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Qu'est-ce qu'elle dit ?
C'est un séjour disgracieux dans la traîne poussiéreuse de sa robe, comme les os déchirés et les muscles brisés s'éventent à l'acidité du smog.
C'est une horreur magnifique, ni la blancheur de l'ivoire, ni celle de la crème, ni celle que l'argent avait à donner. C'est l'ossature vermeille qui vogue de part et d'autre de la rue comme un spectre moribond; Sa bouche grande ouverte n'attend que de pouvoir parler. Mais pas un cri n'en sort. Morte depuis bien longtemps elle se veut entendre, chanter aux gens qui ne la voient pas, elle espère en son fort intérieur, Banshee révérée des noces funèbres, monstre crépusculaire des tributaires de sacrifices, danseuses étoiles aux bras immaculés.
Elle veut qu'on la remarque, qu'on lui chante à nouveau les lettres dépossédées des amants aux balcons, les crissements des talons de deux coqs qui se battent, elle veut pleurer l'amertume de l'époux décédé, percer ses doigts sous la rose qui lui saigne le cœur, et comme une enfant naïve, observer les lueurs qui lui racontent une vie amoureuse.
Derrière les rides de son visage, les vestiges de ses anciens combats, sur la robe d'ombre et obsolète qui cache l'atroce spectacle de sa nudité inféconde, du vide de ses os en poussière, elle veut sentir encore la chaleur d'une âme brûlante, elle veut vivre à nouveau les combats de ses milliers de rivaux, l'excitation barbare d'une gorge tranchée, de l'éclaboussure du sang qui tâcherait son visage transparent.
Sur la corde de sa faux, elle observe incapable le fléau des larmes et des cris de douleurs, elle happe le vide laissé par la compagnie solitaire, les folies passagères, les hurlements de colères, les pendaisons fortuites, les sauts dans le vide et les bains désespérés.
Elle court après la vie comme une sauvage, bondissant d'âmes en âmes comme la louve sur ses petits, arrachant le cœur de ceux qui leur feraient du mal. Elle hurle en silence. De ne plus avoir les mots pour leur dire qu'elle est désolée, qu'elle porte en elle le chagrin de tous ceux qu'elle a pris, de tout ceux qui sont restés, elle se frappe la poitrine et s'arrache les fils qui traînent encore sur son crâne, ceux qu'on prendraient pour des cheveux, elle hurle à en avoir mal, elle beugle à s'en détruire la voix, une harpe désenchantée, un violon sans archet, elle gueule à leurs faces de ne plus pleurer, que là-bas, peut-être, ils rejoindront leurs amourés pour une autre éternité de beautés carcérales;
Elle se lève encore et veut s'échapper, elle court au travers des immeubles, elle ride les flaques, s'évade dans la voie lactée, espérant qu'un jour sa faux lui ôtera la vie.
Elle veut écrire un psaume au silence, aux non-dits et aux amours précoces, elle veut sentir le souffle des morts en se disant qu'elle a bien fait, inspirer la vie qui s'accroche aux cœurs de ses détestés, elle veut entendre quelqu'un lui dire un jour entre deux courses folles, lui avouer "Je t'aime, ne part pas." pour rester toute l'éternité à son tour, au chevet d'un clone.
Informations sur l'article
[RP] Bruine
30 Décembre 2019
968√
29☆
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◊ Commentaires
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Aexe (120☆) Le 30 Décembre 2019
"Un violon sans archet". Mais. *