EDC de Shaani~34818

Je me suis rapidement engouffrée dans l’appartement – mon appartement ! - la porte se refermant derrière moi dans un bref choc métallique. D’un pas tout aussi alerte, je me suis dirigée vers la salle d’eau, me déshabillant avec une hâte que dénote l’expression calme, impénétrable de mes traits pâles et tirés. Ces nuits de garde au sein du DCN m’épuisent... Je ressens brusquement une intense et pesante fatigue, comme une chape de béton sur mes épaules. Sur ma peau j’accueille le puissant jet d’eau presque brûlant avec un plaisir et un soulagement non feints, le laissant crépiter sur mon crâne et noyer mon visage dans ses voiles liquides. Fermant les yeux, je me concentre alors… comme au ralenti, je perçois toute une myriade de gouttes d’eau virevolter autour de moi, suivant la course de l’une dans le sillage de l’autre avant qu’elles ne s’écrasent sur ma peau en gerbes minuscules. Ma concentration se raffermit sous le ressac bienfaisant de cette insolite méditation, tempérant les élans impulsifs de mon esprit, modérant les émotions entravées que cette rencontre inopinée – et la silhouette de cet homme au regard doux, rassurant, s'invite sous mon front ! - a suscitées.

Ses doigts qui, dans un geste délicat, emprisonnent une mèche de mes cheveux pour les replacer derrière l’oreille... sa main qui frôle la mienne... ces frissons indicibles qui étreignent tout mon être !

Les mains posées à plat contre la paroi embuée de la douche, le visage penché en avant dissimulé sous les bandeaux humides de mes courts cheveux neigeux, je me détends lentement, mon rythme cardiaque s’alentissant et rejouant son solo régulier. Une longue journée, oui ! semée de sensations étranges, comme si mon corps me trahissait... comme s'il se moquait de moi !

Que m’arrive-t-il... ? Que signifie cette impression de douce brûlure au creux de mon ventre, ce frémissement nerveux et cette impression d’étouffer, de manquer d’air sous le joug de Son regard... ?

J’en suis là de mes réflexions lorsque je coupe l’arrivée d’eau et sort de la douche, toute dégoulinante. Je me sèche tout en évoluant vers le sofa. Là, considérant cette couche avec un mélange de perplexité et de méfiance, je finis par céder et m’allonge, mon corps nu frissonnant sous les draps, avant de sombrer dans un profond sommeil...

... préservant les vestiges de son souffle contre mon oreille. « Bienvenue chez vous, Shaani... »