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EDC de Phylène

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-Hécatonchire

Un coup de sang. Sous les frondaisons de briques, les mucus d'années macabres recouvrent les murs sucés par la faune insectoïde. Les oreilles râclent le plafond, les hallebardes lèchent les trous creusés par les vapeurs du carnage. La cathédrale se mue lentement en cimetière de cellules mortes. Les mottes de terres en sont absentes, les flaques rapidement foulées aux pieds par les vivants. Dans cette mare, surnage l'écosystème des gloires et des sévices passés et futurs, un brouillard sanglant se mêle à la sueur stagnante des effets guerriers. Nous n'entendons rien. L'agaçante râpeuse qui gratte nos poumons et nous rappelle à la vie. Les os chantent. Entre deux parades, trois estocs percent notre poitrine. Les drogues n'y feront rien, nous seront bientôt battues par nos adversaires. Ils courent. S'entrechoquent sans commune mesure hâtifs à la tâche de nous abattre. Leur vie en dépend. Pour une seconde, l'électricité bat la mesure de leur âme morte. Dans nos yeux morts, pour un battement de coeur, celui qui portera le coup fatal existe.


"Tu n'as plus rien à dire ? "
-Rire sardonique-

-Cri de Victoire-


Non, je ne me tairai pas. Tant qu'il restera un souffle entre mes côtes. Tant que mes pattes boiteuses me porteront. Pour mon combat et ce que je crois juste, je déploierai le drapeau de notre Vaillance, l'étendard de nos convictions à la face du monde. Sur un monceau de cadavre, je planterai la bannière de ce pourquoi les autres sont morts et pourquoi les vivants se battent encore. Solitaire, je gagnerai autant de temps nécessaire à une plus grande cause. Pas encore... J'irai un peu plus loin, et le son de mes cartouches sera autant d'orgues qui accueilleront ma mort. Les entendez-vous ? Anges ou Démons, ils m'accueillent déjà de leurs bras alanguis. M'appellent par mon nom. Ils les connaissent tous. Dans leurs bras je suis une poupée aimée. Entre leur bras je serais bien. En paix. Quand enfin mon bourreau répand mes organes sur le sol, quand enfin mon corps se transforme en argile et rejoint la cendre qui l'a porté, quand le sombre et la lie m'avalent, pourquoi ne suis-je pas encore morte ?


" T'es crevée ! "
"Crève, Monstre ! "

" Meurt, et tais-toi à jamais. "


Nous entendons nos Noms. Crachés par la rancœur. Vomis par la peur. Une seule question revient sans cesse. "Pourquoi n'es-tu pas morte. " Je n'entends plus les anges.

Quand ils m'abattent pour la dernière fois, quand le faisceau de la haine a guillotiné ma tête, pourquoi ne suis-je pas encore morte ? Quand la colère a dépassé la pointe de leurs lames. Quand notre sang macule leurs armures. Quand le cercle de leur armée nous entoure et que notre corps affaissé n'est plus rien qu'un tas visqueux et sordide de globules tuméfiés. Pourquoi n'ai-je pas encore disparue ?


" Pourquoi... Ne suis-je pas encore morte ? "

Et mes ennemis tressaillent, car de m'entendre vivante, ils comprennent que je suis de retour. Mes os craquent. Ma peau suinte. Elle exhume mille putridités gardées par les anges morts qui chantent à tue-tête au dessus de moi. Ils ne sont plus beaux. Leur visage comme de la cire fond sur les âmes qui m'ont torturé. Je me redresse, et comme deux serpents lovés au dessus d'eux, je frappe. Je suis maudite. Mon corps souffre. Les armes s'abattent et nous percent le corps. Ma peau se fend en craquement et mes os se tordent. Comme un arbre se couche sous la tempête et vomis la terre entre ses racines, je dégueule la fange par mes muscles en rut. Une mare de goudron s'accroche à leurs pieds. Ce flot noir ne leur renvoie même plus leur image. Il s'agglutine. Leur peau rongée. Leur âme salie.
Une seule question persiste alors.


" Pourquoi ne sommes-nous pas encore morte ? "

Mes deux têtes s'allient pour un festin dans les yeux de mes ennemies. Sur leurs lèvres je lis l'incompréhension et l'Horreur rythmées par mes os qui me fendent. Je ris. Entre la Peur et la Mort je suis chez moi. Mes quatre yeux ont tôt fait de dévorer leurs âmes; Combien de temps pouvons-nous gagner encore ? Quand les lames nous prennent, combien d'autres têtes surgissent d'entre nos épaules pour dévorer ces pauvres âmes. Combien de douleurs auront nous à subir avant de pouvoir mourir vraiment ? Nous caquetons ensembles. Les muscles découverts de peau, nous fumons et emplissons le monde d'un nouveau brouillard nécrotique. Hécatonchire, déchirons chaque corps à notre portée, un corps détruit équivaut pourtant à une dizaine de lames enchâssées dans notre tronc. Nos têtes sont lourdes. Nos yeux éclatent comme des fruits trop mûrs; Si nous ne les anéantissons pas d'ivoires nous les noierons dans le fiel. Nos tumeurs se battent dans la joie du Carnage, nous sommes innombrables. Une marée d'abdomens maudits par des yeux globuleux. Le sang nous manque, vomit son exutoire par toutes nos plaies; Nous nous entredéchirons pour survivre. Le monde tangue sous le poids de nos têtes emportées par le sol, échouées sous une forêt d'acier. Nous dévorerons le Monde avant qu'il ne nous avale dans ses tréfonds abyssaux. Avant que nous soyons toutes mortes.

Nous sommes l'Hydre. Le Nouveau visage de l'Ogre. Hécatonchires d'une tête vaillante. D'une tête brisée deux m'en poussent et j'avale les Hommes comme Gourmandise au sommet de son trône.
Je suis le monstre.


Alors pourquoi.


Pourquoi ne suis-je pas morte ?


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[RP] Vendetta.
06 Février 2021
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