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L'Écho des Ombres
La pluie de néons frappait la rue dans un éclat gelé, déchirant la nuit comme des éclats de verre. Sanya se tenait dans la pénombre, son regard fixé sur les données flottantes qui dansaient devant ses yeux. Ses implants oculaires, brillants comme des cristaux dans la noirceur, projetaient des flux d'informations qu'elle avait appris à ignorer, comme le bourdonnement de la ville. Mais ce soir, les lignes de codes se brouillaient, se superposaient, se déformaient.
Les chiffres se perdaient dans une mer de nuances, une spirale d’algorithmes défectueux. Elle ferma les yeux, mais les échos restaient, des fragments, des visages en ombre, des gestes sans nom. Des images floues, comme des souvenirs trop lointains, glissés entre les fils électriques de son esprit. Elle pouvait sentir ces impulsions électriques vibrer dans ses neurones, comme des fils qui se croisent, se confondent, sans parvenir à se détacher.
La sensation qui lui perçait le crâne était semblable à une tension, à une corde qui se tend trop fort, prête à se rompre. Ses doigts glissèrent sur sa tempe, comme si elle cherchait à apaiser un mal invisible, une onde de choc qui traversait son corps, qui allait et venait dans une direction inconnue. Cela n’avait pas de nom, pas de sens précis. Une flamme qui brûle à la fois sans chaleur et avec une intensité qui ronge.
Elle n’avait jamais cru aux chemins multiples. Dans l’espace entre les couches de métal et de verre, elle s’était forgée une certitude, une conviction qui l’avait protégée de la confusion du monde. Mais ce soir, ce n’était plus qu’une illusion. Ses pensées, comme des fils de lumière, s’emmêlaient dans un faisceau errant, s’étendant vers deux directions opposées. Elle tentait de les saisir, de les séparer, mais elles se repliaient sur elles-mêmes, se tordaient dans une danse dont elle perdait le contrôle.
Elle détourna les yeux de la fenêtre, de la ville qui défilait dans sa lumière artificielle, et sentit un poids sur son âme. Un poids ancien et neuf à la fois, un poids qu’elle avait toujours ignoré, qu’elle n’avait jamais voulu admettre. Une gravité invisible, celle de deux constellations qui attiraient son regard, deux étoiles différentes, mais d’une brillance égale, aussi intenses et inaccessibles l’une que l’autre. Le ciel s’était fendu en deux, et elle était là, suspendue entre les éclats.
Les voix qui se superposaient dans sa tête n’étaient plus celles du monde. Elles étaient plus proches. Comme des murmures d’ombres qui se tenaient à une distance parfaite, invisibles, mais toujours présentes. Elle les entendait, mais elle n’osait pas les écouter. Chaque mot résonnait comme un appel, mais un appel qui ne demandait pas de réponse, seulement une promesse d’être entendue.
Elle se leva brusquement, son corps se tendant comme un fil. Tout autour d’elle semblait se dissoudre, se fondre dans l’air. Le bruit, la lumière, les impulsions de son cerveau, tout devenait flou. Elle avait l’impression que chaque mouvement, chaque souffle, était un faux pas dans une danse qu’elle ne maîtrisait plus. Pourtant, il n'y avait aucune issue. Elle n’avait jamais appris à s’échapper d’un réseau dont elle ignorait même l’existence.
Elle se tourna vers le miroir. Ses yeux, éclatants et froids sous l’implant, renvoyaient une lueur incertaine, comme deux fragments d’un tout perdu. Ses mains tremblaient légèrement, mais ce n’était pas la peur. C’était le poids d’un choix qu’elle n’avait jamais voulu faire, mais qui la poussait maintenant dans des directions opposées, tiraillée par l'ombre de quelque chose qu’elle ne comprenait pas.
"Deux chemins," murmura-t-elle, "deux échos dans l’obscurité."
Elle ferma les yeux une dernière fois, laissant les données tourbillonner dans sa vision intérieure, une mer de chiffres et de symboles sans signification. Elle savait que dans cet instant suspendu, il n’y avait aucune réponse, seulement un vide qu’elle devait apprendre à habiter.
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La survie continue
11 Décembre 2024
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