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Le geai moqueur
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Tandis que la porte s’écrase violemment contre le mur à la suite d’une rencontre inopinée avec ma botte, je fais irruption dans la salle. Trois sont déjà présents, Nyumi, tout aussi calme qu’à son habitude, Ashley, nerveuse, ainsi qu’un frangin bien inquiet.
Le premier mur fera l’affaire, soumis à ma colère, il récolte une série de coups plus violents les uns que les autres; le sang vient couler le long de mes phalanges, le pourpre contrastant avec le blanc laiteux de ma peau. DarKobalt s’approche, ses mains tremblant.
Ce sont les seuls mots qui arrivent à sortir de ma gorge, prononcés dans le plus grand désespoir. Quatre foutus mots, formant chacun une partie de la croix dans mon dos. Il se fige, sidéré.
"Co..Comment ça, tu parles de l’implant?"
Non, il ne comprend pas, et je me retiens de lui asséner une violente gifle, pour son incompréhension, pour son déni de la situation. Puis il comprend, ses bras retombant mollement, une lueur sombre dans le regard.
Peu à peu, tous arrivent, spectateurs du ballet macabre qui se prépare. Les minutes s’enchaînent, les solutions se brassent, toutes aussi stériles les unes que les autres. Les insultes envers elle fusent, et cela l’attire peu à peu parmi l’assemblée liguée contre elle. Je la sens, elle et sa haine sans fin, elle et sa tristesse, qui remonte en moi, s’insinuant dans chaque veine, remontant synapse par synapse.
"Je ne détecte rien, aucun signal matriciel, Ça ne veut pas dire qu’il n’en existe pas, mais ce serait… Illogique d’être relié à la matrice pour ce qu'elle est."
Bordel, mais j’en sais rien, c’est toi le nerd de la famille ! Il decke à toute vitesse, enchaînant les commandes, les recherches, son génie anxieux se dévouant à trouver une solution. Il finit par parler après de longues minutes écrasantes, comme si l’ombre d’un rapace nous recouvrait.
"J’ai une idée, une idée foireuse, Le problème, c’est que j’ai pas la puissance de calcul pour faire ça."
Le geai moqueur a fait fi de son masque souriant et malicieux.
Il se concentre sur son deck, absorbé dans ses pensées, et des idées toujours plus tordues défilent, son regard animé d’une lueur mystérieuse.
Un lent fourmillement dans mon bras, une absence mentale, et je reprends conscience quelques secondes après, canon braqué sur la nuque de mon frère. Je ne veux pas, je me refuse de céder face à celle qui voulait le voir trépasser dans une effusion d’hémoglobine soudaine. Elle le cingle de questions, il tente de la raisonner.
Je le sens hésiter, son regard se tournant vers moi, ou elle, je ne sais pas…
Je le sens en elle, ce désir de se briser de cette entrave, mais elle n’est qu’une programmation, elle obéit à un programme, régi par des protocoles. Enfermée dans sa haine, dans son gouffre de solitude. Elle souffrira comme elle m’a fait souffrir, elle sera à ma merci, comme j’ai été à la sienne.
...Pourquoi lui tend-il la main?
Il la fixe, le regard anxieux, inquiet, prêt à tout lâcher, encore une fois.
Je la sens hésiter, profondément, il a visé juste, sur son conflit avec sa condition. Une IA enfermée sur elle-même. Il s'approche de nous, profitant du doute pour nous murmurer dans l'oreille.
Il lui sourit alors tristement, fixant l’œil gris qui orne le côté droit de mon visage.
Dans un hurlement inconscient, je combats celle qui fut mon esclavagiste toutes ces années. Mon esprit se déchire lentement, alors que le sien s’abreuve de mes souffrances. DarKobalt en profite pour décaler le canon qui fait feu. L’odeur de poudre emplit l’air, le plomb ne rencontre que le vide, et le mur déjà moucheté de mon sang.
Je libère un bras de son contrôle, le bruit d’enclenchement d’une cartouche dans la chambre retentit, éjectant la cartouche vide. Il comprend mes intentions, je peux lire dans son regard le regret de mots dont il n'avait mesuré toute la portée. Lui comme moi savons déjà que c'est trop tard. Je regrette également. Pourquoi le faire souffrir ainsi?
Je vais la combattre. La vaincre.
Le canon se dirige vers sa nouvelle cible, puis crache son enfer de plomb. La pointe creuse vient perforer entre les mâchoires et heurte l’os plus loin, l’éclate sur le coup. La force d’impact fait voler en éclat tout une partie du crâne, les débris aspergent l’assemblée.
Perdu au milieu du vacarme soudain, couvert du sang de son prédateur, le geai moqueur renonce à son chant facétieux.
Informations sur l'article
Boulevard of Broken Dreams
06 Février 2016
1593√
5☆
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◊ Commentaires
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Spero~60353 (0☆) Le 06 Février 2016
Est-là quelque part, toujours. Mais ne dit rien, jamais rien. -
Shaia~37051 (568☆) Le 08 Février 2016
Erre parmi le smog, sans rien dire, n'ayant pour seul but la rédemption de son être