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EDC de Swan~3150

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46. Mad'--Mademoiselle Swan

Il y a si longtemps que ces murs résonnent du vide et de l’insécurité. Et le bruit de mes pas semble presque intrusif dans ce trop grand salon. Dans cette trop grande villa.
Les baies vitrées du long couloir familier ne reflètent plus que l’absence. Plus de visiteurs, si ce n’est quelques curiosités nocturnes avides de sang noble.
Je revois mes cauchemars autant que le réconfort. Il est fou de constater que l’éternité conserve les souvenirs, tout en leur ôtant leur signification première, finissant par l’effacer.
Tout devient si lointain. Tout devient si vain. L’insurrection s’est transformée en indifférence.
Il y a si longtemps. Où suis-je partie? Dis-moi…
[Bonsoir, Mad--Mademoiselle Swan. V- -Vous êtes toujours aus- -si ravissante.]
Tu ne changes pas non plus. Le contraire m’étonnerait. Et tu t’enrayes comme un mâle en rut, mon cher. Ma faute... c’est toujours de ma faute. Ça m’a manqué... juste toi et ton charme, hein.
[Mad- -Mademoiselle Swan désire quel- -quelque chose? Ce sera av- -avec plaisir.]
Oulah. Je désire tant de choses, mon pauvre Arsène. Tant de choses impossibles à dire...
[V- -vous n’êtes pas fri- -frileuse, Mad- -Mademoiselle Swan.]
...Par peur sûrem... Je t'en pose des questions comme ça, moi, mmh?
[V- -vous n’êtes pas, Mad- -Mademoiselle "Trouille". La p- -peur est le leurre de v- -votre esprit.]
Ce n’est pas juste une question de peur à proprement parler. Qui décide de lâcher prise, sous prétexte de courbatures, tout en sachant que c’est sa dernière chance? C’est débile, non? Ou alors ça demande un courage incroyable que je n’ai pas. Ou l’inverse, un manque de forces face auquel je reste dubitative… Je suis déjà passée par là, et la signification est encore pire aujourd’hui.
[Com- -comment puis-je servir ma Maîtresse pour- -pour apaiser ses drames?]
Tu sais être fonctionnel comme IA, toi? Parce que je désire leur dire le fond de ma pensée, je désire me révolter, je désire exprimer toute la rage qui m’agite pour chaque règle absurde. Mais j’en suis incapable, et j’me contente de suivre le courant d’un vent glacial. Tu vois?
[Les règles sont la bar- -barrière des lâches.]
Tu retiens mes enseignements, toi, au moins. Je ne sais pas qui pourra en dire autant, un jour…
Je me retourne enfin sur l’air malin, comme si lui seul pouvait deviner les plus grandes bassesses qui avaient un jour hanté ma chair et mes pensées. J’ai l’impression, hallucination, que son sourire se perd pour me dire que j’ai changé, que j’ai mis à la porte mon propre esprit malin. Celui qui m’avait fait connaître la plus belle des aventures.
…mais rien n’est défini sur l’œuvre de mon éternité. N’oublie jamais ça, Arsène. Important, très important. Oeeeeeeeuuuvrooons! Toujours et encore!
[L’Eternité- -té est celle qui dé- -délie vos Mots. L’Eternité-té est Vôtre.]
Elle l’est, oui. Et Elle se fatigue aussi. Que devenons-nous, Arsène? De faux pantins? Non, je ne crois pas. Nous le sommes vraiment. Des vrais de vrais. Nous devenons notre haine. Nous devenons nos doutes. Regarde les étagères de notre salon, depuis quand sont-elles si creuses d’inspiration? Quand avons-nous cessé d’en nourrir les secrets?
[V- -vous posez trop de questions, Mad- -Mademoiselle Swan.]
Il y avait une conne qui dansait sur une table, et puis un idiot lui souriait bêtement... Heureusement qu'il sourit toujours comme ça d'ailleurs... ça me manquerait... J'aime tellement ce sourire d'imbécile partagé.
[V- -vous de- -devez vous dé- -détendre, Mad- -Mademoiselle Swan.]
Tu n’es plus à jour du tout, mon pauvre. Il est passé où ton sens de l'ironie et du charme? Je t'ai connu plus à même de détecter une elferie déguisée à des pixels et des pixels.
[V- -vous êtes sou- -souvent absente.]
Bonne répartie. Comme quoi… même chez moi, je ne suis pas Maître. Tu savais d’ailleurs que ce concept n’existait pas? Nulle part? Tu as beau être dirigeant, tu restes sous-fifre où que tu sois. Pourquoi ? Ces foutues règles à la con… Car la Loi est la Loi. C’est con, hein?
[Je- -n’utilise pas ce gen- -genre de vocabulaire. ]
Qu’importe. Tant que tu auras ces conneries dans ton système, l’Humanité ne sera pas perdue. Car la population est haineuse, Arsène. Je ne suis ni Mademoiselle, ni simple Swan. Je suis Lady. J'inspire méfiance. J'inspire les bals masqués. J'inspire les danses les plus perverses et imaginaires. Je brasse le fric de l'Empire. Je suis par conséquent l’Ennemi. Tu m'entends? Je suis une menace pour la population.
[Dé- -désirez-vous que je- -je renforce tous v- -vos di- -digicodes pour votre sé- -sécurité propre?]
Tu m'fais rire... mais fais-toi plaisir, oui.
[Com- -comme vous voulez. Mais je- -je n’ai pas com- -compris le pour- -pourquoi de- -de v- -votre rire.]
Justement! C’est normal, parce que tout ça est une vaste blague. Et le problème, c’est qu’elle ne fait pas rire du tout. Elle est tellement énorme qu’elle en est dramatique. Théâtrale au possible. Rien n'a changé à ce niveau-là.
[Est-ce que- -que nous en re- -revenons à v- -vos drames, Mad- -Mademoiselle Swan?]
J'espère que tu sais que nous sommes passés à un tout autre niveau dramatique. Il y en a différentes sortes, tu sais. Même si les drames elfiques restent mes préférés d'entre tous. Mais je peux compter sur mes doigts, Arsène, je peux faire le compte à rebours… ça commence par lui, puis par cette douce Elle, et puis c’est autre elle, et puis lui, et entre-temps… qui sait ? Et après? Pouf...
[V- -vous allez trop- -trop vite, Mad- -Mademoiselle Swan.]
Je suis celle qui se fait dorer le teint au gré des lance-flammes corporatistes. Je brûle sous les feux de la colère qui m’entourent et me porte coupable pour d’autres. Et tu sais, Arsène, dans le fond, j’ai vraiment une peau de petite elfe.
[Mais il n’y a que v- -vous pour- -pour briller de- -de mille feux.]
Tu n’as vraiment pas changé.
[V- -vous êtes belle.]
J’ai déjà entendu ça. Mille fois.
[Je- -je suis là pour- -pour v- -vous servir.]
On t’a bien éduqué finalement. Un peu
[Maîtresse.]
Vraiment bien! Bon... Tu les as toujours ? Les dossiers ?
[Archivés confidentiels.]
Supprime. J’ai assez donné.
[V- -vous êtes sûre, Mad- -Mademoiselle Swan?]
Je n’en veux plus. Les choses ont changé. J'ai même un autre nom maintenant. Je ne cesserai jamais de vivre dans ce passé, mais ce n'est pas une raison pour en garder des bagages et des bagages.
[V- -votre code, Mad- -Mademoiselle Swan.]
Je suis le feu qui sommeille…
J’ai tué par amour et par vengeance…
Je connais l’essence qui vrille le sang…
Je sais l’obsession en veille…
[Code erroné, Mad- -Mademoiselle Swan.]
Le sourire que j’affiche est tributaire d’une politesse à moi-même. J’ai usé et abusé des mots jusqu’à en manquer. Et il n’y a plus qu’une ligne de code qui me permet d’avancer sans me sentir usurpatrice.
…Audere Ultima Ad Majorem Imperator Gloriam.
Suppression des données en cours… 

1° Dossier : Conquêtes_[x] 

2° Dossier : Adresses_[x]

3° Dossier : Adresses_[y]  

4° Dossier : Rapport_[k]

[...]

◊ Commentaires

  • Elena (0☆) Le 17 Février 2014
    Passe par là et dépose une étoile : les cheveux verts semblent plus tourmentés que la dernière fois.

  • N2CV (82☆) Le 17 Février 2014
    Agréable à lire.. J'aime beaucoup cette mise en scène avec ton majordome. J'entends sa voix métallique à chaque fois que je lis une réplique...

  • Swan~3150 (689☆) Le 17 Février 2014
    Elena! Ma blondasse! Reviens mwaaaa! smiley

  • Ladoria~7869 (221☆) Le 17 Février 2014
    Rapport Conquêtes... Hum, hum... Oh! :O
    Et elle a tout effacé!

  • Swan~3150 (689☆) Le 17 Février 2014
    Mince alors! smiley Mais y en aura d'autres plus intéressants! M'aaaah oui!

  • Valmont~32607 (178☆) Le 18 Février 2014
    Un Arsène qui bug.. Ca doit être encore plus amusant à embêter, comme ça.