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De la constance
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Toute ma courte existence s'était rimée à travailler et à me demander ce que je pourrais faire de plus pour aider les gens, pour agir en adéquation avec les idéaux Impérialistes. Et si, finalement, je n'avais jamais pris le temps de vivre ? Et si je m'étais imposée une trop grande rigueur pour mon esprit si jeune ? De ce que je voyais, personne ne se mettait autant de pression, ni même remettait en cause le véritable fondement de chaque action effectuée. « Comment parvenaient-ils à vivre ainsi ? » me répétai-je pour essayer de comprendre. La vie des autres paraissait toujours simple, basée sur les interactions sociales, les seuls accrocs étant toujours d'ordre sentimentaux. Jamais ils ne semblaient réfléchir à ce qu'ils pouvaient apporter à l'Empire mais cherchaient plutôt à ce que leurs relations soient sans cesse synonymes de bien-être, d'attention et d'écoute. Et, qu'ils aient un but ou non, ils semblaient tous si sûrs et confiants de leurs choix. Quand ils avaient des aspirations, des envies, des passions, c'était un peu fou parfois, un peu flou aussi. Mais ils savaient toujours se battre pour obtenir ce qu'ils voulaient, ils n'abandonnaient jamais, même si ça pouvait sembler sans espoir.
Pendant ce temps, je m’évertuais à me sacrifier « pour le bien de tous », me répétai-je pour me donner bonne conscience. J’avais délaissé les gens au profit des actes pour ne pas à avoir à m’engager socialement. Je m’étais même muée en une docile petite servante de l’Empire qui s’était permis un instant de rêver à briller en société. Me laissant transporter par quelques éloges, je n’avais pas réalisé que je ne restais qu’une enfant qui tentait de jouer à l’adulte en s'inspirant d’un modèle dépassé, contraignant, que tous aimaient admirer sans jamais l’appliquer. Une enfant qui avait un peu trop lu et qui aimait toucher à tout, rien de plus. J’avais fait de mon dévouement une fable trop séduisante pour être vraie et, chaque action, même la plus insignifiante, me rappelait à quel point je n’étais qu’une faible humaine dans le fond, une petite chose qui se laissait guider par plus d'émotions qu'elle ne le voulait.
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À peine le verdict fut tombé qu’ils pensaient déjà au second acte dont ils imaginaient une issue favorable. Non, je ne voyais rien de tout cela, moi. Quelqu’un était enfin assez lucide et me repositionnait bien sagement à ma place pour me faire arrêter de rêver. Bizarrement, j’avais même été soulagée et la seule pointe de déception qui se faisait ressentir était vis à vis de ces quelques fous qui avaient cru voir en moi quelque chose de singulier. Au bout du compte, il se trouvait que je n'étais qu'une simple humaine et cette pensée me réconforta. Je pouvais descendre de ce piédestal sur lequel on m'avait placée sans que je n'eus le courage de refuser. En plus, on me donnait enfin l'occasion d'échouer lamentablement. Ah oui, non... Ce n'était pas un échec mais « une expérience enrichissante quelque soit l'issue ». Comme si je n'avais pas dit assez de bêtises durant ces derniers quarante-huit cycles... Qu'est ce que je pouvais en retirer de cette expérience hormis le fait que j'avais bien raison de douter de mes capacités ? Que mon corps savait gérer le stress et qu'avec un peu d'entrainement je pourrais courir avec des escarpins ? Super, c'était réellement tout ce dont j'avais besoin pour mieux appréhender ma vie.
« S’ils savaient… » me répétai-je pour m’apitoyer. J'avais le sentiment que chaque individu qui croyait en mes capacités n’était qu’un individu trompé par mon acharnement au travail. Dans une volonté de devenir l’abnégation incarnée, j’étais parvenue à impressionner au point qu’à la moindre remise en question, je trouvais toujours un écho, presque paternaliste, qui s’évertuait à prouver mon erreur de jugement. Étaient-ils au moins objectifs ? Évidemment que non, je n'y croyais plus un seul instant. Je les avais laissés brûler les étapes, les laissant s’imaginer que je pouvais devenir un exemple alors que j’étais à peine un être en devenir. Un être qui tentait tant bien que mal de se trouver une place dans le jeu social en arborant un sourire taillé à toutes épreuves. L'insignifiance même.
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Je mentirais si je disais que la fuite ne m'avait pas traversé l'esprit. Vous savez, faire comme les dizaines d'autres mecs qui au moindre refus pète une durite et au choix, se réorientent en classe prépa dissidence ou louent un caisson frigorifique pour un séjour arctique ? Il fallait croire que j'étais loin d'avoir vécu événement comme un affront, ces deux idées me révulsant au plus haut point. Alors, je repris le travail. Par conviction ou par habitude, je me replongeai dans ce que je savais faire le mieux : aider. Et de fil en aiguille, de nouveaux projets fous émergèrent, de nouvelles possibilités se dessinèrent. Il était hors de question de me reposer sur mes maigres farins.
Peut-être que c'était ça, la véritable leçon à retenir de tout cela ? Peu importait la façon dont je m'étais royalement vautrée, il était cependant essentiel que je me relève et que je m'applique à trouver de nouveaux buts, de nouvelles idées. Je n'avais pas à être joyeuse ou triste du sort qui m'était réservé. Je devais simplement accepter les choses comme elles venaient, m'adapter aux situations sans faire de chichis et rebondir sur chaque occasion pour que même dans la pire des impasses je trouve une porte de sortie. En fait, l'audacieuse NI que j'étais lors de ma première candidature à l'Université avait tout compris alors que, le temps passant, j'avais tout oublié au profit d'une fierté superflue : aucune expérience n'est un échec, l'expérience n'est que connaissance acquise.
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« Continuer ce que je fais actuellement, tout simplement. »
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Informations sur l'article
What's a girl to do ?
27 Février 2016
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◊ Commentaires
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Eaven (1181☆) Le 28 Février 2016
Eaven aurait tellement pu se retrouver dans ses mots, à une époque. Et je pense qu'elle n'est certainement pas la seule. C'est beau, doucement léger, et c'est vrai. * -
Cryx~52202 (552☆) Le 28 Février 2016
et ouai... dur. -
Wilma~56927 (108☆) Le 29 Février 2016
Merci !
Ce n'est qu'une question de choix, ce n'est pas dur, Cryx !
M'sieur le Lord :
Et oui, je pense que ce sont des mots qui peuvent faire écho pour beaucoup dès qu'ils sont un peu encouragés mais que tout ce se passe pas comme prévu.