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EDC de Swan~3150

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De haut en bas

♫ Et je le sais, je le sais... toujours. ♫
Du haut des croyances cimentées par le temps, par les couches perpétuelles de promesses, les pieds pendent dans le vide. Les piques de ses bottes frottent le matériau, arrachent la peau du bâtiment, l’effritent maladroitement, et elle regarde les miettes s’envoler dans le vide, chassées par le vent glacial.
Les paroles pimentées des non-dits et des mensonges en tout genre ont eu raison de son corps. C’est lui qui hurle sa fin tragique trop proche. Il lui crie d’arrêter avant de s’autodétruire là où tout peut reprendre depuis le seul commencement possible. Il clame que tout suffit un jour, que tout se brise dans l’éternité, et qu’il n’existe que des jeux de perdants.
Les pages du livre volent à côté d’elle. Le vent sèche l’encre fraîche de la rancœur qui colle au cœur morne, et elle regarde encore le tout s’aviver d’une énergie naturelle. Humanité. Elle constate toute la force inutile des écrits de nuit comme de jour, comme autant de plumes blanches gaspillées. Elles tournent, elles tournent, se faisant froissées par le vent coléreux d’une puissance peut-être au-delà.
Elle ferme les yeux, tentant d’attraper le souffle du vent bel et bien meurtrier pour combler le manque du sien, le propre qui manque à son âme, tandis qu’il efface les traces qui creusent son visage, qui nourrissent ses yeux épuisés, et les jette au gré des vagues soupirantes qui écument le ciel de leur agitation grise.
Ses jambes s’écartent sur le grand néant, le corps vertigineux, et tandis que l’acidité du venin imbibe l’âme gâchée, la gorge le recrache encore et encore, d’un semblant de putréfaction, jusqu’à ce que de la frêle passionnée, il ne reste plus qu’une enveloppe charnelle, abîmée, vide d’espoirs, et prête à tomber.
Le corps vacille, tangue dangereusement, secoué par les turbulences des sommets de Dreadcast, terrassé par les spasmes du rejet, impuissant dans son refus total. Vidée, elle range le livre dans sa veste, contre sa poitrine, et cherche à descendre du rebord. Du côté ferme. Du bon côté.
Un énième souffle glacial brouille sa vue en étalant le résultat d’une débauche de pensées confuses et tristes, et ses doigts ripent fatalement sur la roche rugueuse, écorchant sa main d’une légère trace de sang, alors qu'elle hurle toute sa haine tout à coup.
La bouteille tombe la première alors qu’elle cherche tout de même faiblement à se retenir. Mais son corps suit comme un aimant. Elle ne pense plus. Elle ne voit que les images saccadées d’un dernier espoir trouvé au fond d’elle, pour se raccrocher. Elle tourne, elle tourne, se faisant malmener par le vent, jusqu’à fermer les yeux avant la chute finale.
Un bruit sourd. Et puis, plus rien.
♫ Mais je le sais, je le sais... toujours. ♫
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