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Le Glaive de l'Empire - L'Assemblée générale

Le Glaive de l'Empire
Episode V
L'Assemblée générale
Genesis, allongée sur le sol, les bras et les jambes écartées dans l’herbe, regardait le ciel d’un bleu azur s’étendre à l’infini. Une légère brise caressait ses mèches de cheveux comme la main bienveillante d’un amant délicat. La chaleur d’un astre lui réchauffait le visage. Elle ferma les yeux pour se laisser bercer dans la simulation paramétrée sur « réconfort ».

Deux heptades s’étaient écoulées depuis ce premier contact avec l’ennemi.

Elle se sentait bien, loin des souterrains, loin des mutants et de la menace rebelle, sous Son regard protecteur. Cette pensée remplie d’orgueil ne l’indignait plus ; elle avait accepté l’idée de Lui appartenir, de Le servir et même après ce premier combat, de Lui donner sa vie.

La solitude si pesante qui l’habitait dans son ancienne existence lui paraissait à présent lointaine, diffuse, comme le souvenir d’un rêve dont les détails s’estompent, l’image se ternit, l’émotion s’efface.

À la place, elle avait trouvé la grandeur de Son royaume.

La scène de cet affrontement, elle ne l’oublierait jamais. C’est à cet instant précis où le danger et la menace rebelle avaient cristallisé sa foi qu’elle avait compris l’importance de sa mission, du rôle qu’elle jouait auprès de ses frères et sœurs d’armes comme dans l’Imperium tout entier.

C’est le bruit d’un pas lourd et métallique d’une cuirasse accompagnée d’une voix féminine qui la sortit de sa rêverie.

— Ah ! Tu vois, elle est là. Je savais qu’elle allait Lui accorder une dernière prière.

Loin d’être la seule dans cette recherche spirituelle, Victoire faisait également preuve de la même ferveur et de la même dévotion. Chez elle aussi, un déclic s’était produit, rapprochant un peu plus leurs deux âmes sœurs.

La voix plus grave de Redman tempéra la déclaration.

— Paramétrage réconfort, Vic. Elle se détend, c’est tout.

L’orc, lui, n’avait pas besoin du danger pour savoir qui il était et qui il voulait servir. Il était demeuré inchangé, toujours d’humeur égale et bienveillante à l’égard de ses deux sœurs d’armes. Et même s’il n’affichait pas autant de zèle, ses convictions, personne ne pouvait en douter ou les remettre en question.

Il était et il resterait Redman, un orc taillé dans le roc, à l’esprit galvanisé par la défense du secteur.

Genesis comprit qu’il était temps de mettre fin à ses rêveries. Elle stoppa la simulation, retira ses lunettes et se redressa sur sa couche afin de les saluer.

Aussitôt, l’orc lui passa la main dans les cheveux pour l’ébouriffer tandis que Victoire vint lui donner une accolade chaleureuse.

C’était ça aussi, le Militarium : des liens forts entre les gens qui l’habitaient.

Elle se laissa faire, leur lança un sourire à chacun et fut surprise de les découvrir tous deux revêtus de leur plus belle tenue.

Elle eut à peine le temps d’entrouvrir la bouche qu’elle se souvint de la raison et sursauta d’un coup, prise de panique, en s’exclamant :

— L’Assemblée générale !

La voix grave de l’orc résonna.

— Tu vois, je savais qu’elle avait oublié !

Victoire sortit de son sac l’uniforme de Genesis, plié au carré, et le lui tendit en rabrouant son frère d’armes.

— Elle n’a pas oublié, cesse de dire n’importe quoi. Elle Lui demandait juste un dernier conseil. Tiens, p’tite sœur, je te l’ai ramené.

Puis elle s’adressa à l’orc et lui jeta un regard sévère dont elle avait le secret.

— Et toi, tourne-toi, laisse-la se changer !

— Roo qu’est-ce que tu t’imagines, Vic ? C’est ma p’tite sœur !

— Je ne veux pas savoir, tu es un mâle, tourne-toi !

Le colosse consentit à l’injonction, les mains légèrement relevées pour montrer qu’il capitulait.

Un demi-cycle plus tard, ils se rendirent tous les trois dans la cour prévue à cet usage.

L’Assemblée générale réunissait toutes les forces du Militarium. Elle avait lieu de manière régulière et servait à annoncer de nouvelles directives, souligner les efforts réalisés, recadrer les imperfections ou officialiser les changements de grade.

Tous les militaires, combattants, deckeurs, docteurs prenaient place en rang, en position de repos, et attendaient l’arrivée du général. Ce dernier, avec tous les membres de son état-major, se hissait sur une estrade et débutait toujours de la même manière sur un ordre simple qui résonnait comme un coup de fouet, lancé par un officier.

— GARDE À VOUS !

On pouvait entendre l’ensemble des effectifs s’exécuter comme un seul homme, leurs mains claquant toutes en même temps sur les jambes de leur uniforme, se figeant telles des statues dans une posture martiale.
Un silence s’ensuivait, le regard saillant du Général parcourait les troupes avant de les délivrer.

— Repos !

Les militaires changeaient de position tous en même temps, mains jointes dans le dos, jambes légèrement écartées.

— Vous avez pu constater dans les dernières heptades que le Militarium commence à bien se diversifier en postes de combat. Je remercie ceux qui ont modifié leurs implants afin d’apporter cette diversité…

Il passa en revue diverses améliorations, soulignant les comportements à revoir. Il cita notamment le cas de ce vautour deckeur qui rencontrait des difficultés à assimiler les consignes de déplacement dans les souterrains, puis il insista sur le respect des protocoles au sein de l’enceinte fortifiée.

Dans les rangs, Genesis, qui au début se sentait perdue au milieu de tous ces uniformes, réalisa à présent qu’elle en décryptait tous les codes. Elle aurait du mal à réintégrer une vie civile. Elle avait trouvé dans cet endroit qui pouvait paraître au premier abord hostile et froid, un équilibre, auprès de ses frères et sœurs d’armes, du soutien, et face au danger, un courage dont elle ignorait l’existence.

La jeune humaine sortit de sa rêverie au moment où elle entendit son nom, l’officier supérieur était descendu de l’estrade.

— Recrue Genesis, avancez-vous !

Son cœur se serra, le Général lui faisait face. Elle exécuta un pas en avant.

— Vous n’avez pas démérité pour vous entraîner et nous avez démontré que vous pouvez réagir dans l’adversité avec tout le professionnalisme et le sang-froid que l’on peut attendre d’un militaire. Vous avez protégé vos frères et sœurs d’armes et vous vous êtes adaptés à une situation périlleuse… En même temps qu’il parlait, il lui retirait ses galons de recrue pour en installer d’autres à la place… Je suis fier de votre chemin accompli parmi nous et de votre engagement envers le Militarium. Vous avez gagné le respect de chacun, vous êtes digne de recevoir ces nouveaux galons, soldat Genesis.

La jeune humaine, au comble de l’émotion, se tenait en position de garde-à-vous devant l’officier supérieur. Elle demeura pourtant de marbre, comme le demandait le protocole, mais au fond d’elle, son cœur battait à tout rompre. Cette reconnaissance, jamais elle n’aurait pensé la mériter un jour. Jamais dans son ancienne vie elle n’aurait imaginé être capable de réaliser pareille prouesse, avant que son regard ne se porte vers l’Empire, pour Le servir.

Il lui adressa un salut, qu’elle lui rendit.

— Vous pouvez réintégrer le rang.

Vint ensuite le tour de ses deux camarades, Redman et Victoire, qui furent récompensés de la même manière, et l’Assemblée générale fut clôturée par un intemporel :

— Ad Majorem Imperatoris Gloriam !

Repris par l’ensemble des militaires avec ferveur.

— AD MAJOREM IMPERATORIS GLORIAM !

La nuit tombait sur le secteur. Genesis et ses deux amis étaient allés fêter leurs nouveaux galons en ville et c’est en bordure, loin du tumulte des artères bondées du centre, à l’abord d’un terrain vague, qu’elle s’arrêta un instant. Elle venait d’apercevoir la silhouette d’une anonyme, couverte de boue, en train de fouiller le sol dans l’immondice et les déchets.

Genesis s’en approcha. L’individu craintif fit mine de s’éloigner, la soldate leva les mains pour la rassurer, puis en glissa une dans son uniforme pour se saisir de ce bout d’affiche dont elle ne s’était jamais séparée. Ce vieux reliquat trouvé derrière un miroir qui avait fait basculer son existence un soir où elle se sentait à bout. Elle le lui tendit d’un geste lent en lui disant :

— Qu’Il te garde, petite soeur...

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