "Lyra dort pour jamais, éternelle, même quand la poussière recouvrira la poussière au long d'ères sans noms".] -
Julian~33748 (153☆) Le 08 Mai 2014
Elle était bien ta phrase d'avant, hey :( T'as pas le droit de changer quand je suis en train de lire ! -
Xarthius (145☆) Le 08 Mai 2014
Les commentaires indiquent que l'impression finale laissée n'est pas celle souhaitée. Un changement était donc nécessaire, sans vexation aucune de mon côté. Et, promis, j'essaierai de ne plus le faire ^^ -
Julian~33748 (153☆) Le 08 Mai 2014
Les deux premiers commentaires étaient sérieux, hein ! -
Xarthius (145☆) Le 08 Mai 2014
C'est justement le souci. Je ne souhaitais pas faire référence au Mythe de Chtulhu, même involontairement. -
Chérachum (28☆) Le 09 Mai 2014
Très belle plume, fluide. J'aime beaucoup.