EDC de Toxine~71880

_> Blanche Z'ombre 🧟‍♀️

Nous devions être une vingtaine tout au plus, essentiellement des scientifiques profitant de l'opportunité. Je les trouvais peu amusants, souvent habillés de leur blouse sale et pleine de poussière, les lunettes embuées et une bonne gueule d'enfoiré.
Si nous retirons nos amis à blouse sale, alors il ne restait plus que moi et quelques inconnus fort peu bavards...

À part quelques messes basses sur la faune environnante et l’atmosphère étouffante de la zone d'habitation le silence régnait, les scientifiques ne disaient pas un mot.

Ah oui, je ne vous en ai pas parlé. Dread One, le troisième camp installé en Extra Muros. Les deux premiers furent des échecs. Le premier fut décimé par une maladie encore inconnue à ce jour tandis que le deuxième fut classé Secret Impérial et détruit. En tout cas, les rumeurs allaient de bon train dans la cité mais quoi de mieux que d'aller voir par soi-même ?

L'endroit était tout au plus à quelques minutes de la cité. De là où nous étions, les murs étaient encore visibles mais paraissaient bien plus grands et moins rassurants que de l'intérieur.
L'air nous irritait la gorge et de drôles de bestioles nous guettaient depuis les abords du camp... Rien de rassurant en somme mais le camp en lui-même l'était davantage.

Nous avons eu le plaisir de découvrir un camp, dressé à la hâte en attendant la fin de la construction des locaux scientifiques. Il était peu propre, les tentes commençaient déjà à se faire ronger par de petites bestioles. Il y avait encore des tissus divers, cordes et autres matières
dispersés un peu partout. Était-ce une tente encore non montée ? Là n'est pas la question.

Nous rencontrâmes le Générale en poste.

Nous récupérions les consignes, même si elles étaient un brin contradictoire avec le principe de vie, nous n'en avons rien dit certainement de peur de prendre une balle... Couvre-feu à la tombée de la nuit, interdiction de sortir la nuit de son habitation, les repas sont uniquement ceux fournis par les gars du ravitaillement, chasse interdite, nous ne pouvions pas boire d'autre eau que celle fournie et je vais passer le reste.

Certains commençaient déjà à comprendre que quelque chose clochait. En plus des règles dures, les militaires étaient étrangement tous nouveaux, ou alors ils n'étaient pas des Impériaux, personne ne les avait aperçus ne serait-ce qu'une fois dans la cité auparavant.

Je réfléchissais trop, ça finissait par me taper dans le crâne mais... J'oubliai bien vite mes questions quand je vis les habitations civiles ainsi qu'une Dame qui s’avançait de quelques pas vers notre guide.

- "Il doit y avoir une erreur..."

• L'homme tourna son regard froid vers la femelle avant d'étirer un fin sourire. "Bien sûr que non."

Je pâlis doucement, mes fines iris dorées tremblotantes en examinant ce... "taudis". Un bâtiment d'une taille moyenne se tenait devant nous, d'un gris sale, comme recouvert de plusieurs couches de poussière. Je m'attardais un instant sur les multiples fenêtres brisées et le scotch appliqué à la hâte pour cacher les fissures et sûrement quelques trous.

Mais ça passait encore. Ce qui ne passait pas était d'apprendre que les purificateurs d'air n'avaient pas été mis en place. Nos gorges grattaient, nos yeux piquaient. Nous n'attendions que de pouvoir respirer. Mais nous devions nous résoudre à supporter encore quelques jours ce smog peu amical envers notre gorge, venant rougir notre peau et l’abîmer, en laissant mourir les plus faibles. Depuis notre départ du S1 nous avions marché 4 jours, durant lesquels deux personnes disparurent sans laisser de traces.
Un craquement... Puis un long grincement... Nous voilà en plein dedans, poussés par notre guide qui, au vu de son comportement, n'avait pour seule envie que de rejoindre le campement militaire. Il nous poussa chacun vers notre chambre, nous pressant sous prétexte de la nuit tombante.

Étonnamment, il faisait jour mais nous ne bronchions pas alors que rien ne nous empêchait de sortir une fois le guide parti. Je traversai le long couloir tout aussi gris que l'extérieur exogène mais à un niveau de saleté qui battait des records. Je crus même entendre quelques rats gratter les sols du rez-de-chaussé. Les escaliers étaient étonnamment en bon état, voir même la seule chose encore propre de ces lieux. Quelqu'un avait sûrement du s'appliquer à nettoyer les escaliers. Mais pourquoi ? Au vu de l'état du reste, ça me paraissait inutile...

J'échangeai quelques politesses avec celle qui devenait bientôt ma voisine de chambre.

J'appris qu'elle s’appelait Nymphéa, qu'elle vivait en SR avant l'annexion du SI. Son séjour ici n'était pas choisi mais je voyais mal pourquoi ils obligeraient une rebelle à venir sur une base Impériale...
Les questions reprenaient dans ma tête, mon crâne cognant si fort que je ne remarquais pas que j'étais dans ma chambre, seule, à réfléchir comme une idiote à voix haute aux questions que je me posais en continu.

Un regard par la fenêtre sale, zieutant le paysage délabré et embrumé de smog... Moi qui pensais avoir belle vue, me voila déçue. Néanmoins, j'ai cru apercevoir du mouvement plus loin, à la lisière de ce qui ressemblait à une mélasse de végétation sans fin. Mais je n'y prêta pas attention, commençant déjà à ranger mes affaires dans ce 20 m² tout dé-confort.