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Abduction (Non référencé)

Ce qu’Uriel qualifiait de bureau n’était qu’un local aux cloisons nues, composé d’un mobilier minimal qui se résumait à une table et de nombreuses chaises. L’homme aux mocassins fut posé sur l’une d’entre elles, Uriel s’installa en face de lui pendant que Valéri restait une fesse appuyée au bord de la table entre les deux.

Il tenta de lui saisir le livre, que le type écrasait dans sa main comme s’il essayait de le faire disparaître.


— Si vous voulez bien lâcher ce…

Il n’eut pas le temps de terminer sa phrase qu’Uriel entama les négociations, du ton d’un individu qui a cultivé sa rancune envers les gars aux cheveux longs qui portent des mocassins.

— Écoute-moi l’invertébré, tu vas me répondre d’abord juste par oui ou par non, est-ce que tu prends des drogues qui pourraient altérer ton comportement, voir te rendre violent ?

Avant de tourner son visage vers son collègue.

— C’est la première question que tu dois poser au cas où le suspect serait sous effet, on le confie directe aux vicieux de l'orient, il nous est interdit de nous mettre en danger, note le bien.

L’autre paraissait avoir du mal à utiliser sa bouche pour articuler un tuc audible, il exprimait un rictus abominable qui aurait pu déclencher un prématuré chez une femme enceinte.

— Ouais enfin là on dirait plutôt qu’il va se chier dessus ce coup-ci.

Uriel ouvrit de grands yeux.

— Ne lui donne pas des idées toi !

Avant de taper du plat de sa main sur le bureau en gueulant.

— ALORS DEUX CHIENS QUI S'ENCULENT DROGUE OU MEDICAMENT !

Le client sursauta, puis les regarda tour à tour, et se concentra pour tenter de parler.

Les deux visages qui l’entouraient le fixaient sans un mot, attentif. Il finit par les questionner d’une voix sans assurance.

— Vous… Vous l’avez vu ?

Par réflexe Valéri demanda.

— Quoi ?

Uriel en fin connaisseur le devança et dressa sa main pour lui montrer qu’il ne plaisantait pas.

— Toi si tu réponds mon cul je te replace la bouche à l’horizontale sans passer par la case kiné, fouille-le pour voir s’il ne cache pas d’autres livres de cuisine dans ses poches Val’ !

Le gars se mit à trembler, mais se laissa faire. Il paraissait aussi déboussolé qu’un mec qui vient de sauter sous un bus pour s'en sortir indemne sans comprendre comment.

Il réussit à articuler.

— L’homme... bleu.. Abat-jour 

Valéri déballa un téléphone pas très récent, un jeu de clés et portefeuille avec carte d’identité ainsi qu’une multitude de fidélités.

— Ah voilà, la police le cherche j’en étais sûr !

Son collègue plus sceptique remarqua.

— Il n’y en avait pas dans le rayon ni dans le magasin ni de mecs avec des couvre-chefs de cette allure, ils parlent peut-être de clients habillés de la même couleur.

— J’en ai pas vu non plus, bon alors monsieur Mougeon pour les drogues et les médicaments faudrait qu’on sache, tu tournes à quoi l’indien, ecsta, amphé ou crack ?

Le téléphone posait sur la table, se mit à vibrer, tous les regards pivotèrent vers lui, Mougeon réussit à balbutier avec une difficulté évidente si on prend en compte le fait qu’il bavait.

— Maaaa, fe femm femme…

Uriel anticipa comme d’habitude.

— Décroche, il est incapable de parler, demande-lui pour les drogues et s’il elle peut venir le chercher par la même occasion. Sinon on va être obligé d’appeler une ambulance et j’aime pas ça, on va se taper un max de paperasse pour rien.

Valéri oscilla de la tête, se saisit du téléphone, se recula d’un pas et répondit. Aussitôt une voix contrariée se fit entendre.

— Qu’est-ce que tu fais, tu m’as promis de revenir tout de suite j’ai besoin de ma recharge moi !

L’indien commença à gigoter sur sa chaise, on sentait qu’il tentait de dire un truc, sans succès.

— Bonjour, madame, je suis agent de sécurité assermenté avec droit de tuer du Mégaraptor monsieur Mougeon est-il votre mari ?

— Non ce n’est pas mon époux, mais qui vous êtes-vous pourquoi ce n’est pas lui qui me répond ?

Valéri inspira, et entreprit de lui décrire la situation de la manière la plus neutre qui soit.

— Il a tenté de voler un livre, madame, et son comportement et ce que l’on pourrait qualifier de non approprié dans un lieu ouvert au public. Est-ce que vous savez s’il prend des drogues ou s’astreint à une médication ?

Suivi d’un silence qui remettait en doute une prochaine date de mariage.

— Si c’est une blague elle est de très mauvais goût monsieur passez-moi tout de suite mon compagnon, ou j’appelle le cercle de l'Orient pour enlèvement et séquestration !

Uriel leva les yeux au ciel et lui fait signe de faire ce qu’elle demandait.

— Si vous voulez, mais je ne garantis pas qu’il parvienne à vous parler.

Conclut-il avant de donner le téléphone aux mocassins.

Le mec tenta d’articuler un truc inaudible, mais on sentait bien une certaine détresse émerger de ses balbutiés.

La compagne d’abord agacée changea vite de ton quand elle reconnut le son de sa voix, et devint aussitôt inquiète.

— Tes blagues avec tes copains sont nulles ! Atex, c’est toi… mais qu’est-ce qui t’arrive, tu as repris du crack, qu’est ce qui t’arrive parle-moi !

L’autre tenta un truc sans queue ni tête en même temps qu’il bavait, avant que Valérie se décide à ressaisir le téléphone.

— Les zom’ bleus je les zé vus !

— Bon écoutez, vous avez entendu comme moi, il n’est pas dans son état normal. On vient de l’interpeller quand il essayait de s’enfuir au risque de mettre les clients en danger ainsi que lui même, alors ou vous venez le chercher, à l’entrée 220B ouest où nous appelons les services psy pour le faire repartir, c’est vous qui voyez !

— Non j’arrive, désolé je pensais à une plaisanterie, j’arrive tout de suite, entrée 220B ouest, répéta-t-elle pour le lui confirmer, n’appelez personne c’est inutile !

Elle raccrocha et Uriel sourit.

— Ben voilà une affaire qui marche, on a plus qu’à attendre, bien joué mec, elle a senti l’urgence de la situation.

Valérie reposa le téléphone.

— Je peux te laisser seul avec lui, je vais la réceptionner, à mon avis elle ne devrait pas tarder.

— Oui, t’inquiètes, je le gère l’invertébré on va patienter ici.

Il opina du chef avant de sortir, la journée commençait bien et les fêtes n’avaient pas débuté, se dit-il un rien désabusé.

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