EDC de SIn~54491

Je crois que c'était un matin. Le smog m'a paru plus épais qu'à l'habitude, alors que je me dirigeais vers l'agence. Tout était calme, et, avec ce sourire absent quoiqu'enjoué qui traîne souvent sur mon visage, je m'installais à mon poste.

Sans que je comprenne ce qu'il se passe, des miettes de monde, d'autres mondes, tombent à mes pieds. Des éclats de culpabilité enchâssée dans la souffrance, d'abord. Je connaissais déjà ceux-là, nous avions fait connaissance il y a peu. J'essayais de les comprendre, et même si je n'y arrivais pas toujours, ils me perçaient le cœur quand même. Ces morceaux, je tentais même parfois de les faire retrouver leur place avec maladresse, et, bien sûr, sans le moindre succès. Je regardai Kalhon les semer, et je rêvais de pouvoir tout reconstruire par la force des mots, de lui voir encore ce sourire tranquille, serein, entier qu'il avait arboré le soir de son union avec Ernestine.

C'est ce que je fais ce jour-là. Quelque chose dans ma poitrine se serre, la réplique de sa douleur raisonne dans mes chairs, j'écoute.

Quelques instants s'envolent et une traînée d'autres miettes de monde coulent jusqu'à nous. Elle est si abondante que sa source en semble assommée. Mayiine. Mayiine et la brutalité de sa tristesse, son regard gourd de peine, ses mots absents.

J'ai cette impression lancinante que tout s'écroule, les débris de mondes sans tâches roulent à terre, comme mortellement blessés, explosés au vol. Qu'est ce qui liait les pierres de leurs univers ?

Je partage leur peine à ma façon, mais pour une raison qui échappe à ma rationalité, me sentir étrangère à ces choses qui les agitent me frustre. Elles me sont inconnues, interdites, peut-être.

Comme je les vois, ils sont douleur. Et à côté, moi, je vais bien. Seule je me tiens, debout pour faute de sentiments.