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EDC de Raïne~67048

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Blues céruléen

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[Article HRP - Votre personnage ne sait que ce qu'il a vécu des évènements racontés.
Propos volontairement très subjectifs.
]

[Musique d'ambiance]
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"Je suis face à un semblant de dilemme, concernant ton cas, au vu des informations que j'ai sous le nez."

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    Le quotidien n'a pas été clément avec la gynoïde aux longs cheveux bleus, ces derniers temps. Sur bien des plans, c'est une lente dégringolade. La routine et sa morosité, tout d'abord, se sont bien enracinées autour d'elle: boulot, compo, dodo, une triade ne changeant de celle de l'orc moyen que par sa teneur en alcool. Puis au bar, aussi. Prises de têtes avec son supérieur, au point de déserter ce lieu tombant en déchéance, à l'image de sa corporation. Une corporation qui ne fait aucun effort pour ne serait-ce que saisir les opportunités qu'elle crée. Elle esquivait autant que possible les pensées sur son dernier concert, chaos en matière d'organisation et de sécurité. Elle voulait partir, aller chasser ses rêves ailleurs, dans les promesses mielleuses d'un nouveau studio et de l'Arène Impériale.


    Mais le Sud, on ne le quitte pas comme ça. Ceux qui essaient de le fuir finissent toujours par mordre la poussière. Et pour elle, ce fut rapide, explosif et douloureux: dans un incident irradiant de l'absurdité la plus totale. La vraie folie, elle n'a rien à voir avec le fait de souffrir, bien qu'on puisse, en effet, souffrir de sa folie. C'est quelque chose de spontané, à l'opposé de la raison. C'est moche, gratuit et imprévisible, à l'image de sa tortionnaire d'un soir, jalouse de ces couettes plus longues que les siennes.


    La sortie de glanage se transforme en exutoire des souffrances, et il en faut peu pour faire craquer la gynoïde déjà fragilisée. Aux mots venimeux se joignent quelques marques griffues sur la proie, ainsi qu'un bracelet métallique avec micro-ondes intégré² irradié³. La traumatisée est renvoyée au foyer, et à ce drame presque complet peut s'ajouter alors les victimes secondaires, surprotectrices envers la petite bleue.

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    Mais ce n'était que l'entracte. Tu n'étais pas au bout de tes souffrances. Et quoi de mieux comme paroxysme mordant que la vérité? Tu n'es qu'un projet. Voilà, c'est dit. Tu es un tas de données, dans un amas de composés électroniques, qui remue un bloc de synthé-chair. Tu es prévue pour imiter à la perfection l'humain, alors que tu n'as rien de lui. Tu es un pantin que l'on crible de maux pour mener à bien une expérience absurde, dirigée par une volonté supérieure aux motifs obscurs.


    Et tes circuits s'agitent, cogitent, les données et le déni se confrontent, tu remues bêtement sur la table d'opération comme si tu pouvais y changer quelque chose, mais la chirurgienne ne t'accorde pas de répit, car avant de songer à l'ego brisé de sa patiente et à l’échéance d'un projet, elle a un bras à réparer. Le scalpel laser creuse dans les chairs superficielles fondues, au rythme des hurlements de douleur et de cette musique insolente que l'opératrice a cru bon de mettre, préférant économiser les sédatifs pour ses patients pleinement organiques.


    Le temps passe, si lentement et si vite, et tes souffrances s'arrêtent, remplacées par une prothèse flambant neuf, qui te surchargera d'une dette morale envers ceux que tu comptais lâcher. On te traîne de retour chez toi, et tu restes là, à somnoler à moitié, épuisée, en sueur, la gorge sèche et la voix rauque, avec cette putain de prothèse que tu galères à contrôler.

Tu refermes les yeux, contemplant le temps qu'il te reste à vivre.

Informations sur l'article

Love is War「恋は戦争」
27 Juillet 2017
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