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L'impérialiste aveugle
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...Le cul posé dans mon bocal pare-balles, je fixais sans comprendre trois hommes en costume cravate, l’homme au centre était chauve, le troisième portait des lunettes. Le public à ma droite se contentait de me fixer, j’étais entre deux policiers armés jusqu’aux dents. Le chauve, du haut de son estrade semblait me parler en fixant sa feuille, mais je ne pus comprendre, ce n’était qu’après, dans mes oreillettes, que j’entendis une voix aiguë me traduire :
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« Plaidez-vous coupable ou non coupable pour le chef d’accusation de complicité de meurtre de masse ? »
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Mon derrière quitta le siège, je me mis alors pendant quelques instants à considérer toute la salle, ils me regardaient tous, mais je ne pouvais dire si c’était de la haine, de la subjugation, du mépris, de la joie ou s’ils restaient impassible. Moi je ne montrais rien, je n’y arrivais pas. La voix dans mes écouteurs reprit la question :
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« Plaidez-vous coupable ou non coupable pour le chef d’accusation de crime contre l’humanité ?
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-Non coupable. »
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J’entendis comme un seul homme soupirer dans l’audience. Mes mains tremblaient, j’espérais au fond de moi que ce combat ne soit pas le dernier, j’étais trop jeune et je resterai trop jeune pour mourir. Le juge me regarda une ou deux secondes avant de reprendre sa lecture dans un charabia affreux, la voix sans corps me dit :
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« Plaidez-vous coupable ou non coupable pour le chef d’accusation de complicité avec un Etat hostile ?
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-Non coupable. »
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-Non coupable. »
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L’avocat m’avait dit de prononcer ces mots, je ne savais pas pourquoi réduire mon rôle dans cette affaire, j’en étais très fier même. Le juge distribua une logorrhée de mots à l’audience et le policier me fit signe de m’asseoir. Un homme se leva de son banc, il était devant le public, séparé de lui par une clôture, il se mit à faire aller sa langue dans tous les sens, pétrissant un son émis de sa gorge que le traducteur tarda à me traduire :
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L’avocat m’avait dit de prononcer ces mots, je ne savais pas pourquoi réduire mon rôle dans cette affaire, j’en étais très fier même. Le juge distribua une logorrhée de mots à l’audience et le policier me fit signe de m’asseoir. Un homme se leva de son banc, il était devant le public, séparé de lui par une clôture, il se mit à faire aller sa langue dans tous les sens, pétrissant un son émis de sa gorge que le traducteur tarda à me traduire :
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« Au moment où je me présente à vous, messieurs les juge, je ne suis pas seul à porter l’accusation. J’ai avec moi des centaines de victimes de cet homme. Mais elles ne peuvent pas se lever. Elles ne peuvent pas porter un doigt accusateur vers la cage de verre et dire « J’accuse ! ». La plupart n’a pas pu survivre aux actes de cette chose immonde. »
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...Cette chose ? Mon avocat n’avait même pas relevé, d’ailleurs, avait-il compris ? Etait-ce le traducteur qui avait réinterprété ? La voix de l’homme était tellement bardée de vice que le plus beau des compliments m’aurait semblé être une insulte, le traducteur non plus ne se cachait pas. Quand j'eus enfin distinguer où il se trouvait, c'était pour le voir passer un doigt dans son cou, si bien que je n’osais plus le regarder. Mon avocat se leva et commença à parler, le traducteur suivit :
...Cette chose ? Mon avocat n’avait même pas relevé, d’ailleurs, avait-il compris ? Etait-ce le traducteur qui avait réinterprété ? La voix de l’homme était tellement bardée de vice que le plus beau des compliments m’aurait semblé être une insulte, le traducteur non plus ne se cachait pas. Quand j'eus enfin distinguer où il se trouvait, c'était pour le voir passer un doigt dans son cou, si bien que je n’osais plus le regarder. Mon avocat se leva et commença à parler, le traducteur suivit :
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« Monsieur les juges. J’ai ici un homme, un homme manipulé par un système totalitaire, un homme qui, contre sa propre volonté, a fait exécuter par plusieurs équipes la construction de centres d’expérimentation. Cet homme a dû, sous la pression des armes, faire des actes que l’on pourra qualifier d’inhumain sur ses semblables et sur leurs expériences. N’avons-nous pas découvert cet atroce homme-varan dans une maison assis à-côté d’un homme-pigeon ? S’il y a bien quelque-chose à blâmer ici, c’est l’Empire ! C’est ce système messieurs, qui est le seul coupable des crimes présentés ! Mon client n’est que victime de ce système.»
« Monsieur les juges. J’ai ici un homme, un homme manipulé par un système totalitaire, un homme qui, contre sa propre volonté, a fait exécuter par plusieurs équipes la construction de centres d’expérimentation. Cet homme a dû, sous la pression des armes, faire des actes que l’on pourra qualifier d’inhumain sur ses semblables et sur leurs expériences. N’avons-nous pas découvert cet atroce homme-varan dans une maison assis à-côté d’un homme-pigeon ? S’il y a bien quelque-chose à blâmer ici, c’est l’Empire ! C’est ce système messieurs, qui est le seul coupable des crimes présentés ! Mon client n’est que victime de ce système.»
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Je n’étais pas d’accord avec ce qui venait d’être dit, je ne comprenais pas pourquoi il plaidait mon absence de libre arbitre dans ces opérations. J’étais heureux moi, aux STV, à diriger mes techniciens. Je n’ai vu aucune arme pointée contre moi, certain Nobles ou DI avaient l’air un peu bourru, peut-être un peu trop belliqueux, mais je n’avais jamais eu de menaces venant d’eux. Et je trouvais le qualificatif « atroce » pour les outriliens et les vautours déplacés. Ils avaient juste des écailles et des plumes et eux aussi étaient heureux là-bas. Je faisais ça pour l’Imperium et j’en étais fier, seul mon égo et mon porte-monnaie étaient félicités. Pourquoi dire que je n’ai pas réfléchi aux ordres donnés étaient une circonstance atténuante, je veux dire… ça servait à quoi d’y réfléchir ? Je savais que tout était fait pour mon bien et celui de mon secteur, pas besoin de réfléchir aux causes ou aux conséquences d’ordre qui étaient foncièrement pour mon bien. L’homme qui était probablement mon accusateur hurla quelque-chose, un homme dans la foule se leva et traversa la barrière de bois. C’était un grand homme maigre, recroquevillé, des lunettes marrons trônaient devant ses yeux, ses cheveux gris étaient plaqués en arrière, le traducteur jeta un :« Monsieur Spielgmann, inspecteur chargé d’enquête ». L’homme chargé de l’attaque s’avança vers lui et lui posa ce qui s’apparentait à une question, ce que le traducteur me jeta en pâture après : « Monsieur, avez-vous identifié l’individu ici présent, Solstice, comme étant le directeur des ressources de l’Empire ? »
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La bouche de l’homme se tordit, émettant des sons très gutturaux, c’était affreusement moche, la traduction me vint après, me laissant quelques longues secondes avec des borborygmes et reflux gastriques servant apparemment de langage à cet homme que seul le public et les juges pouvaient comprendre :
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« Nous avons identifié, avec la collaboration d’anciens collègues du suspect, cette… chose comme étant le seul et l’unique dirigeant du service techniques du régime, en particulier pendant la construction d’un centre d’expérimentation sur des êtres vivants conscients. Le rapport B-42 et B-43 en attestent, les témoignages de la dénommée Harlinde et le contenu des messages de son communicateur vont dans ce sens. Le suspect a construit avec son équipe de technicien tout le camp d’expérimentation sur sujet humain et non-humain tous retenus de force dans ces cages insalubres. »
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Je n’étais pas d’accord avec ce qui venait d’être dit, je ne comprenais pas pourquoi il plaidait mon absence de libre arbitre dans ces opérations. J’étais heureux moi, aux STV, à diriger mes techniciens. Je n’ai vu aucune arme pointée contre moi, certain Nobles ou DI avaient l’air un peu bourru, peut-être un peu trop belliqueux, mais je n’avais jamais eu de menaces venant d’eux. Et je trouvais le qualificatif « atroce » pour les outriliens et les vautours déplacés. Ils avaient juste des écailles et des plumes et eux aussi étaient heureux là-bas. Je faisais ça pour l’Imperium et j’en étais fier, seul mon égo et mon porte-monnaie étaient félicités. Pourquoi dire que je n’ai pas réfléchi aux ordres donnés étaient une circonstance atténuante, je veux dire… ça servait à quoi d’y réfléchir ? Je savais que tout était fait pour mon bien et celui de mon secteur, pas besoin de réfléchir aux causes ou aux conséquences d’ordre qui étaient foncièrement pour mon bien. L’homme qui était probablement mon accusateur hurla quelque-chose, un homme dans la foule se leva et traversa la barrière de bois. C’était un grand homme maigre, recroquevillé, des lunettes marrons trônaient devant ses yeux, ses cheveux gris étaient plaqués en arrière, le traducteur jeta un :« Monsieur Spielgmann, inspecteur chargé d’enquête ». L’homme chargé de l’attaque s’avança vers lui et lui posa ce qui s’apparentait à une question, ce que le traducteur me jeta en pâture après : « Monsieur, avez-vous identifié l’individu ici présent, Solstice, comme étant le directeur des ressources de l’Empire ? »
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La bouche de l’homme se tordit, émettant des sons très gutturaux, c’était affreusement moche, la traduction me vint après, me laissant quelques longues secondes avec des borborygmes et reflux gastriques servant apparemment de langage à cet homme que seul le public et les juges pouvaient comprendre :
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« Nous avons identifié, avec la collaboration d’anciens collègues du suspect, cette… chose comme étant le seul et l’unique dirigeant du service techniques du régime, en particulier pendant la construction d’un centre d’expérimentation sur des êtres vivants conscients. Le rapport B-42 et B-43 en attestent, les témoignages de la dénommée Harlinde et le contenu des messages de son communicateur vont dans ce sens. Le suspect a construit avec son équipe de technicien tout le camp d’expérimentation sur sujet humain et non-humain tous retenus de force dans ces cages insalubres. »
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Stupeur dans la foule qui se mettait soudainement à marmonner, le bonhomme chauve claqua son maillet sur une pièce de bois. L’avocat le questionna, je ne pus comprendre que brièvement, le traducteur refusa de dire ce qui se discutait. Je pris la parole spontanément :
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« Je n’ai pas été directeur de l’OI pendant la construction, nous n’avons fait que les finitions, et encore, le chantier a duré, duré, duré… je n’ai été responsable de l’Organisation qu’au moment de la toute fin, quand on a commencé à réparer les dernières portes. Je n’ai été qu’un petit technicien pendant le gros du travail, avec quelques responsabilités, mais je n’ai pas pu… »
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Le juge frappa de son maillet le bois du bureau devant lui. Le policier me mit un coup de crosse de fusil dans le dos, me projetant sur la vitre dans un grand gémissement. L’homme qui m’attaquait tapota l’épaule de Spielgmann qui repartit se rasseoir. L’avocat général hurla un nom que le traducteur me colporta mollement « Madame Phugus». La femme s’avança pris la place de Brenner. C’était une vieille femme, les cheveux blancs, des lunettes aux montures marron trônaient sur son nez fin et fripé. Cette tête ressemblait à quelqu’un que j’avais connu, vaguement, quelques parts dans les méandres de mes souvenirs. La femme se mit à parler d’une voix grinçante. Etait-elle malade ? J’avais l’impression de pouvoir la visualiser dans mes souvenirs. Pourquoi ces gens-là se mettaient à changer avec le temps ? Avaient-ils parlé à Eaven ? C’était le seul médecin dont j’avais retenu le nom, un bon médecin, j’étais persuadé qu’elle pouvait quelque-chose contre ce qu’ils avaient. J’entendis une voix entrer dans le bocal :
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« J’étais petite quand ils sont venus me prendre avec ma mère. J’étais en train de regarder le DCnews sur notre deck pendant que papa et maman faisait la cuisine quand… ils sont arrivés et papa a tout de suite été abattu. Je ne savais pas qui était ces gens-là, ils avaient tous un masque à gaz. Ils ont dit qu’on était des gens du dehors, qu’on devait mourir, qu’on était hérétique… que papa n’avait pas de puce APM et qu’ils le savaient… Maman et moi on a été forcé à marcher vers un grand bâtiment. Et c’est là où… cette chose est apparue. Il nous a regardés pendant quelques minutes puis après il a fait signe au garde de nous emmener dans une cage de béton de… de quatre mètres sur quatre, c’était pas très haut non plus, on n’avait pas de fenêtres. Il nous a dit qu’on devait essayer de nous enfuir parce qu’on n’aurait pas à manger ici. Et… et il a posé sa main sur moi. Il m’a relevé une mèche de cheveux et, je sais pas ce qui s’est passé après. Il s’est mis en colère d’un coup et il a collé son poing sur la figure de ma mère. Il s’est mis à la bourrer de coup de pieds en hurlant que c’était une traîtresse, qu’elle aurait dû quitter papa avant que je ne naisse. Il s’est mis à déchirer les habits de ma mère et à balader ses mains sur elle… »
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Elle continuait sa description, je lui aurais alors passé mes mains sur sa poitrine, que j’aurais empoignée avec force, je me serai allongé sur elle, traîner ma langue sur son visage meurtri par mes coups. Je ne sais pas si cette scène était vraie ou pas, mais l’excitation commençait à se remarquer à la goutte de sueur sur ma tempe et mon caleçon tendu. Je m’aperçus alors que la femme parlait le même langage que moi. Le traducteur s’était tu. Elle continuait sa description exhaustive de mes faits, de mon anatomie rentrant dans celui de sa mère à plusieurs reprises, une scène entourée de cris et de pleurs puis un silence. Un silence que j’avais brisé avec des cris de bestiaux quelques secondes plus tard qui lui avaient paru être des heures. La femme se mit alors à regarder dans ma direction et me posa la question, en larme :
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« Est-ce que vous avez éprouvé des remords ? »
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Je baissai la tête, pas par honte, non, encore moins par déni, je réfléchissais. Je partais du postulat que nier l’événement n’aurait servi à rien, que le public aurait toujours été d’accord avec cette femme, les enquêteurs avaient sûrement fait du travail remarquable pour trouver cette histoire, vraie ou fausse d’ailleurs : autant assumer Solstice. Mais des remords ?
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Je baissai la tête, pas par honte, non, encore moins par déni, je réfléchissais. Je partais du postulat que nier l’événement n’aurait servi à rien, que le public aurait toujours été d’accord avec cette femme, les enquêteurs avaient sûrement fait du travail remarquable pour trouver cette histoire, vraie ou fausse d’ailleurs : autant assumer Solstice. Mais des remords ?
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« Non, fis-je en me redressant, je l’ai fait pour le bien de l’Imperium. Si les autorités ont reconnu en lui un être dangereux pour le secteur ainsi que sa population, il méritait d’être abattu, pour le bien de l’Empire. Pour le bien de tous. Si j’ai bien fait ce que j’ai pu faire à votre mère, c’est qu’elle le méritait, elle l’avait cherché, et si vous étiez bien une bâtarde, vous avez mérité cet enfermement. Finalement vous vous en êtes sortie. Que peut-on me reprocher ?
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-Avez-vous déjà eu un sentiment humain ?
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-Je suis un être humain. Je crois. »
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Ses lèvres se crispèrent alors, ses commissures se levèrent mais je ne pus distinguer ce que cette femme pouvait ressentir à ce moment-là, je ne pouvais pas savoir car chaque expression, la moindre contraction musculaire était une énigme. Je me tournai vers le public, j’observais les visages sans pouvoir les regarder, chaque cillement, chaque muscle avait ce même mouvement inutile à mes yeux, j’étais aveugle, mais je les voyais. L’être humain était une créature que je n’arrivais pas à comprendre, j’y arrivais ou je crus y arriver avant, mais maintenant, je ne pus que les observer depuis mon aquarium, derrière la vitre blindée. Il m’arrivait par moment d’arrêter mes yeux sur un spécimen qui avait l’air plus intéressant à observer, un muscle qui ne se contractait pas comme tout le monde, une position du nez et des yeux qui ne correspondaient pas au reste, mais au final, tous se ressemblaient. Ces hommes et ces femmes avaient tous le visage déformé par leurs émotions, pendant que le mien restait inerte face à leurs nargues. Je posais mes mains sur la vitre soudainement, sans animosité, puisque pour une fois, je pouvais l’affirmer, j’étais un spectateur. Ils étaient ma bête curieuse, des gens que j’essayais de comprendre en vain, comment mangeaient-ils ? Comment discutaient-ils entre eux ? J’essayais de vous comprendre, humains, je vous parais bizarre, je vous parais étrange, mais aurais-je paru plus normal si j’avais des griffes et des cornes ? Je vous aurais sûrement moins intrigué puisque vous auriez été sûr que je n’étais pas comme vous. Mais cette frontière de verre maintenant les laissait regarder la bête curieuse, voir un Solstice en vrai, quelle expérience magique ! Au prix d’un ticket vous pourrez voir la bête humaine. Mais moi aussi je vous voyais, moi aussi je vous observais dans votre habitat naturel. J’aurais tellement voulu être comme vous, l’espace d’une journée, pour ne plus voir cette interrogation dans votre visage, pour pouvoir voir à quoi ressemble un sourire, peut-être même en faire un ! Non, maintenant je ne pouvais en faire que des ersatz, des machins qui ne ressemblent à rien, comme un automate.
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-Avez-vous déjà eu un sentiment humain ?
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-Je suis un être humain. Je crois. »
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Ses lèvres se crispèrent alors, ses commissures se levèrent mais je ne pus distinguer ce que cette femme pouvait ressentir à ce moment-là, je ne pouvais pas savoir car chaque expression, la moindre contraction musculaire était une énigme. Je me tournai vers le public, j’observais les visages sans pouvoir les regarder, chaque cillement, chaque muscle avait ce même mouvement inutile à mes yeux, j’étais aveugle, mais je les voyais. L’être humain était une créature que je n’arrivais pas à comprendre, j’y arrivais ou je crus y arriver avant, mais maintenant, je ne pus que les observer depuis mon aquarium, derrière la vitre blindée. Il m’arrivait par moment d’arrêter mes yeux sur un spécimen qui avait l’air plus intéressant à observer, un muscle qui ne se contractait pas comme tout le monde, une position du nez et des yeux qui ne correspondaient pas au reste, mais au final, tous se ressemblaient. Ces hommes et ces femmes avaient tous le visage déformé par leurs émotions, pendant que le mien restait inerte face à leurs nargues. Je posais mes mains sur la vitre soudainement, sans animosité, puisque pour une fois, je pouvais l’affirmer, j’étais un spectateur. Ils étaient ma bête curieuse, des gens que j’essayais de comprendre en vain, comment mangeaient-ils ? Comment discutaient-ils entre eux ? J’essayais de vous comprendre, humains, je vous parais bizarre, je vous parais étrange, mais aurais-je paru plus normal si j’avais des griffes et des cornes ? Je vous aurais sûrement moins intrigué puisque vous auriez été sûr que je n’étais pas comme vous. Mais cette frontière de verre maintenant les laissait regarder la bête curieuse, voir un Solstice en vrai, quelle expérience magique ! Au prix d’un ticket vous pourrez voir la bête humaine. Mais moi aussi je vous voyais, moi aussi je vous observais dans votre habitat naturel. J’aurais tellement voulu être comme vous, l’espace d’une journée, pour ne plus voir cette interrogation dans votre visage, pour pouvoir voir à quoi ressemble un sourire, peut-être même en faire un ! Non, maintenant je ne pouvais en faire que des ersatz, des machins qui ne ressemblent à rien, comme un automate.
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Dans le couloir de la prison me rapprochant de la symphonie des fusils, je vis ces mêmes gens me regarder derrière les barreaux de leurs cellules, les bras ballants. Et c’était après une incompréhension complète, quand je me mis à hurler « Ave Hujan ! » que mon corps se mit à expirer dans un immonde gargouillis après l'éblouissement des armes. Et mille bras tendus devant moi comme mille fleurs recueillant mon âme.
« Eh ! Elle était bonne la travelot hein ? »
Informations sur l'article
HRP
11 Octobre 2015
1938√
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