EDC de Valion~36896
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Dans l'ombre la plus secrète, dans le silence absolu, le vautour travaille. Les données défilent à travers les écrans de ses lunettes; ce sont autant d'informations utiles pour comprendre la machine sur laquelle il se penche. Il manipule ses outils avec une précision experte pour en disséquer les composants, afin de subtilement les détourner. Et quel engin, que celui auquel il a décidé de s'attaquer! Un monstre long de neuf secteurs, assez large pour contenir plusieurs dizaines de milliers d'habitants, et aux murs si hauts que peu sont ceux ayant pu en apercevoir l'autre facette.
Il complote et manigance, avec les ennemis de l'Humanité et dans le dos de ses proches, de sa famille même. Avec un calme glacial, il se prépare pour la tempête qu'il va déclencher. Plus rien n'arrêtera cette folie: il est pleinement déterminé à accepter les pires des châtiments, si cela peut contribuer à expier les pêchés de son espèce.
La confrontation avec cette âme sœur était inévitable. Des décennies durant, ils ont veillé l'un sur l'autre, se sont tendus la main à tour de rôle. Ce lien fraternel s'est vu renforcé par de nombreuses prises de becs. A travers les promesses brisées, les menaces, les moments de faiblesse, les souffrances, les cuves, ils ont tenu bon. Même quand deux murs les séparaient l'un de l'autre, ils trouvaient matière à se rapprocher.
Mais, dans la ville de l'éternel immobilisme, quelque chose a changé. Un éclat de lucidité s'est abattu sur le vautour quasi-centenaire, prisonnier pour toujours de sa carcasse. Sa finalité, sa raison même de vivre s'est imposée à lui. Il peut maintenant renier celle qu'il s'est laissée imposer par les deux sœurs. Il peut enfin réparer ses torts, à commencer par la lignée maudite qu'il a initié, et dont tous les enfants sont témoins de la seule et unique vérité: il est temps pour cette Humanité corrompue et décadente de se repentir.
C'est ainsi qu'il se dévoile sans pudeur devant le regard triste de sa sœur. A l'image de la fratrie, leurs deux idéologies se tournent le dos: à chacun sa propre destination. Les deuils se terminent lorsque chacun rend, à sa manière, un dernier hommage à sa moitié qu'il pense morte. Le Mort-Marcheur finit sa tirade fébrile, la Morte-Vivante vide son verre de Skiwi, et la Bourreau conclut les aveux d'une sournoise piqûre de son venin. Le voleur voit sa main coupée, puis se fait traîner jusqu'à son jugement, dont tous devinent le verdict.
Dans cet impressionnant tribunal aux allures de vaisseau spatial, dont chaque pièce est marquée de la bannière rouge et noire de ces mercenaires devenus jurés, l'ambiance est austère. La tristesse s'immisce subtilement dans les rangs, mais la pitié n'est pas invitée à l'auditoire. Le coup du marteau résonne vite, pour sonner le cruel verdict. Le vautour accusé se débat en vain alors qu'on le place sur une rampe. Un câble est inséré dans son implant à la nuque, et voilà son système nerveux tout entier relié au monde virtuel.
Le réel se désintègre, et le voilà bousculé par d'imposants flux de données écarlates jusqu'à la guillotine. Il se relève piteusement, au milieu de nulle part; c'est une ombre qui tranche avec l'épais brouillard qui l'entoure. L'auguste figure de son bourreau lui fait face, et note ses derniers mots. MockingJay se prépare au pire, et déploie ses programmes, bien décidé à ne pas se résigner dans cette ultime plongée. Son compteur CPU monte dans les tours alors qu'il se retranche déjà dans ses limites les plus extrêmes. Et le brouillard s'éclaircit sur l'indicible.
L'effroi saisit le vautour de ses mains glaciales, et l'enserre dans les méandres de sa propre paranoïa. Il ne voit plus que leurs multiples yeux sanguins, désireux et avides, braquer leurs mille regards sur lui. Pris dans un cercle vicieux, tout s'accélère pour le malheureux qui entrevoit la silhouette de malheur à l'origine de cette punition. Sa terreur s'alimente d'elle-même, fait place à la rage, à la haine, au désespoir. Il se tient la tête, vrillée par un mal sans nom, il sent son cerveau prêt à exploser sous ces données malsaines qui défilent en lui. Il a peur. Il a mal. Il les hait.
Enfin, le supplice s'achève, ayant marqué en lui une peur invincible de la matrice. Sa carrière de plongeur est finie; des décennies d'expériences sont bonnes à jeter. Ses tortionnaires ne prennent même pas la peine de l'achever, le délaissant sur le pavé des rues sordides du Secteur Rebelle, seul, hémiplégique et en état de choc. Il erre dans les ruelles, en boitant, en tombant, en rampant: il lui faut avancer. Sa souffrance est outrepassée par sa volonté de vivre. Quelques contacts, et un bras inconnu, innocent et bienveillant: c'est bien assez. Il déambule à présent en exhibant ses séquelles, pour prouver qu'il accepte son sort. Car pour lui, ce n'est pas une fin, mais seulement le début d'un acte bien plus conséquent que ce qu'il a pu laisser entrevoir.
Donc, tu es presque vierge.
Ne me reste que mon vécu.
Vierge de nom.
Mon nom, j'ai renié.
Vierge de groupe.
Mon groupe, j'ai trahi.
Clone vierge.
Si jeune, et déjà si abîmé.
Abandonné par les tiens que tu as trahis. Quel drame.
Un sort risible et mérité.
Que vas-tu faire maintenant?
Me repentir, et expier pour l'Humanité.
[ Le témoin | >> Le coupable | Le bourreau ]
Informations sur l'article
L'Ultime Pêché (MockingJay)
05 Juillet 2020
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