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EDC de Swan~3150

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16. Skiwi, Sang & Rock'n roll

Je tente de renaître.
De m’envoler.
De fuir.
De renouer.
De ressentir.
Les souterrains.
Je tourne sur moi-même…
Au loin, j’entends du bruit.
Des rats ou des rebelles… mais cela m’est égal… mais je préfèrerai des rebelles…
Valmont se contente d’observer. Peut-être aux aguets…
Je tourne, tourne et tourne encore. Je ferme les yeux. Je vole.
Cela sent mauvais. Même plus que cela.
Mais l’ivresse… la bêtise… l’interdit… cela me grise et m’enivre d’un nouveau parfum…
J’ai bien envie de rester là… mais je sais que lorsque les effets de l’alcool se seront dissipés, la terreur reprendra le dessus.
Je devrais être remontée à ce moment-là…
***
[Plus tôt]
Je me balade partout en ville, espérant retrouver ce quelque chose…
Je retourne à l’Académie. Je n’y mettais plus les pieds depuis un bon moment, mais je m’ennuie. Même si je retrouve la satisfaction de rendre les coups, il y a beaucoup trop de « Coucou toi ! » à mon goût là-bas. La fraîcheur… la noirceur de ces derniers heptades m’a fait oublier que l’insouciance et l’ignorance subsistaient à chaque coin de rue.
Je rumine encore et encore. J’entre dans la bibliothèque. Mon oiseau de malheur ne cesse d’envoyer des messages pas vraiment politiquement corrects. Je filtre tous ses envois. Monsieur Matrice craque le système. Je coupe mon communicateur. J’espère que ça va le calmer ce sale prétentieux de vautour.
J’ai envie de redevenir légère. D’ôter le poids de toute mon amertume. De mes angoisses. De ma colère encore tenace, même si ma poitrine me semble moins douloureuse. J’écris à Valmont. J’ai furieusement envie de tirer des billes à tout va. Il est partant.
Je ne dis rien, mais en entrant dans le bâtiment où je retrouve Valmont, je sens un courant d’air, une présence invisible. Si je n’avais pas déjà bu, la vision d'un bout de plume blanche apparaître, puis disparaître m'aurait certainement interpellé. Non, ce n’est rien. J’ai bu.
Les billes ne font que des ricochets partout sur les murs. Je sors mon City en regardant Valmont d’un air malicieux. Oui, il s’en souvient de la crosse de mon City-chéri. A la fin de l’entraînement, j’ai encore envie de m’amuser, je propose d’aller boire. Encore.
Le Dark’. C’est une horreur. Bondé. Je ne supporte pas cet endroit où les dreadcastiens semblent se réunir. Mais c’est le seul autre bar ouvert avec âmes qui vivent… J’ai envie de faire des bêtises. Je caresse la bouteille de Skiwi dans mon sac tandis que j’énumère sur mon paquet de cigarettes, les prénoms des soupirantes de Valmont. Il me propose un truc. Non, pas un truc louche proposé par n’importe quel troll…ou vautour. Non, un truc amusant, mais je suis morte de trouille.
Il me traite de « dégonflée ». J’accepte.
On se dirige vers l’annexe militaire. Je sens mon cœur faire des bonds. Je resserre l’étreinte sur ma bouteille et suit l’humain. On descend l’échelle. L’adrénaline mélangée à l’alcool, je sens les palpitations sur mes tempes. Je me sens folle. Folle de venir ici. Mais non, je ne suis plus si « dégonflée » tout à coup. Victoire sur moi-même. Nous nous réfugions dans une petite salle, l’air de rien. Tranquilles.
Je lève les bras et tourne sur moi-même, en transe.
***
Nous remontons l’échelle. Nous n’avons pas encore terminé nos bêtises.
La Cantine n’est pas loin du Mili, on y fait un tour. Très rapide. C’est moche et vide. On ressort.
Swan, je suis en train de te pervertir.
Mais non...j'avais commencé toute seule... Ne t’attribues pas tout le mérite!
On file à l’Antre des Anges. Valmont s’amuse avec un marqueur. Il dessine des moustaches sur une humaine endormie, puis un écureuil sur la joue d’une outrilienne. Je ris un peu.
Nous entrons à l’Equilibrium. Toujours aussi vide. Le plus : un jukebox. Je glisse quelques crédits et lance de la musique. Valmont veut que je danse. Je suis bourrée, je danse donc. Rock. Sur le comptoir en prime. Je m’amuse comme une folle.
L’E-ion Ba’rs. On y trouve un sbire de nos détracteurs. Endormi. On demande si on est bien en basse-ville. Cela fait rapidement tilt dans la tête des gérants, mais ils sont plutôt compréhensifs, et nous aussi. Valmont tâte le sbire de sa botte. Il y a du monde. On ne veut pas faire de scandale. Il est trop tôt encore.
On part se calfeutrer dans un de mes vieux appartements, plein sud. On allume nos cigarettes, je garde la main sur ma bouteille.
Quelle est ta plus grande peur ?
Je n’en sais foutrement rien. J’en ai tellement. Je n’ai pas le temps de chercher une réponse que ce foutu vautour tente encore de craquer mon communicateur. Merde ! Je le jette contre un mur. Il grésille. Bien. Je marmonne. Sale vautour qui va bientôt me suivre à la trace.
On décide de repartir et de retrouver une amie de Valmont. Cette kobolde téméraire dont le parler est parfois difficile à traduire, Raskass. On se réfugie dans un autre appartement. La kobolde essaie de me tripoter, je n’aime vraiment pas ça. Elle ose m’appeler « Mademoiselle Trouille pas bouger ». Je sens mes oreilles frétiller sous ma tignasse de cheveux vert. Ça suffit les allusions à la peureuse…
Soudain, je reçois un message de Zark. Mon rescapé… presque une éternité. « J’ai retrouvé le tueur ! » Ces choses auxquelles j’évitais de penser…elles refont surface… Je me lève d’un bond sous le regard médusé de mes acolytes pour le retrouver. L’androïde révèle des choses surprenantes, j’ai beaucoup de mal à y croire, bordel. Si c’est vrai… je le laisse repartir, restant un peu tremblante.
Avec Valmont, nous retournons à l’E-ion Ba’rs avec l’espoir d’y retrouver notre copain. Le sbire est toujours là, attablé au comptoir. Le barman est en train de fermer. Il est très tard. Plus personne. On se regarde. « A toi l’honneur » me dit Valmont.
Se balader en ville, cela apporte toujours son lot de surprises.
Oui, on y retrouve des choses oubliées.
Elles ont changé. On a changé.
N’avais-je pas dit que je ne changerai pas ?
Est-ce que je me suis perdue alors ?
***
Je vois flou, pourtant je dégaine mon V4 avec une grande agilité…
Guidée naturellement par l’adrénaline de ce moment nouveau.
Je vise. Je tire en pleine poitrine. J’entends « Kaboum ! » dans mon cerveau brûlant.
Le bougre me fout de bons coups de katanas sur les côtes, mais je résiste.
Je crois que l’alcool amoindrit ma douleur. Utile pour une fois.
Je recharge. Le sang gicle sur le sol du bar et sur le comptoir.
Il tombe à terre. « Valmont, c’est ma première fois ». Il le sait.
Je pointe le bout de mon arme vers la tête du sbire. J’entends le barman se moquer.
Je cligne des yeux. Je tire.
Je vacille en voyant le corps disparaître. Ma poitrine me fait mal.
Ma tête crie « Vengeance! »
Valmont me rattrape. Il panse mes blessures. J’ai envie de hurler à la mort, mais je suis épuisée.
J’efface tout de mon esprit. Les battements de mon cœur ralentissent enfin.
Je regarde le barman. « Un double Skiwi, s’il vous plaît… »
Je ne suis pas une criminelle. Non.
« Je suis une alcoolique, doublée d’une peureuse. »
Je souris discrètement, intérieurement, en essuyant une goutte de sang sur ma joue.
« Ou pas. »
J’ai tenté de ressentir.
De renouer.
De fuir.
De m’envoler.
Je renais.

◊ Commentaires

  • Valmont~32607 (178☆) Le 12 Décembre 2012
    Je l'attendais avec impatience, ce récit.
    Pas déçu.

  • Amar (211☆) Le 12 Décembre 2012
    Hé bien, vais me méfier de mon bar préféré maintenant ^^. En tous cas, plus y rester trop longtemps smiley

  • Swan~3150 (689☆) Le 12 Décembre 2012
    C'est que y a de l'action en ce moment! smiley

  • L-X~19531 (1535☆) Le 12 Décembre 2012
    Pas mal, vraiment. Très immersif dans le surf sur les différents tons, les différentes humeurs et la plongée dans le skiwi d'un petit meurtre entre amis...

  • Kinchaka~27073 (1104☆) Le 12 Décembre 2012
    Un plaisir à lire ce récit ^^
    n'étoile.