EDC de Raïne~67048

[Musique d'ambiance] ----------------------------------------------------

    Gris, monotone et décevant. Voilà comment veut s'afficher le monde qui entoure la gynoïde, essayant de saper, jour après jour, sa motivation. Mais, paradoxalement, celle-ci n'en fait que croître davantage. Chaque assaut la rend un peu plus robuste. Elle refuse de se laisser abattre, et fuit le désespoir en courant dans les traces de ceux qui l'élèvent.



    C'est pourtant chose compliquée que de frotter sa naïveté, son innocence de rêveuse et son optimisme à la dure réalité de la ville. Il n'est pas aisé de transmettre son sourire et sa bonne humeur à des gens enfermés entre quatre murs de désolation, résolus à une vie morne et dénuée d'intérêt. Au plus bas, il y a ceux qui ont tout raté. Les clodos qui mendient, assis sur le bitume, ils se fichent d'être heureux, ils veulent juste survivre. Et ces toxicos, aux yeux hagards, perdus dans un autre monde, ne seront pas plus réceptifs.



    Puis il y a les autres, ceux qui ont plus ou moins réussi, qui ont un job, une piaule, et qui peuvent regarder cette première catégorie de haut, ou la prendre en pitié. Eux, ils ont bien plus de chance de réagir aux courbes trop parfaites de la gynoïde qu'à son sourire, occupés qu'ils sont à noyer leur avidité sans fond dans un consumérisme primaire, à ne raisonner plus que par des chiffres...quand ils sont encore capables de raisonner tout court.


Rien qu'aujourd'hui, elle aurait pu mener trois personnes du bout du nez, avec une simple pix'.

    Parmi ceux dont Raïne croise le chemin, certains sont complètement conscients de leur état, l'acceptent, l'assument même. D'autres, plus hypocrites, viennent lui parler de changement, de dynamique, avec des mots savants; et vont quelques heures plus tard fouiller les poubelles des Bas-Fonds pour trouver de quoi manger, se vêtir et survivre, incapables de s'élever aussi haut qu'ils ne le prétendent, préférant se complaire dans leurs vices. Ils critiquent la routine des autres, et s'aveuglent sur la leur. Prétendent avancer, mais tournent en rond.


Ils tournent tous, tous en rond, dans leurs illusions monochromes, dans le tumulte d'une tornade qui veut dévêtir la synthétique de ses couleurs, qui veut souffler sur la lueur qu'elle essaie d'apporter aux autres.

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    Et toi, Miku? Toi aussi, tu commences à ériger tes petits plans de vie? T'y tiendras-tu sagement? Ira-tu trouver ta place avec eux dans ce cycle sans fin? Joueras-tu les anti-conformistes, produits d'une société dont ils se mettent en marge? Non. Tu ne veux pas te laisser emporter par tout ça. Tu veux tenir bon. Tu veux composer avec les tons sombres des personnalités qui t'entourent, en mélanger les nuances, pour qu'il en ressorte un éclat d'espoir. Tu aimerais comprendre ce qui ne va pas, changer les choses, éradiquer le malheur; démontrer que les crédits ne sont pas à eux seuls une raison de vivre; qu'on peut trouver une once de plaisir ailleurs que dans le sexe: dans le sourire et la compagnie des autres, dans les moments partagés face aux malheurs.



    Le voilà, ton plan de vie, ton combat. Il ne se déroule pas par les armes. Il n'a rien d'intelligent. Il n'a rien pour lui! Mais il donne aux autres, il se débrouille, il improvise; il rebondit sur l'instant pour faire vibrer les autres. Il se cale sur le tempo d'une société, non pas pour la vampiriser, mais pour créer. Créer. Un mot qui sonne juste, à tes oreilles.


Au fond d'une chambre, dans un silence oppressant, une voix mélodieuse s'éveille.