EDC de Wilde~54358
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V.
Quand on ignore ce qui nous manque, on ne sait pas que ça nous manque, au fond.
V.
V.
Passé trouble pour futur sombre. Que devons-nous être lorsque la mémoire s'enlise dans l'absence. Est-ce l'aube d'un devenir ? Ou encore la réitération des toujours, comme un piège qui mord l'âme et ne la lâche plus jamais ? Il semble toujours familier, quand on le côtoie, familier dans ses traits d'humour et sa morgue, familier dans sa façon de vous jeter des regards en biais. Ou plutôt "un" regard en biais, anicroche de la grande Histoire qu'il ne m'a pas été donné de connaître dans son ensemble. Il est là, et pourtant loin. Si loin que l'on se dit que l'amitié s'étiole vite à l'ombre des non-dits, des actes manqués, des absences toujours plus tourmentées. Les pleurs des rires se transforment en connivences asséchées. La traversée d'un désert sans horizon, avec pourtant les réminiscences d'une complicité. L'amitié est une bête cruelle, on n'en sort jamais intact, elle prend sa part et se carapate bien loin de vous, pour vous abandonner différent, et pourtant banalement identique à ce que vous étiez.
Il se tient toujours droit et vous toise, abîmé dans un mutisme qui lui est propre. Qui donne envie de le gratter pour le faire réagir, hurler ce qu'il y a à l'intérieur de tant de froideur. Peut-être qu'il ne se cache rien, à l'intérieur, peut-être que l'âme ouvre sur le vide, et qu'il faudra y tomber pour s'en apercevoir. C'est ce qu'il voudrait être : ouvrir sur rien, histoire de ne rien prendre, de ne rien donner, de ne laisser personne s'approcher. Mais pourtant, il y a une toute autre personnalité, qui fut jadis, pas totalement oubliée, souvent parée de mensonge et de fuite en avant, pour ne plus saigner ses fautes et ses drames. Trop de colère. Aucune réponse dans le skiwi, la cigarette, ou le corps des femmes alanguies. L'oeil qu'il portait sur moi m'a toujours donné des ailes, comme ce petit diablotin perché sur votre épaule qui vous pousse à, non pas rêver d'être différent, mais à exalter ce que vous êtes tout court. Vivre un instant, qu'il soit sombre, qu'il soit joyeux. Juste le vivre sans doute... Malgré l'amertume qu'il en reste. Je préfère boire et être écoeuré, que de demeurer exsangue de ces moments-là.
Compagnon de quelques instants, frère ou père que j'aurais souhaité dessiner. Destiner à une vie qui n'aura jamais été aussi dissolue que la sienne. L'on ne choisit pas sa manière de fuir. La mienne court vers les froids abyssaux, la sienne vers des éternités de paraître. J'espère que certains savent s'accrocher à sa carcasse et la dévoiler à leurs yeux avides. J'espère que le fer de son alliance ne menotte pas la dissolution des espoirs à la cheville de quelque sylphide. Que la course s'est achevée dans des bras qui enferment la tourmente pour mieux l'aliéner. L'amputation d'un rien déchaîné pour les promesses d'un tout apaisé. Ou alors se défend-t-il toujours de ses démons, de tout le monde et de personne à la fois, des liens spirituels pour les troquer avidement contre les froides chaînes de la chair enfiévrée ?
Vos traits d'esprit m'ont manqué dès que vous avez disparu de mes horizons. J'ai porté cette blessure, je la porterai encore si j'avais un cerveau aussi torve que le vôtre. J'ai aimé jouer sur le ton de deux ironies, mes rires ont été provoqués par vos abondants bougonnements qui vous sont si caractéristiques. Vous vous êtes évanoui dans d'autres avenirs, et j'espère que ceux qui les habitent à présent savent passer outre vos rejets, et ne commettront pas la bêtise de vous les opposer en retour. Je l'ai commise. Fin de l'histoire.
En filigrane, me reste les souvenirs et votre sourcilleuse figure. Vous aviez tant de défauts qui épouvantaient tout le monde, et pourtant, j'ai rêvé un bref instant me corrompre à votre vie pour vous ressembler. Miroir déformant que votre oeil unique. Le mirage n'a pas duré, mais j'en ai apprécié chaque seconde. Le manque, vous avez su le créer, et sachez, pour votre orgueil démesuré, que personne n'a su combler cette étrange amitié que vous vous êtes taillée à coup de sarcasmes. Alors... les souvenirs pour seuls compagnons. Et l'écho de nos rires. Ce n'est pas si mal n'est-ce pas, vieux machin ?
Je ne suis pas quelqu'un de méchant. Je pense que vous l'auriez vu.
Cela, j'en suis persuadé. Vous êtes loin de l'être.
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Informations sur l'article
... Memoriae
06 Juillet 2016
1155√
15☆
6◊
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◊ Commentaires
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L-X (1536☆) Le 06 Juillet 2016
Comme c'est beau. Comme c'est fort. Comme c'est vrai. Comme toujours... -
Akasha (0☆) Le 06 Juillet 2016
[Toujours un plaisirs ♥ ] -
Valmont~32607 (178☆) Le 07 Juillet 2016
Qui c'est qu'on traite de vieux...? -
Wilde~54358 (255☆) Le 07 Juillet 2016
@Valmont : Je ne vois absolument pas de quoi vous parlez... Jamais je n'oserais sous-entendre que vous êtes un brin usagé. N'oubliez pas votre déambulateur tout de même, ce serait dommage d'aller à l'hôpital pour une prothèse de hanche.
@Aka : Merci toi
@L-X : Touchée toujours par tes mots. Et ta fidélité.
@Naugriim : Et une pinte alors ?
@Legion : Dommage de ne pas t'avoir croisée. Merci une fois encore.