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52. Tu seras toujours
Je vois ce que tu es en train de faire, et laisse-moi te dire que je suis déçu. Mais fier à la fois. Aurais-je un jour pu croire que tu finirais par révéler ce que j’ai déposé en toi? Je commençais à sincèrement désespérer et me demander si je n’avais pas moi-même failli quelque part. Tu sais? Comme une recette mal dosée et à laquelle il manquait encore l’ingrédient essentiel. Comment aurais-je su qu’il suffisait de… cela?
C’est un jeu dangereux.
Qu’aucun ne se trompe sur mes intentions.
Oh… Je sais que tu en as à revendre et que tu n’as pas terminé. Je vois l’avenir, tu sais. Et je ne t’en dirai rien encore. Je n’aimerais pas voir l’histoire se défiler avant qu’elle n’ait commencé pour toi. Enfin. ENFIN! Que tu es lente à la détente. Lente, mais lente… Mais forte. C’est indéniablement indéniable. Il aura fallu que tu sautes, et oh… je te rassure sur ce point : tu n’en seras pas à ton dernier essai avant longtemps. Si l’on admet l’impossible.
Je ne sais pas comment vous faites. J’aurai déjà abandonné.
Parce que la Reine… C’est moi.
Il y a quelque chose qui m’intrigue tout de même. Pourquoi? Qu’est-ce qu’il y a dans cette caboche qui se serait raccordé à un moment ou à un autre? Car tu vois… Je t’observe, je t’analyse, et entre tous ces paradoxes habilement étudiés afin de parfaire l’être exemplairement attirant… Tu te caches juste encore.
Bordel, ce que je vous admire.
N’admirez pas ce que vous ignorez, je vous prie.
Tu n’étais pas supposée être l’Ombre. Et le pire, le pire du pire… C’est que tu le sais. Là, quelque part dans ce crâne d’elfe, il y a un morceau conscient qui s’agite de plus en plus. Et qui ricane. Oui. Tu ricanes de l’intérieur. Tu vois l’effet que ça fait? C’est bon, hein?
Je vais vous faire tomber, Milady, vous devrez vous y attendre.
Ne rêvez pas trop non plus.
Et à présent, tu joues à un jeu bien risqué. Je ne te l’apprends pas. Il suffit de voir ta tête au réveil et au coucher. Ces soupirs aux milles émotions qui te transpercent pour mieux assouvir ton règne. Petit à petit. En silence. Mais prends garde aux liens que tu tisses. Une bulle est fragile. Bien plus que le cocon douillet sur lequel tu poses chaque soir un drap supplémentaire pour… te dissimuler encore. Ha! Ha! Ne sais-tu faire que ça pour taire le feu naturel?
La bulle… elle ne doit jamais se briser. Jamais.
Plus que tout.
N’aie crainte, vieille Elfe. Oui, car tu l’es. Le monde semble souvent l’oublier, n’est-ce pas? Oh, belle Enfant… Tout ne dépend à présent que de toi, et toi seule. Il te suffit de serrer les doigts pour écraser un cœur impunément, tout comme il te suffit d’un faux pas, une malheureuse glissade, pour t’écraser en solitaire. La rampe est-elle encore solide? A ton âge? Es-tu bien sérieuse, "Lady Sylphide"?
… M’a prévenu de ne pas vous contredire au risque de me faire arracher le cœur.
Si seulement...
Moi aussi, je pense qu’ils y prennent du plaisir. Ils sont nés pour cela. Pour le Chaos. Toi, oh toi… Non, je ne dirai rien. Mais dans quelle mesure peux-tu encore clamer te carrer des ‘on-dits’ et autres joyeusetés? Regarde… regarde le dessin que tu traces. Celui du mur. Celui écrit de tes tripes lorsque tu hurlais de Petite à Grande. Ils parlent, tu sais.
Il faut la musique de la Reine.
Le Roi des Fous dort, mais les Fous ne se reposent pas.
On pense savoir, n’est-ce pas? Tout semble limpide de l’autre côté. Tout semble finement décortiqué au compte-goutte. Mais il était difficile alors de voir celle-ci tomber à côté. Celle qui noie la médiocrité pour s’en faire un masque seyant d’inattention. Je l’ai vue se perdre, là, sur la ligne presque invisible dont tu marques pourtant le trait de manière de plus en plus perceptible. Tu ne sais même pas pour quoi faire, je le vois dans tes yeux qui se lèvent vers le smog. Tu es l’Elfe perdue. Un peu beaucoup follement passionnément perdue. Et ça te plaît.
Sans avoir le temps de dire "Ouf..."
Et si la Reine était encore plus folle que son Roi? Eh bien, c’est une femme. Que diable… L’on pourrait jurer mille fois pour elle et faire d’autres promenades sur les sentiers qui mènent à la Déraison. Prends simplement garde à la main que tu tiendras à ce moment-là. Et prends garde à toi. Prends soin de toi, jolie Lady. Car de la déception à l’admiration et du mystère à la réalité, il ne te restera que des chaînes brisées. Et tu sauras alors.
.
Est-ce que tu te rappelles...
.
Les Dames…
.
C’est mon tour…
.
Je flanche…
.
Elles vont m’avoir…
.
Petite Elfe, Petite Elfe, Petite Elfe, Petite Elfe…
.
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Informations sur l'article
Morceaux de vie
25 Mars 2015
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