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Criança
Sur ses cheveux cascadent un air de vacances. Et dans ses yeux, sombres, profonds peut-être, la lueur pâle de ceux qui ne savent pas ou ils vont. Et puis son nez, et sa bouche, et puis ses oreilles, son menton petit comme un rat juvénile, dans tout cela, il y a Saudade; il y a l'égarement. Il y a la paresse, ou plutôt le monde des sens.
Qu'y a-t-il, à part manger, et ne pas avoir froid? Et puis quelle est la nature des choses, et leur sens profond? Elle n'aime pas quand ils rient si fort, ou parlent de rien du tout à toute vitesse. Elle se musse près de l'âtre, ou des lueurs pâles, vieillottes du juke-box, elle aime quand il roronne et quand il l'éclaire. Curieuse, elle l'est parfois, et furète, désarçonne, sans doute; car comme celui amputé d'un sens se voit les autres amplifiés, le sens commun qu'elle n'a pas décuple ses questionnements existentiels. Déçue du silence radio de son communicateur, elle est tiraillée entre l'envie de lien social et celui de gratter les chewings-gums collés contre la plante de ses pieds nus.
Puis elle n'a toujours pas trouvé de chapeau à son pied, ni d'ami pour guider ses pas grisâtres. Elle a toujours du poil aux jambes, et sous les bras, et puis quand elle parle, elle s'égare toujours. Sans doute se demande-t-on si elle changera, et si quelque chose, un déclic peut-être, viendra résoudre l'énigme. Et puis personne ne lui a parlé de politique, de secteurs, de méchants à occire, et de travail, de crédits, à peine; elle flotte ailleurs, dans une réalité où n'a cours qu'aujourd'hui, que ses pieds et ses mains, s'ils sont au chaud, et son estomac, s'il est plein. En fait, personne n'a rien expliqué du tout, ou elle a tout oublié.
De toute façon, personne ne remarque son petit corps mussé sur un coussin, sous les néons et près de l'horloge. Quand elle élève la voix, elle sent qu'elle agaçe, et puis ils en ont marre; ils tolèrent, éventuellement, et se fait discrète. Et puis elle ne connaît que ça, le bar et son âtre vermeil. Et maintenant, et les brochettes, et la sieste. Et le mal existentiel.
Informations sur l'article
Saudade
15 Août 2016
1040√
14☆
5◊
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◊ Commentaires
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Léonie (324☆) Le 15 Août 2016
Ton personnage est émouvant et surtout désarçonne. J'aime beaucoup ces mots posés et le décor fleuri. -
Saudade~63038 (40☆) Le 15 Août 2016
Merci à Paul Gauguin, mon fleuriste. -
EHeFEB (0☆) Le 15 Août 2016
Ah ! Lisse, et doux comme de la soie !