EDC de Raïne~67048

[Musique d'ambiance] ----------------------------------------------------

"J'me dis que tu préférerais peut être que j'te considère comme une machine... Mais j'suis égoïste. J'ai pas envie de te voir autrement que comme une vraie personne."
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Quelque temps auparavant.

    Créer un être artificiel, à partir de composants organiques, imitant à la quasi-perfection l'humain: cela n'a rien d'extraordinaire, à DreadCast. C'est d'ailleurs la cause du paradoxe des réactions engendrées par la gynoïde. Des haussements de sourcils pour ceux qui prennent la peine de la decker, des mines surprises lorsqu'elle annonce sa nature de réplicante. Mais tous ces gens ont oublié une chose: ils ne sont pas plus naturels qu'elle, qui n'a fait que suivre un chemin identique au leur, à travers éprouvettes, cuves et maturateurs. Par principe, toutes les méta-races sont artificielles. Le "naturel", c'est un mot vide de sens dans un univers où tout a été apporté par Sa main.


    Mais tout cela n'a au final que peu d'impact sur une routine au cycle enfoncé dans le crâne de chaque habitant de la ville. Bienvenue dans un quotidien morose, rythmé au gré des désirs étanchés par un consumérisme sans bornes, et de ceux qui ne se suffisent pas à posséder. Ces derniers sont rares, car tout s'achète: un plat de qualité, une arme pour compenser son ego, les dernières fringues à la mode, une déco d'intérieur, le flic qui ne nous aura pas vu vendre notre came, la tête de notre ennemi, le silence du témoin, les fantasmes les plus lubriques.

---------------------------------------------------- 貴方は酷いよ。

    Tu es effrayée par les conséquences de ces envies insatiables qu'aucune mégacorpo ne saurait présenter dans une vitrine. Aimer. Elle t'approche avec cette intention, et tu t'en doutes, bien que jouant la fille naïve. Tu sais très bien comment ça devrait finir, tu en as assez entendu parler autour de toi. Seulement, il y a un problème, un mur de l'impossible qui se dresse au milieu de cela. Ce n'est pas que tu ne veux pas. Mais tu n'es pas humaine.


    C'est impossible pour cette seule et absurde raison. Tu n'as pas été conçue pour aimer, ou pour te reproduire. La fonction qui t'a été assignée est autre, bien que tu ignores toujours ce qu'elle puisse être. Tu es un robot, et tu ne peux pas aimer. Regarde-toi, insensible aux sentiments des autres envers toi. Souviens-toi, des proches qui ont déjà disparus, avalés par le désespoir émanant de la cité déchue. Tu les as déjà oubliés? C'est normal. Tes sentiments n'ont pas d'importance, aussitôt désintégrés dans les tréfonds de ton cerveau atypique.

怖い、怖い、怖い！
    Mais il y a malgré tout quelque chose d'étrange qui émane de toi, pantin au sourire inventé de toutes pièces, enchaînement de mimiques pré-déterminées par des lignes de code sans émotion. Tu as peur de blesser, ne sachant pas quoi faire de ce lien à sens unique. Si tu tirais trop dessus, tu risquerais de trancher ses espoirs; si tu laissais trop aller, tu la perdrais dans sa propre désolation. Elle ne mérite pas cette souffrance, mais il est déjà trop tard: un jour ou l'autre, elle craquera, épuisée de frapper sur la glace incassable qui vous sépare, et tu ne pourras contempler que la conséquence de ton être, impuissante.


    D'ici là, tu la laisses te guider, tu n'es plus que la funambule aveugle au-dessus d'un précipice sans fond. A sa demande, tu restes toi-même, composée de ce sourire craquant et de cette voix mélodieuse. Mais qu'en est-il, derrière cette façade?