EDC de Syllanh

Allongée dans la poussière, le crâne explosé en deux endroit, peut-être trois. Je fixe le vide.
J’attends dans la lente agonie que ma conscience vacille. À trop vouloir jouer au héro l’on oubli d’être prudent. Et c’est dans la honte que l’on s’écrase au premier assaut, que l’on se voit soi-même comme étant si petit, si misérable.

C’est dans cet état d’esprit à mi-chemin entre le conscient et l’inconscient que l’on se voit comme un étranger au sein de son propre corps. L’univers semble basculer soudain, le ciel s’ouvrir pour déverser sur le sol les rires acides de nos frères. La peur ronge le cœur et dévore l’âme, qu’adviendra-t-il demain. C’est un parfum de fin du monde qui enivre mes sens, je ne reconnais plus mon existence. Mes doigts crispés sur le métal froid d’une arme qui fut la mienne, les cheveux plaqués sur le visage par un mélange de sueur, de sang et de pluie. Je renonce à la contemplation abusive de ma dignité piétinée. Ridiculisée face à l’adversité, traînée dans la boue, humiliée. Dans le silence du juste et de l’infidèle qui se repent j’implore qu’on me fusille. Je reçois le froid dans la veine comme une injure saisissante. Comme le junkie qui accueille sa dose avec autant d’excitation que de crainte. Serait-ce pour aujourd'hui, la dernière?

La douleur est sourde, elle bat la mesure alors que le temps s’étire. Combien de temps encore avant le vide? Je ne vois plus rien, mes yeux se révulsent. Combien de temps encore avant la fin? Je prie pour qu’on m’achève.

Après la honte et le déni, l’acceptation de l’échec, de voir son nom demain sous la rubrique nécrologique.
Des bruits de pas au loin résonnent…

Je n’ai plus peur à présent.