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Au milieu des Arbres.




Inferno.


C'est plus qu'une danse.
Plus que la joie.
Transcendance verdoyante, un idéogramme gravé dans l'écorce, une patte, une griffe qui arrache l'armure tissée depuis une centaine d'années par les lianes et l'humus.
C'est l'humus, le silence des tisserands qui poussent toujours plus haut, qui s'étirent par dessus les vivants.
C'est la boue dans les gencives, la mousse sous les pattes, la pression d'un tas de feuilles qui glissent paresseusement, qui longent tranquillement un tronc pour tomber comme une plume sur l'eau fangeuse.
C'est la vie elle-même qui mène un combat de volonté acharnée contre la lande de cendre, verdoyante contrée contre le gris qui avale tout à perte de vue.

Elle a sa place parmi les arbres.
Statufiée dans l'eau croupie et stagnante, que pas une ride n'a vivifié depuis son terrible trépas. Pas même les insectes qui grouillent entre les mille brins d'herbes qui épousent sa carcasse. La boue s'accroche, s'incruste et s'insère sous les fils qui s'époumonent comme une marée goudronneuse, gonflée par la hâte et l'adrénaline ils trouvent la peau brûlante et la cautérisent de sa fraîcheur. La boue; C'est un peu de l'eau. Elle fait corps avec la poussière humidifiée qui s'appelle terre, elle se pare de joyaux étranges, des perles jaunissantes et sans vies. Des perles vertes trop mûres arrachées par le passage de dizaines de cabrioleurs qui tarabiscotent leurs parades entre les branches, des cristaux ovales pourrissants, du sable verdoyant brisé et dévoré par la faune d'en dessous les herbes, celle qui voit vos pieds comme des pas de géants, un noir abscons sous les frondaisons d'émeraudes.

Vous sentez le parfum de la terre humide, le croassement des primates, des oh et des ah déformés par les répercussions irréelles du son sur les arbres, par le glissement des ih stridulants sur les feuilles vitrifiées par l'acide.
Pour la première fois vous entendez la Terre respirer. Pour la première fois, la ville grise s'est teintée d'une couleur mystérieuse, un gris verdâtre marronné, un brun chaleureux au vert chatoyant, un jaune étincelant à la rouille d'une écorce pourrie, un beige écrasé par le passage d'un prédateur, le suc rouge de ses griffes sur l'écorce abîmée.
Il ne fait plus gris.
Et le parapluie de la jungle vous protège des mille tourments d'un monde à l'agonie.
Un pied de Titan écrase votre paradis dans un soubresaut digne des sept lieux, une horreur mécanique écrase et déchire votre nouveau poumon.
La jungle hurle.
Un combat se trame tout là-bas, les primates exultent, cognent contre les basses de chaque branche, tam-tam sauvage, hystérie collective d'une nuée horrifiée.

Mais vous êtes un arbre, le pilier de cette forêt, comme un millier de vos congénères, qu'importe les excentricités des hommes, souches, branches ou paquets de feuilles vous êtes un arbre, et au milieu de vos pairs, rien ne peut vous arriver.

Exultation barbare et course effrénée, vous priez.
Courrez derrière à en perdre haleine alors que l'enfer se déchaîne une fois de plus, avale la terre vociférante d'un autre millier de démons prêts à vous dévorer, les âmes crient à vos oreilles votre nom " Phylène... Phylène ... " une pluie de voix décharnées, embuscade de soufre les bombes explosent en chaînes, étirent les bras pour vous agripper.

Vous imaginiez la mort à travers la cuve ? L'Angoisse et la Peur de vous réveiller un matin vomis à bas de l’ascenseur qui vous pousse vers trois jours de tiraillements ?
Ce n'est pas que la sueur froide, pas plus que la chaleur dans votre nuque. C'est une lame glaciale forgée sous des kilomètres de banquise qui plonge dans un torrent de pierre en fusion, le sifflement d'une cohorte d'âmes en perditions qui étendent les bras pour vous entraîner en enfer. C'est l'absence d'Aube et de Lumière, l'absence de Ténèbres et d'Ombres car derrière ce nuage mortel, cette pluie de scories, ce basalte enflammé, il n'y a que le Vide prêt à vous happer.


Vous n'aurez pas le temps de vous retourner pour voir les gueules qui pointent du doigt votre mort certaine, elles s'arriment à votre queue, s'accrochent comme des tiques, des minuscules pointent, des crochets qui brûlent votre peau jusqu'à la moelle, embuscade de la chair elles la sucent pour en créer un miel odieux, un infâme parfum de brûlure et les têtes des morts vous dévisagent, noire la première, un regard au reflet d'or, le dédain et la déception, une toison blanche vous pousse avec mépris, c'est la faiblesse qui s'enfonce sur vos épaules, une toison bleue vous tourne le dos, ces dizaines de bras qui veulent vous tirer en arrière, et cet incessant écho, celui des bouges qui se vident pour récupérer votre âme, celle que l'immortalité leur ravie.

Votre nom, et uniquement le votre, car vous mourrez en Enfer ce soir.

Informations sur l'article

[RP] Bruine
23 Février 2020
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