EDC de Phylène

- La Lupa

Où sont-ils tous ces orphelins, abandonnés dès leurs naissances, jurant sur le liquide amniotique qu'ils ont encore à la bouche, le silence et le futur.

Où sont-ils tous ces prophètes, perchés en haut de leurs immeubles à sacraliser le ciel qu'ils ont pris pour seul témoin, jurant sur leurs verves, l'apocalypse et le présent.

Où sont-ils mes parents, toujours prophétiques, jamais méritants, à jurer qu'ils m'aimeront plus cher que le monde qu'ils ont cherchés à nourrir, plus loin que leurs bas instincts, plus loin que les prières que je leur ai faites de ne jamais les abandonner.

Je ne suis personne.
Ni dans leurs mains, ni à leurs pieds, car je suis la fleur qui aimait, et eux sont l'odeur dont ils me parfumaient.
Pardon mon père, de ne t'avoir jamais avoué qu'avec ou sans toi j'aurais fait.
Pardon ma mère, quand tu m'as récupéré de mon sac d'osier, de ce sourire économe, et de ton désir tout entier, contre tes lèvres qui pour moi seule m'auraient tenues ce discours, à peu près : " Je t'aime, je ne vois que toi. "

Je ne suis rien de plus que tu es, la chair de ta chair, l'image de Proserpine que l'on envoie chasser simplement pour sa beauté.
J'aurais pu être belle à l'intérieur,
J'aurais pu mourir.
J'aurais été l'écueil,
J'aurais été ta fierté.

Mais tu es laide, maman. Tu es faible, maman.
Et je te hais.
Ô mon dieu que je te hais.
Si belle, si désirable, comme je te hais sous tous tes aspects.
Comme je te hais de me faire attendre, pourquoi maman, dis-moi. Pourquoi ne m'aimes-tu pas ?