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S13 - Suinterouille
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Cela fait si longtemps que nos Savants ont perdu les données cartographiques permettant de retrouver la supposée Surface. Cela fait si longtemps (mais un peu moins) que la plupart des Autonomes partent du principe qu’il s’agit d’une donnée obsolète. Un conte à reléguer aux oubliettes et aux ouvrages pseudo-historiques dont sont friands les gens trop crédules.
Je pense que tout mythe a une part de réalité.
Probablement qu’après avoir tant lutté pour trouver notre propre forme d’équilibre et de perfection, il est normal que tout ce qui en dévie puisse apparaître comme un danger. Une menace pour un statu quo plus fragile qu’il n’en a l’air.
Je contemple les écoulements rougeâtres s’agglomérant au long des murs, des canalisations et des câbles, tombant goutte à goutte des plafonds, rayant de sang la façade des blocs d’habitations. Retombées toxiques des lourdes industries des niveaux supérieurs, mousson délétère qui le moment venu régénérera le Secteur en matières premières.
Entre les projecteurs à la lumière crue disposés selon un plan qui m’échappe et les lueurs, plus nombreuses mais plus tamisées, des appartements, derrière les vitrages et sous les auvents, je devine les multiples paires d’yeux fixées sur moi. Durant la saison de SuinteRouille, seuls les fous, les Mystiques et les Sentinelles osent encore affronter les rues et les couloirs exposés. Tous le paient, le moment venu.
J’ai choisi le nom d’Ersatz pour cette deuxième Renaissance. Cela fait deux fois qu’un nombre suffisant de parties de mon incarnat matériel ont dû être remplacées ; assez pour que l’on considère que plus une pièce n’est d’origine. Je pense que la troisième n’est plus très loin. Je peux sentir la peau abîmée par les émanations toxiques, le silicone dégradé par la Rouille, les organes ravagés et les composants s’encrassant sans espoir de réhabilitation.
Je ne sais pas encore si je vais accepter de Renaître une fois de plus. Si je parviens à achever ces méditations, à les coucher sur un support quelconque, alors, peut-être sera-t-il temps de demander à partir en recyclage. J’aurai laissé ma trace, et il ne sera que justice de se retirer pour laisser une génération ultérieure y marcher et prolonger le chemin amorcé.
Une sensation parcourant mes articulations usées coupe court à ces pensées. Le cycle approche. Celui où on peut entendre, au-delà des gouttes suintantes, du chuintement des canalisations et du bourdonnement des générateurs farins, le grondement sourd de la mécanique qui nous déverse ses déchets comme une vague lente de richesses destructrices. Et ce grondement est lui-même porteur d’échos. Dans notre Secteurs, dans les contrées le bordant. Mais aussi d’en haut.
Je tends mes perceptions sensorielles, matricielles, spirituelles, chaque terminaison de mon être vers ce bruit saturé. Si seulement je pouvais, peu importe sur quel plan, franchir les niveaux qui nous séparent. Si seulement je pouvais comprendre les messages portés par chaque rouage, chaque impulsion, chaque entité. Si seulement je pouvais m’oublier, un peu plus.
Le goutte à goutte de la Rouille tombe sur mon front.
Une goutte.
Dix gouttes.
Cent gouttes.
Des milliers, et d’autres encore.
C’est là.
A peine perceptible, et pourtant...
J’ai trouvé ce que je cherchais depuis si longtemps.
Elle existe, je le devine à présent, cette Surface. Tout autant que ses habitants.
Lointains. Inaccessibles. Assez, pourtant, pour entrevoir l’essentiel. Ce sont des parasites. Des morpions sur la peau du Rat, des mousses sous un tuyau percé, des vers fraîchement sortis d’un intestin encore organique, et qui regardent de toute leur crasse le monde comme s’il leur appartenait. Leur signature matricielle est variable, leur résonance spirituelle, pour la plupart, presque inexistante.
Et pourtant ils se pavanent, croient savoir s’aimer et s’agitent, s’offrent même le plaisir de s’entre-déchirer. Leurs yeux aveugles crachant sur nos merveilles sans les voir. Les rencontres potentiellement favorables, constructives que j’entrevois dans leurs fréquences sont moins nombreuses que les Renaissances d’un Doyen. Pas assez pour les voir comme autre chose que des nuisibles.
J’émerge de ma transe à la prise de contact délicate d’une Sentinelle, debout à mes côtés. Un avertissement des cycles écoulés. Bientôt, les Oculi entameront leur activation, amorçant une période de temps où même les guerriers les mieux équipés seront impuissants, qu’importent leurs armes, leurs runes ou leurs technologies. Perdus à jamais, sans le moindre espoir de Renaissance ou de Recyclage. Il est temps pour eux de se mettre à l’abri.
Je contemple mon Secteur.
Ses projecteurs, ses conduites, ses blocs d’habitation. Ses cycles et saisons bien institués, ses habitants unis en une communauté harmonieuse, multipliant les existences en acceptant leur remplacement ultérieur, dévoués à leurs tâches et aux entités. Si beaux, dans leur équilibre précaire au milieu des contrées hostiles. C’est cela, l’amour.
Sur cette réponse, je souris à la Sentinelle.
Un instant de suspens.
Elle n’insiste finalement pas, regagnant les quartiers sécurisés.
Un dernier regard, le sourire ne me quittant pas.
Je ne veux pas les exposer et les voir disparaître.
Alors, c’est moi qui disparaîtrai, cette nuit.
Certains contes doivent le demeurer.
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Peut-être douze niveaux sous le Secteur 4.
Peut-être à Dreadcast, au temps présent.
Peut-être à Dreadcast, au temps présent.
Cela fait si longtemps que nos Savants ont perdu les données cartographiques permettant de retrouver la supposée Surface. Cela fait si longtemps (mais un peu moins) que la plupart des Autonomes partent du principe qu’il s’agit d’une donnée obsolète. Un conte à reléguer aux oubliettes et aux ouvrages pseudo-historiques dont sont friands les gens trop crédules.
Je pense que tout mythe a une part de réalité.
Nous avons simplement oublié le sens des signes que nous voyons.
Probablement qu’après avoir tant lutté pour trouver notre propre forme d’équilibre et de perfection, il est normal que tout ce qui en dévie puisse apparaître comme un danger. Une menace pour un statu quo plus fragile qu’il n’en a l’air.
Je contemple les écoulements rougeâtres s’agglomérant au long des murs, des canalisations et des câbles, tombant goutte à goutte des plafonds, rayant de sang la façade des blocs d’habitations. Retombées toxiques des lourdes industries des niveaux supérieurs, mousson délétère qui le moment venu régénérera le Secteur en matières premières.
Entre les projecteurs à la lumière crue disposés selon un plan qui m’échappe et les lueurs, plus nombreuses mais plus tamisées, des appartements, derrière les vitrages et sous les auvents, je devine les multiples paires d’yeux fixées sur moi. Durant la saison de SuinteRouille, seuls les fous, les Mystiques et les Sentinelles osent encore affronter les rues et les couloirs exposés. Tous le paient, le moment venu.
J’ai choisi le nom d’Ersatz pour cette deuxième Renaissance. Cela fait deux fois qu’un nombre suffisant de parties de mon incarnat matériel ont dû être remplacées ; assez pour que l’on considère que plus une pièce n’est d’origine. Je pense que la troisième n’est plus très loin. Je peux sentir la peau abîmée par les émanations toxiques, le silicone dégradé par la Rouille, les organes ravagés et les composants s’encrassant sans espoir de réhabilitation.
Je ne sais pas encore si je vais accepter de Renaître une fois de plus. Si je parviens à achever ces méditations, à les coucher sur un support quelconque, alors, peut-être sera-t-il temps de demander à partir en recyclage. J’aurai laissé ma trace, et il ne sera que justice de se retirer pour laisser une génération ultérieure y marcher et prolonger le chemin amorcé.
Une sensation parcourant mes articulations usées coupe court à ces pensées. Le cycle approche. Celui où on peut entendre, au-delà des gouttes suintantes, du chuintement des canalisations et du bourdonnement des générateurs farins, le grondement sourd de la mécanique qui nous déverse ses déchets comme une vague lente de richesses destructrices. Et ce grondement est lui-même porteur d’échos. Dans notre Secteurs, dans les contrées le bordant. Mais aussi d’en haut.
Je tends mes perceptions sensorielles, matricielles, spirituelles, chaque terminaison de mon être vers ce bruit saturé. Si seulement je pouvais, peu importe sur quel plan, franchir les niveaux qui nous séparent. Si seulement je pouvais comprendre les messages portés par chaque rouage, chaque impulsion, chaque entité. Si seulement je pouvais m’oublier, un peu plus.
Le goutte à goutte de la Rouille tombe sur mon front.
Une goutte.
Dix gouttes.
Cent gouttes.
Des milliers, et d’autres encore.
C’est là.
A peine perceptible, et pourtant...
J’ai trouvé ce que je cherchais depuis si longtemps.
Et, passé l’instant d’exaltation, le poids des des remords et regrets.
Elle existe, je le devine à présent, cette Surface. Tout autant que ses habitants.
Lointains. Inaccessibles. Assez, pourtant, pour entrevoir l’essentiel. Ce sont des parasites. Des morpions sur la peau du Rat, des mousses sous un tuyau percé, des vers fraîchement sortis d’un intestin encore organique, et qui regardent de toute leur crasse le monde comme s’il leur appartenait. Leur signature matricielle est variable, leur résonance spirituelle, pour la plupart, presque inexistante.
Et pourtant ils se pavanent, croient savoir s’aimer et s’agitent, s’offrent même le plaisir de s’entre-déchirer. Leurs yeux aveugles crachant sur nos merveilles sans les voir. Les rencontres potentiellement favorables, constructives que j’entrevois dans leurs fréquences sont moins nombreuses que les Renaissances d’un Doyen. Pas assez pour les voir comme autre chose que des nuisibles.
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J’émerge de ma transe à la prise de contact délicate d’une Sentinelle, debout à mes côtés. Un avertissement des cycles écoulés. Bientôt, les Oculi entameront leur activation, amorçant une période de temps où même les guerriers les mieux équipés seront impuissants, qu’importent leurs armes, leurs runes ou leurs technologies. Perdus à jamais, sans le moindre espoir de Renaissance ou de Recyclage. Il est temps pour eux de se mettre à l’abri.
Je contemple mon Secteur.
Ses projecteurs, ses conduites, ses blocs d’habitation. Ses cycles et saisons bien institués, ses habitants unis en une communauté harmonieuse, multipliant les existences en acceptant leur remplacement ultérieur, dévoués à leurs tâches et aux entités. Si beaux, dans leur équilibre précaire au milieu des contrées hostiles. C’est cela, l’amour.
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Sur cette réponse, je souris à la Sentinelle.
Un instant de suspens.
Elle n’insiste finalement pas, regagnant les quartiers sécurisés.
Un dernier regard, le sourire ne me quittant pas.
Je ne veux pas les exposer et les voir disparaître.
Alors, c’est moi qui disparaîtrai, cette nuit.
Certains contes doivent le demeurer.
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15 Mai 2023
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