EDC de Syllanh

Je bois.
Au bruits des origines et à l'écho des chaînes. Celles que j'accepte volontiers pour mieux m'en défendre. Celles, dorées, infiniment enivrantes, qu'Elle m'offre quand vient le soir.

Je bois. Au bleu de son iris. À la flamme qui en jaillit quand sur moi ses yeux se posent. À la folie qui m'étrangle. Au désir au creux de nos ventres.

Je bois. À l'amertume d'hier et celle de demain. À la langueur qui me guette et à la peur qui revient.

Je bois. À son souffle et à sa voix. À cette violence dans ses veines. À son écho dans les miennes. Je bois à l'écume de ses nuits. À toutes ces fois qu'Elle fut dans mon lit.

..Ton sourire prend mon âme dans ses bras.. me berce et me hante...

Je bois encore.
À sa musique sur ma langue. À mon âme errante au creux de ses mains, au creux de ses reins . Je bois, la peur au ventre. Je bois pour oublier le noir. Pour m'oublier moi. Pour l'oublier Elle. Je bois à même sa chair avec l'envie d'y mordre. D'y mordre si fort....si fort ! À en faire éclater les chairs, à goûter le sang sur mes lèvres. Et je lutte en silence toutes griffes dehors, contre ce désir impérieux. Contre cette pulsion charnelle, cette passion violente. Brute.

...Te faire mal... me faire mal...pour en mourir et en renaître....

Et je tangue, prise dans son remous. Et j'abandonne. Terrifiée.

....Tue moi.... aime moi...

Et je meurs. Son souffle dans mon cou. Et je vis. Mon corps en émoi sous ses doigts.

...La peur du noir... le noir... le bleu... Tes yeux...

Et je ne sais plus qui je suis. Et je ne sais plus où je vais. Son coeur, comme une amarre. Un point d'encrage qui dilue le noir. Sa lumière me bouscule et me blesse. Et je hurle en silence, brûlée de l'intérieur. Et je me débat sans bouger, tétanisée par l'angoisse. La peur me dévore.

Tu me dévore...

Son nom, dans un souffle murmuré... comme une caresse.

Comme un "Je t'aime"