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Hard & Naline
Dans la nuit noire et moite des bas-fonds, quand la faible lueur des rares réverbères vous collait à la peau et s’agrippait à chaque goutte de sueur comme pour vous habiller d’une aura de peur, l’instant n’était pas à la futilité. Le moindre faux-pas, la moindre erreur pouvait vous coûter très cher.
C’est la raison pour laquelle depuis plus d’une heptade, les trois compères préparaient méticuleusement leur coup – depuis le jour où l’Ambassadeur avait annoncé par la voie protocolaire de ses sous-fifres habituels, qu’il irait lui-même inaugurer la Soupe Impériale.
En ce temps-là, dans son incommensurable mansuétude, le gouvernement d’Imperator avait accordé une subvention exceptionnelle afin d’élever au rang d’OI un bâtiment miteux de la Basse-Ville, censé fournir des repas gratos aux indigents toujours plus nombreux et plus miséreux qui grouillaient dans l’Empire. Certes, l’Ambassadeur n’en avait strictement rien à secouer de cette faune. Il s’agissait plutôt de concéder son aval au projet propagandiste d’un quelconque Nobilis qui désirait s’acheter une bonne conscience. C’est en tout cas ce qu’avaient compris les trois camarades de galère.
Hard était un vieil orc, ancien combattant mis au rebus du Militarium depuis qu’il s’était pris un coup de baïonnette et que deux doigts de sa main droite avaient décidé de vivre leur propre vie sans se soucier du reste de l’animal.
Naline était un gobelin maigre comme un clou, foutu à la porte des STV parce qu’il avait refusé de serrer les boulons des cuves tant que les ouvriers n’auraient pas de vestiaires privatifs, ni de tenue pour les protéger du rayonnement toxique des cristaux farins.
Ludwig était un humain normal avec une gueule de pervers, fan de cinéma gore et de musique classique, un tordu dans l’âme, un paumé violent, un criminel né, sans alibi social ni excuse.
Naline était un gobelin maigre comme un clou, foutu à la porte des STV parce qu’il avait refusé de serrer les boulons des cuves tant que les ouvriers n’auraient pas de vestiaires privatifs, ni de tenue pour les protéger du rayonnement toxique des cristaux farins.
Ludwig était un humain normal avec une gueule de pervers, fan de cinéma gore et de musique classique, un tordu dans l’âme, un paumé violent, un criminel né, sans alibi social ni excuse.
Tous les trois étaient en train d’ingurgiter l’immonde soupe de la SI lorsqu’ils entendirent le porte-parole de l’Ambassadeur annoncer fièrement sur DCN-TV que Sa Noblitude l’Ambassadeur en personne foulerait le sol de leur gourbi de ses petits bottillons vernis pour couper un ruban de soie et se faire mousser à la sortie devant un par-terre de journalistes.
Ludwig avait alors laissé son regard de malade s’évaporer dans l’infini des enfers et avait maugréé que ce qui serait bonnard ce jour-là, ce serait de bouffer autre chose que du potage… disons, de la cervelle.
- Hein ? Vous en dites quoi les mecs ? Pourquoi on ne mangerait pas de la cervelle d’Ambassadeur, plutôt ?
- Ouais ! On marche avec toi - avait répondu Hard - Unis comme les trois doigts d'la main !
- Hein ? Vous en dites quoi les mecs ? Pourquoi on ne mangerait pas de la cervelle d’Ambassadeur, plutôt ?
- Ouais ! On marche avec toi - avait répondu Hard - Unis comme les trois doigts d'la main !
Depuis ce jour, Hard, Naline et Ludwig s’étaient trouvé une raison de vivre, un but. Ils échafaudaient un plan qui leur permettrait de savourer de la cervelle de Legatus. Et lorsque le jour J arriva, ils étaient prêts, ils avaient tout prévu… Mais hélas, un grain de sable enraya la machine infernale.
L’Ambassadeur était arrivé à l’heure dite. Ils avaient pu déjouer la garde et se faufiler jusqu’à lui comme prévu. Ils avaient réussi à le décapiter discrètement conformément au plan. Ils s’étaient éclipsés avec la tête jusqu’à la cuisine mais sitôt le crâne décalotté ils se rendirent à l’évidence : l’Ambassadeur n’avait pas de cervelle.
Dans un accès de rage et de désespoir, Ludwig hurla « L’enfoiréééé ! » et le son de sa voix porta jusqu’à la garde qui était déjà à la recherche de la tête de la tête de l’Ambassade. Trahis par cette exclamation, les trois compères furent repérés et faits prisonniers.
Le gros orc, l’humain moyen et le petit gob furent jugés. Hard et Naline furent condamnés alors que l’humain fut acquitté.
Vous savez pourquoi ?
Parce que dans la Basse-Ville, la faim justifie les moyens.
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Informations sur l'article
Légendes urbaines
03 Janvier 2013
1128√
8☆
10◊
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◊ Commentaires
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Siouka~35641 (583☆) Le 04 Janvier 2013
/me sourit. -
Kinchaka~27073 (1094☆) Le 04 Janvier 2013
Ludwig m'a fait penser à Fract -
Siouka~35641 (583☆) Le 04 Janvier 2013
Nan, perdu. C'est pô Fract. -
Night (123☆) Le 29 Janvier 2013
ça m'a fait rire..