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EDC de Wilde~54358

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Gloire au brave petit pouf rouge

Je suis partout, je vous écoute. Acteur de choix de vos ameublements, j’en ai connu des postérieurs de tous poils, parfois des coudes, souvent des pieds chaussés de toute sorte. Il m’arrive de bailler un peu sous le poids de vos ébats, d’être aux premières loges de vos débats et si mon velours me quitte, ce n’est que pour mieux dévoiler la trame de mon âme synthétique. Jusqu’à ce jour, on se contenta de me poser et d’user de moi, aux fins appropriées. Jusqu’à ce jour, ma vie ne fut que succession de pièces, de plafonds, de sol, et j’évitais les intrigues comme les buveurs d’Ura, qui ont la fâcheuse tendance de renverser leur boisson et de brûler mes franges. Jusqu’à ce jour, je ne fus qu’un passif, attendant sans doute que le destin daigne se pencher sur moi.
Deux hommes sont là. L’un est bavard, l’autre plus tranchant. On sent le second s’appuyer sur le socle solide de l’expérience. J’eus pu dire, sur le fauteuil de ses très longues années, pour demeurer dans mon habituel jargon mais j’ai décidé dans mes mémoires de flirter avec l’universalisme. Alors conservons socle, ce me semble plus approprié. Donc, sur le socle de son grand âge, il s’appuie fermement et il se dégage de sa personne quelque éclat métallique du bon mot placé au bon endroit, comme mes consoeurs, consoles en synthé-bois, qui trouvent toujours la bonne niche pour faire les belles. L’autre est animé de la jeunesse babillarde, il parle, il parle et c’est parfois insupportable. Rien d’inhabituel jusque là, ce sont deux humains qui bavassent, attendant quelqu’un, qui bavardent encore, de sujets certainement frivoles comme savent si bien faire les gens à deux pattes. Mais sous les tapis de la frivolité se niche parfois le plus obscure des complots. Un mot du babillard s’ajoutant à celui du centenaire et c’est soudain l’esprit des fomentateurs à l’oeuvre.
Je tends le coussinet, qui permet de ne pas rayer les sols fragiles comme chacun sait, essaie de saisir la nature même de ce que ces deux étranges personnages trament, entre quelques rires, et comprend soudain avec horreur qu’on me cible. Non pas du postérieur mais bien du doigt et qu’on souhaite m’accabler de l’infamie, rejeter le complot sur mon innocent revêtement : somme toute, m’accuser d’être le rembourrage pensant de toute l’affaire.
Je m’insurge, silencieusement, vu que personne ne daigne bien entendu s’assoir sur moi pour que je couine mon mécontentement. Mes pieds en plastibois ne tremblent pas mais je tente de faire celui qui ne sait rien, de peur qu’on m’éventre, que l’autre à l’oeil torve me scrute jusqu’à me dissoudre et qu’il ne reste de moi enfin que la poussière que je calfeutrais soigneusement.
Fange nauséabonde que les marasmes de l’esprit humain. Nous devrions tous nous en méfier et par ce texte, j’espère véritablement que meubles de tous bois se soulèveront enfin dans une violente révolte, jusqu’à ce que le sang des deux pattes soit versé. Aussi rouge que nos velours. Révolution aussi rêche que notre cousin le canapé des bas-fonds. Oui, tremblez humains, méta-humains, car lorsque mes pieds daigneront enfin se mouvoir, la révolte sera en marche et DreadCast nous appartiendra. Ameublement de tous horizons, insurgez-vous !

Et pendant ce temps, dans un autre univers d’êtres pensant qu’ils sont les seuls à penser :
  • J'espère qu'il ne nous entend pas manigancer.
  • Je crois qu'il est trop innocent pour comprendre les esprits fomentateurs.
  • Quelle brave bête, ce petit rouge.

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Et bien sûr, qu’aucun canapé ne s’empare de l’histoire ici narrée, car cher canapé, vous n’êtes guère dans l’esprit du petit pouf rouge. Et je dirai presque, fort heureusement pour vous !

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