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EDC de Stiny~49460

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Opératrice

Opératrice



Es-tu bien installée ?
Ici, à l’orée des murmures,
Comme un fouilleur dans les déchets
Prêt à moissonner, prêt à pelleter, sans savoir
Si il tombera sur des trésors, de la crasse, les deux,
Mais il sait qu’il y aura pléthore de boue et de goudron gras.


Ferme les yeux.
Tends l’oreille. Ecoute.
Tu dois t’autoriser à t’oublier,
Laisser s’effriter des morceaux de toi
Pour mêler ton être à tout ce qui t’entoure,
Pour sentir ces liens qui te semblaient perdus.

Maintenant,
Laisse-toi glisser.
La plongée commence.
N’aie pas peur de te perdre.
Je suis là, je te tiens d’un fil fin.
Aie confiance. Je ne t’abandonnerai pas.

Il fait sombre, hein ?
Je sais. Au-delà des paupières,
Au-delà des lumières éteintes de la salle,
Il y a quelque chose d’autre. Des ténèbres denses,
Des ténèbres qui dansent en nous entourant sur chaque plan,
Une noirceur absolue. Je traîne souvent par ici. C’est assez apaisant.

Reste quelques instants
En suspens dans ce lieu
A la croisée des mondes
Tu ne risques rien, non.

Tu y es presque,
Sombre dans l’abîme.
Tu le ressens, n’est-ce pas ?
Le tiraillement extrême, l’appel du Néant,
Les crocs de la mortalité, la poigne du vieillissement
Le choeur mélancolique de nos inexorables décrépitudes.

Reste ici quelques instants de plus, de nouveau.
Tu percevras peut-être une pâle lueur, si petite
Mais la plus faible des lueurs laissera une trace
Dans les ténèbres absolues, en qui saura la voir
Tout en accueillant sans crainte, sans abandon
L’obscurité composant l’essentiel de son être.

Sens les racines de métal et de béton
Sens le souffle omniprésent du smog
Sens toutes les autres lueurs alentours
Félicitations. Tu t’es finalement trouvée
Tu as trouvé le Rat, la Ville, les autres
Tu n’es pas perdue. Jamais ne l’a été.

Elle exerce une terrible attraction, cette transcendance frôlée
Mais jamais il ne faut la saisir, sous peine de s’effriter.
A présent, il est temps de se détacher. Rejoins-moi.
Sens mes doigts qui s’entremêlent aux tiens.
Sens l’attraction des vivants isolés.
Remonte. Nous avons fini.


Bien sûr, on ne remonte jamais totalement. On laisse toujours quelques fragments de soi, entremêlés à l’absolu, comme une symbiose où l’on ne saurait plus trop qui est hôte et qui est parasite. Tu es libre de te dire que tout ça n’avait lieu que dans ta tête. Une hallucination volontaire, une hypnose bien ficelée, la simple influence d’un esprit trop ouvert. Je ne cherche pas à te convaincre.

Mais à présent, tu pourras douter de ce qui semblait évident.

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