EDC de Raïne~67048

[Musique d'ambiance] ----------------------------------------------------[4/279.2]

    Le crépuscule tombe sur la cité solitaire. Les bourrasques, successives et inlassables, poussent l'épais smog dans les rues animées et colorées de DreadCast. La foule hétéroclite se bouscule sous les néons dans un flot ininterrompu, entrant et sortant des magasins aux néons flashy, des immeubles d'habitation délabrés, et s'immisce jusque dans les moindres ruelles, aussi peu avenantes soient-elles. Les gens discutent, crient, rient, les panneaux publicitaires hurlent à outrance jingles et slogans, dans une ville qui toujours grouille d'activité. Les policiers patrouillent et contrôlent les citoyens, les pickpockets dépouillent les imprudents, les gros durs fendent la foule...



    Et soudain, des coups de feu retentissent en rafales, suivis de cris de douleur surpassant le brouhaha ambiant, qui s'éteint rapidement. En réponse au silence s'élève un tonnerre de panique. Tout le monde fuit, loin des policiers et des criminels qui règlent leurs comptes, à l'abri des balles qui sifflent et du sang répandu. En un instant, le chaos du combat a succédé au tumulte des rues.



    À proximité de l'affrontement, une jeune fille aux longs cheveux bleus défaits se tient recroquevillée derrière un muret, les mains sur les tempes, terrorisée. Un passant, plus souciant que la majorité, essaie de rassurer l'ignorante fraîchement sortie du Centre Hospitalier. Car ce qu'elle n'a pas encore compris...

C'est que, plus que les néons, les passants et les slogants, ce sont la haine, la violence, et la mort, qui font désormais partie de son quotidien.
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    Te voilà à présent allongée sur le lit de quelqu'un d'autre, en train de consulter ton communicateur. On t'a recueilli, offert un job, des fringues, un logement temporaire. On t'intègre dans une société que tu essaie de comprendre sans réellement y parvenir. A chaque réponse que l'on te donne, tu ne fais que soulever plus d'interrogations. On t'apprend le peu que l'on sait, en essayant de te tenir à l'écart des choses trop dangereuses. On te protège, enfin, tu le crois.



    Il faut dire que ta bouille lisse et apathique doit y être pour quelque chose. Une gamine sans défense, c'est sûrement l'image que les gens ont de toi. Tu es passive, facilement intimidée, complètement dépendante des autres. Tu n'as aucune idée de tes propres compétences. Trop frêle pour porter une arme, trop émotionnelle pour faire couler le sang. Trop maladroite pour recoudre des plaies, trop bête pour te servir proprement de ton communicateur.

Tu es faible, Raïne.

    Mais, encore pire, on dirait que tu t'y complais. Tu acceptes déjà ce quotidien morne et monotone, tu te résignes à enfermer ta pauvre petite conscience dans les murs grisâtres de cette ville, tu veux admettre que la vie est nulle et sans intérêt, avant même de l'avoir vécu.



    Pourtant, dans les rares choses que tu peux affirmer savoir sans prétention, c'est que, bien que tu ne saches pas qui tu es, tu sais que cette fille banale et inintéressante, ce n'est pas toi. Tu veux vivre, suivant ton instinct; courir après cette lueur lointaine nommée espoir, sourire aux autres, t'exprimer, partager, et ressentir avec eux les infinies saveurs qui composent ce monde.

Et pour ça, tu vas devoir t'adapter et changer.
Tu vas devoir te battre.