EDC de Phylène
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Cacher
- Lâchez les chiens !
" Equipe bravo, sur mon ordre. "
Le commando couvert de poussière attendait à l'entrée de la porte. Cinq soldats d'élites gouvernés d'une main de maître, cinq tueurs aguerris qui avaient connus les pires plateaux de conflits de DreadCast. L'équipe de choc pénétra la vieille bâtisse sur le choc du bélier. " Allez ! Allez ! Allez ! " Un à un, chaque soldat allait trouver sa position derrière le bouclier anti-explosion du premier rang. Le digicode avait sauté aussi rapidement que l'entrée, que les deux brèves explosions des grenades à concussion. Dans deux nuages de fumée les aigles mortels avançaient l'un après l'autre, sécurisant chaque coin, chaque fenêtre.
" RAS "
" RAS "
Il restait une dernière salle à valider avant que le son caractéristique d'une radio n'attire l'attention de la troupe d'élite.
" Hey les tocards ?! Vous êtes là ? "
Le communicateur braqué par six fûts de neufs millimètre n'en menait pas large. Et pourtant, la figure du fugitif trônait fièrement sur un téléviseur. Insolemment, il tapotait l'objectif de sa caméra, se pavanant d'un sourire goguenard.
" Je trouve ça vraiment dommage, je vous aimais bien, moi. "
Quelque chose n'allait pas...
Quelques heures plus tôt, Secteur Orion.
C'était l'heure, de faire rebrousser la machine du destin. Ses pattes endolories par l'inaction meurtrissaient un canapé par habitude, la sensation de déchirure du cuir la calmait. Rien ne présageait ce soir là, que le monde avait lancé un pavé dans la mare pour brouiller son lit devenue depuis des années trop lisse. Attablée derrière un nuage de fumée, chaque joueur regardait son adversaire, couvant ses cartes d'un regard jaloux. Les spectateurs, eux, tournaient et tournaient autour de la table de jeu, observant avec un mélange de crainte et d'appétit insatiable la mise au milieu de la table. L'issue de la manche était incertaine, et personne ne savait à quel instant son atout ce transformerait en défaite, à quel instant, un spectateur tirerait à lui une chaise pour s'attabler et lancer ses propres atouts sur la mise. L'enjeu ? La vie. Sous les dessous d'un écran de fumée âcre, derrière les verres teintés des lunettes noires que chaque joueurs avait conservé en espérant cacher ses véritables intentions, sous chaque verre de d'alcool, se cachait le véritable enjeu. La Gloire, la Fortune, la Connaissance, la Découverte, les gagnants y trouveraient leur lot, et les perdant attendraient la manche suivante pour prétendre à nouveau à un titre.
Ce soir, la chance sourirait à l'audace, l'atout était de taille, aliéné ou fugitif, il fallait savoir s'enticher du plus fort. Ce soir, il avait suffit d'un message pour le grand Tout manigance un destin surprenant. Ce soir, le pavé, c'était elle, poussée par deux bras invisibles. L'intuition avait été une alliée propice.
" Ne vous retournez pas Commando. Il se dirige vers les Sous-terrains, si vous êtes assez rapide, vous pourrez le rattraper, et moi, je le pisterai pour vous. "
L'information avait été promptement donnée, des ombres la chasseresse s'était dévoilée pour abattre sa première carte. L'adversaire de taille, berné par le bluff de la nouvelle arrivante fut un instant chancelant. Prise au jeu, la deuxième carte ne devait pas tarder à suivre sa jumelle. Trop vite, sans doute.
" On se regroupe au SAS, grouillez-vous ! "
Dans la précipitation, personne n'avait vu d'autres spectateurs se lier à la table, ils amenaient leur propre chaises, leur propre jeux, ont dû mettre des rallonges, vider d'autres bouteilles. Dans la cave à jeu, le plateau ressemblait plus à un fumoir qu'à une véritable partie de poker. Les uns toussaient, les autres soulevaient leur lunettes pour frotter leurs yeux piqués par la fumée volatile. Seuls quelques joueurs restaient impassibles, concentrés sur leur but.
" Vous battrez-vous avec moi ? "
" Je suis prête. "
L'acide n'avait perforé que quelques mailles avant qu'elle ne l'abatte. Un autre mutant avait sans doute connu un destin moins chanceux à en croire les giclées acides qui rongeaient paisiblement la brique. L'odeur âcre du tabac empestait les naseaux de la bête, cette odeur de mélasse et d'alcool premier prix. À la pointe, la truffe exhumait du sol la poussière, suivait le fil odoriférant des fleurs de tabac.
" Ici... Il y a moins d'une heure.. "
C'était l'instant crucial, alors que tous avaient les yeux rivés sur les cartes abattues. La tension à son comble avait de quoi faire tourner la tête. Tous les spectateurs retinrent leur souffle, les yeux vissés sur l'homme qui souriait toujours, là-bas, en bout de table. Il paraissait imperturbable, son sourire goguenard et sûr de lui avait de quoi rassurer ses alliés, pourtant, un geste de trop sans doute devait lui faire craindre la suite des événements. La carte fit frémir l'assemblée, alors qu'une rumeur se répandait parmi la populace. La sueur se mêlait à l'odeur de tabac et de cigare, l'alcool brûlât maintes gorges à cet instant.
" Je l'ai. Regroupez vous. "
Dans le cagibi exiguë chacun préparait son équipement. Le commando en armure tactique complète désarmait les crans de sûreté, et après un léger roulement d'épaules, tous étaient prêts. Dans un flot de poils, de latin et de plumes d'oiseaux, la vieille bâtisse qui trônait délabrée au coin de la rue se vit envahir par plus de vie qu'elle ne pouvait en supporter.
" Allez Allez Allez !"
La porte sortit de ses gonds dès le deuxième coups de bélier, l'équipe de choc vautour désarmant au même instant le Digicode protégé. Le claquement sonore des grenades à concussions fit frémir chacun avant que le commando ne déroule sa science militaire. Pas à pas, les pièces furent vidées, fouillées, sécurisées.
Il n'en restait qu'une.
" Sort de là enfoiré ! T'es foutue, tu sors bien gentillement et personne ne sera abîmé . "
Tout le monde savait que c'était faux. Tout le monde savait qu'à l'instant même où le bout de sa botte traverserait l'espace qui les séparait de l'invisible, une nuée de frelons mortels cisailleraient l'air pour le transformer en gruyère.
" Hin hin hin... "
Le rire avait de quoi faire grincer des dents, mais contre toute attente, ce n'est pas de la pièce qu'il provenait. À l'instant même, le moniteur grésilla pour offrir aux deux équipes d'élites atterrées le visuel sur le fugitif. Mal rasé, une éternelle cigarette au bec, il avisait les yeux goguenards, la troupe en arme, celle qui lui aurait fait la peau sans aucune pitié.
" Je suis très déçue par votre attitude. " Dit-il en simulant un air odieusement peiné.
Sur place, le Commando écumait de rage. Tout un régiment sur le fil, les meilleurs éléments de sa troupe, pour se faire berner au dernier mouvement.
" Fait chier ! Merde ! "
" Franchement, les gars... Je vous souhaite bien du courage avec eux... Je suis un honnête homme moi ! Je vous jure ! "
Quelque chose clochait. Rapidement, le communicateur devait cracher une nouvelle phrase que le moniteur ne put pas suivre.
" Hey ?! C'était normal ça ? "
" Non... C'est un enregistrement... "
" Bordel de m... "
" Barrez vous ! Barrez vous putain évacuez ! "
Une frénésie nouvelle s'empara de la pièce, pêle-mêle, vautours, commandos, gnolles prirent leur jambes à leur cou sous le regard ravie de leur bourreau, dans une ruade de bras et de jambes, tout le monde se plaqua dans la poussière en attendant l'orage.
Quelques secondes suivant le dernier miraculé, la maison exhala la plus tonitruante des explosions, ébranlant même les édifices alentours. Le souffle devait soulever la poussière sur plusieurs dizaines de mètres, et le smog se retrouva plus ombrageux que jamais, voilant les lumières qui n'avaient pas éclatés sous le choc, ouvrant les vannes et les débits de gaz autour de la bâtisse.
"Le sombre fils de pute."
La dernière carte avait ébranlé toute la table. Quelques joueurs incertains, écrasés par le niveau des autres se retirèrent sans demander leur reste. Le reste de la table devait admettre sa défaite, et se coucher. Cette fois, la mise était grosse, et beaucoup y avaient perdu quelques économies, pourtant, quelque chose planait dans l'air, pas l'odeur de la revanche, non. L'odeur du désespoir. Cette dernière carte avait certes un goût amer, mais il semblait que quelque chose avait été brisé. Sous les lunettes noires et la barbe mal rasée, un rictus tendue avait fait son apparition. La fossette dans sa joue droite, tirait légèrement les marques acidifiées d'un combat récent. Tous les regards étaient rivés sur lui, et sans doute fusse la pression qui le fit attraper son gain à la hâte. Observant l'assemblée, ses écrans fumés cachaient son malaise, et sa peur. D'une voix qu'il aurait aimé plus assuré, il dit...
" Alors ?! Vous l'aimez pas mon coup de poker ? "
Image c David-Honz
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[HRP] Rebond
10 Septembre 2019
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◊ Commentaires
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Alix (115☆) Le 10 Septembre 2019
Tu tiens en haleine... lecture passionnante