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Inanis Testa
TW : endoctrinement, violences psychologiques, violences physiques sous-entendues
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- “Fente, le pied droit en avant. Inspirez. Vous avez été désigné pour servir l’Empire.”
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Je me fends, je suis dans le temps, fluide, souple. Pas un seul son, rien d’autre que ma respiration lente calculée, et les battements de mon cœur qui résonnent dans ma poitrine.
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Autour de moi, mes camarades font de même. Je n’ai pas tourné la tête, j’ai gardé mon regard fixé droit devant moi, mais j’ai pleinement conscience de leur présence.
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- “Rentrez le ventre, le dos droit, la jambe droite en arrière, planche. Expirez. Lentement. Vous êtes un seul corps, un seul organe, vous êtes le cœur vaillant de l’Empire.”
.
Je m’exécute encore. La douleur entre mes omoplates se rappelle à moi là où le surveillant Garod m’a appliqué l’électro-trique, la veille. Hors de question d’en tenir compte, j’expire mon souffle, entre mes mains à plat, mes orteils écrasés dans le sol. Je replie ensuite mes bras, jusqu’à coller ma poitrine contre le sol, et je bloque mon expiration, le ventre contracté. Un filet de sueur coule le long de ma tempe.
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- “Tête en arrière, longue inspiration, redressez le buste, saluez votre Empereur.”
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La voix résonne dans ma tête. Comme toutes les recrues, je porte une prothèse-oreillette subdermique de dernière génération. Nous tous nous entendons les instructions, mais la pièce est parfaitement silencieuse, calme. Nous sommes synchrones, l’Ordre règne sur le tatami.
.
J’inspire profondément, le regard cherchant au plus loin vers le plafond de béton. Et tout aussi souplement, j’inverse ma position pour basculer tête en avant, le fessier pointant en l’air, les pieds bien à plat. Mon geste est parfaitement calculé, je suis dans le temps, la voix m’accompagne.
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- “Inclinez-vous maintenant, devant sa Grandeur, louez soit-Il. Expirez.”
.
Le surveillant passe entre nous, j’entends les bruits de ses bottes, j’aperçois du coin de l’œil l’éclair de métal, de sa trique, tapant contre sa cuisse. Et je sens l’odeur agressive de l’après-rasage qu’il se met. Comme tous les officiers de son rang, il ferait mieux de passer aux nanites-rasoir, c’est plus propre, plus rapide, et sans odeur. Bien sûr, je ne ferais pas la remarque.
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- “Ramener la jambe gauche devant, fente. Inspirez. La jambe droite bien tendue. La tête droite. Vous êtes fière de vivre sous Sa bannière.”
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On approche de la fin, depuis trois heptades que je répète ce programme matin et soir, je le connais par cœur. Mon corps s’est assoupli, j’ai gagné en endurance. Mes muscles crient, mais je ne cède pas. D’ici quelques minutes, je pourrai profiter de la douche. Je ramène ma jambe devant, redresse le fessier, le menton collé contre mes cuisses. Ma tenue d’entraînement est toute moite, ce non-tissé synthétique est peu coûteux, mais ne vaut rien. Une fois mes classes terminées, on me donnera mieux.
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- “Redressez-vous, les bras loin en arrière. Remerciez-Le pour cette journée qui commence sous Son regard. Inspirez. Et … expirez.”
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Une alarme stridente vient percer le silence de la pièce. Ordonnés, mes camarades et moi, nous mettons en rang pour rejoindre l’Imbri Balneum.***** *****
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Le baffle encastré dans le mur crache les premières notes grandioses de son Hymne. J’ouvre subitement les yeux. Impossible d’ignorer le réveil, d’autant qu’à la musique, s’ajoute l’éclairage automatique, d’un blanc violent. Les electro-harpes accompagnent les basses, adagio, appuyées.
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Je n’ai que quelques minutes pour me préparer avant de rejoindre le comptage dans le couloir, et l’inspection des chambres. Aussi, je ne traîne pas. Je glisse mes draps de la nuit dans une fente du mur. Ils seront lavés ou recyclés par un monitoré quelconque. Quatre cyclo-minutes.
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Je presse une plaque de métal, un tiroir s’ouvre, me présente un ensemble de draps frais que je dispose sur le lit. Entrainée, il ne me faut qu’un instant pour les pliés à l’impériale, le pied du lit au carré, la tête repliée en une pointe vers l’oreiller. Je lisse les draps, l’œil critique, avant de m’occuper de moi. Andante, d’autres cordes s’ajoutent, cachés au milieu des cuivres. Trois cyclo-minutes.
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Je retire ma tenue unisexe de nuit pour passer rapidement un dessous des plus banals, sans couture, taillé dans une unique pièce, ainsi qu’une paire de mi-bas sans plus d’intérêts. Je passe par-dessus un short et une brassière, l’un et l’autre bleu nuit, dans un non-tissé relativement élastique. Malgré l’aspect moulant, ma tenue ne me met certainement pas en valeur, et ce n’est pas l’effet recherché. Pas que j’ai énormément de choix, à une ou deux variations près pour les hommes, nous portons tous cette tenue pour l’In Mane Exercitus. Lisse, sans aspérité ni artifices, les garde-robes qui nous sont fournies informent de deux choses : notre dévouement à l’Empire, et notre qualité de recrue. Et ils ne sont faits que dans un seul but : l’utilitaire. La musique s’emballe, entraine mon souffle à sa suite, allegro. J’essaye de ne pas céder à l’euphorie de son Œuvre. Je connais le passage. Une cyclo-minute.
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Je n’ai qu’un instant pour venir nouer mes cheveux en un chignon parfaitement ajusté, tirant la peau de mon visage en arrière, douloureusement. Puis, je passe au plus vite une paire de bottes basses légères aux fermetures magnétiques. L’instant suivant, je sors dans le couloir, et referme la porte au moment précis où résonne la dernière note. Mes camarades ont fait de même, tous bien alignés le long du couloir, les mains jointes dans le dos, la nuque raide, le regard planté dans le vide. L’appel du matin peut commencer.*****
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Tap, Tap. Tap, Tap.
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Nous avançons au rythme des bottes, deux colonnes distinctes, mais alignées. À l’embranchement, l’une tourne dans le couloir de droite, l’autre, la mienne, dans le couloir de droite. Les surveillants sont là qui guettent nos moindres faits et gestes. Ils tiennent les armes compactes qui équipent tout le Militarium, des modèles FI2615 de dernière génération. Balles chemisées 5.7 x 28 mm. Un peu lourdes, plutôt rapides. De quoi découper proprement n’importe quel ennemi à moyenne portée. Nous nous sommes entraînés avec au stand de tir. J’ai eu de bons résultats.
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Tap, Tap. Tap, Tap.
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Deux autres gardes sont là qui retiennent par une camisole à lanière d’énormes gnolls de combats. Ceux-là sont des individus relativement intelligent qu’on trouve dans les Secteurs de la ligne Nord. L’Empire ne peut cependant les laisser vagabonder librement, ils restent des bêtes sauvages. Aussi, ils sont utilisés pour assurer notre sécurité. Les deux dans le couloir sont des spécimens au pelage sombre, équipés de muselières en acier, et de collier aux pics épais.
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Je frissonne en passant devant eux, bien consciente que si l’un des gonds en acier de la camisole sautait subitement, il ne faudrait qu’une seconde à l’un de ces gnolls pour me déchiqueter.
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Tap, Tap. Tap, Tap.
.
Quelques rangs devant moi, ça se bouscule un peu, sans que les Surveillants n’interviennent. Je sais ce qu’il en est. Nous passons devant une tâche rouge qui macule encore le béton. Un incident en début de matinée. Il a fallu mettre un terme au programme d’entraînement d’une recrue défectueuse. L’équipe de kobold d’entretiens est encore là à nettoyer la zone. L’occasion pour quelques recrues de traiter cette meta-race décadente comme elle le mérite. Un camarade lance un coup de pied bien senti. Je passe devant eux, fière et droite dans mon uniforme sombre. Inutile que je salisse mes bottes, mon air dédaigneux suffit à replacer les choses. Ils sont à genoux à récurer le sol, tandis que je servirai bientôt l’Imperium dans une de nos prestigieuses institutions. Je les ignore superbement et poursuis mon chemin.
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Tap, Tap. Tap, Tap.
.
Nous sommes alignés dans le couloir maintenant, au garde-à-vous, chacun devant la porte de notre chambre. L’Instructeur nous signale de rompre les rangs. Comme tous les éléments féminins de mon peloton, je laisse traîner mon regard un instant dans le couloir, avant de rentrer dans ma chambre. Je dois savoir si une recrue plus âgée ou un surveillant requerra mes services nocturnes ou non. Je suis d’un physique plutôt banal, aussi, je n’ai pas souvent l’opportunité de servir mes supérieurs. C’est malheureux, parce que je tiens à prouver mon engagement, mais je me rattrape en faisant davantage d’efforts pendant les entraînements. Ma voisine est plus chanceuse que moi. Ce soir, elle aura l’honneur d’aider notre Officier Instructeur à décompresser. Son regard était sans équivoque.
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Tap, Tap. Tap, Tap.***** *****
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Le Hall parait bien plus immense aujourd’hui. Les piliers de béton sont habillés de grandes tentures aux armoiries de l’Empire. Bleu et Or. Les verrières du toit ont été laissées ouvertes, les volets d’acier rabattus sur les côtés. Quatre énormes projecteurs sont braqués sur le hall depuis les toits, fendant le smog et le plafond de verre pour nous éclairer.
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Nous sommes cent quatre-vingt-quatre ce jour. Cent quatre-vingt-quatre recrues qui viennent d’achever leurs classes de Nemo Intra, parfaitement alignés en quatre colonnes de quarante-six individus. Les autres ont été reconditionnés ou recyclés. Ils n’auraient pas pu être utiles à l’Empire. C’est là le boulot du Centre d'Accueil Impérial, de faire le tri parmi les générations de Nemo Intra qui se succèdent, pour ne garder que les plus aptes, et les former à leurs futures tâches.
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Je suis en tête de la troisième colonne. Major de promotion. On m’affectera à un poste prestigieux, sans aucun doute. J’espère de tout cœur que ce sera sur le front. J’ai hâte de percer quelques poitrines fédérées au côté de mes camarades.
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Avant-poste Silmerion, garnison souterraine, escouade de combat urbain contre les sécessionnistes, les postes ne manquent pas. L’Empire est entouré d’ennemis qui guettent la moindre faiblesse.
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L’appel commence. La première colonne d’abord. La plupart sont envoyés dans les diverses administrations. Ceux-là seront des gratte-papier. Des contrôleurs, des juristes, des comptables ou même des agents de la propagande impériale. C’est le tour de la seconde colonne. Je regarde mes camarades défiler, récupérer leur diplôme et leur affectation sous les applaudissements nourris.
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Mes oreilles bourdonnent, je n’écoute pas vraiment. Seule mon affectation compte. À la moitié de la seconde colonne, un officier supérieur entre et souffle un mot à l’Instructeur en charge de la cérémonie. La nouvelle circule. Nous serons tous déployés sur la ligne Pons-Puig pour contrer les efforts des marines de Collins. C’est une opportunité inespérée. Je crie la devise de l’Empire comme mes camarades, enthousiaste.
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- “Audere Ultima, ad majorem Imperatoris Gloriam !”
Avertissement : Ceci est une œuvre de fiction. Les personnages et les situations décrits sont purement imaginaires : toute ressemblance avec des personnages ou des événements existant ou ayant existé ne serait que pure coïncidence. Aucun NI n’a été maltraité pendant la rédaction de ce texte.
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Inanis Testa
7/349.3, 6ch55, Dojo du CAI, caméra 4. • REC
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- “Fente, le pied droit en avant. Inspirez. Vous avez été désigné pour servir l’Empire.”
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Je me fends, je suis dans le temps, fluide, souple. Pas un seul son, rien d’autre que ma respiration lente calculée, et les battements de mon cœur qui résonnent dans ma poitrine.
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Autour de moi, mes camarades font de même. Je n’ai pas tourné la tête, j’ai gardé mon regard fixé droit devant moi, mais j’ai pleinement conscience de leur présence.
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- “Rentrez le ventre, le dos droit, la jambe droite en arrière, planche. Expirez. Lentement. Vous êtes un seul corps, un seul organe, vous êtes le cœur vaillant de l’Empire.”
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Je m’exécute encore. La douleur entre mes omoplates se rappelle à moi là où le surveillant Garod m’a appliqué l’électro-trique, la veille. Hors de question d’en tenir compte, j’expire mon souffle, entre mes mains à plat, mes orteils écrasés dans le sol. Je replie ensuite mes bras, jusqu’à coller ma poitrine contre le sol, et je bloque mon expiration, le ventre contracté. Un filet de sueur coule le long de ma tempe.
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- “Tête en arrière, longue inspiration, redressez le buste, saluez votre Empereur.”
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La voix résonne dans ma tête. Comme toutes les recrues, je porte une prothèse-oreillette subdermique de dernière génération. Nous tous nous entendons les instructions, mais la pièce est parfaitement silencieuse, calme. Nous sommes synchrones, l’Ordre règne sur le tatami.
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J’inspire profondément, le regard cherchant au plus loin vers le plafond de béton. Et tout aussi souplement, j’inverse ma position pour basculer tête en avant, le fessier pointant en l’air, les pieds bien à plat. Mon geste est parfaitement calculé, je suis dans le temps, la voix m’accompagne.
.
- “Inclinez-vous maintenant, devant sa Grandeur, louez soit-Il. Expirez.”
.
Le surveillant passe entre nous, j’entends les bruits de ses bottes, j’aperçois du coin de l’œil l’éclair de métal, de sa trique, tapant contre sa cuisse. Et je sens l’odeur agressive de l’après-rasage qu’il se met. Comme tous les officiers de son rang, il ferait mieux de passer aux nanites-rasoir, c’est plus propre, plus rapide, et sans odeur. Bien sûr, je ne ferais pas la remarque.
.
- “Ramener la jambe gauche devant, fente. Inspirez. La jambe droite bien tendue. La tête droite. Vous êtes fière de vivre sous Sa bannière.”
.
On approche de la fin, depuis trois heptades que je répète ce programme matin et soir, je le connais par cœur. Mon corps s’est assoupli, j’ai gagné en endurance. Mes muscles crient, mais je ne cède pas. D’ici quelques minutes, je pourrai profiter de la douche. Je ramène ma jambe devant, redresse le fessier, le menton collé contre mes cuisses. Ma tenue d’entraînement est toute moite, ce non-tissé synthétique est peu coûteux, mais ne vaut rien. Une fois mes classes terminées, on me donnera mieux.
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- “Redressez-vous, les bras loin en arrière. Remerciez-Le pour cette journée qui commence sous Son regard. Inspirez. Et … expirez.”
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Une alarme stridente vient percer le silence de la pièce. Ordonnés, mes camarades et moi, nous mettons en rang pour rejoindre l’Imbri Balneum.
3/349.4, 5ch30, chambre G7 du CAI. Camera 1. • REC
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Le baffle encastré dans le mur crache les premières notes grandioses de son Hymne. J’ouvre subitement les yeux. Impossible d’ignorer le réveil, d’autant qu’à la musique, s’ajoute l’éclairage automatique, d’un blanc violent. Les electro-harpes accompagnent les basses, adagio, appuyées.
.
Je n’ai que quelques minutes pour me préparer avant de rejoindre le comptage dans le couloir, et l’inspection des chambres. Aussi, je ne traîne pas. Je glisse mes draps de la nuit dans une fente du mur. Ils seront lavés ou recyclés par un monitoré quelconque. Quatre cyclo-minutes.
.
Je presse une plaque de métal, un tiroir s’ouvre, me présente un ensemble de draps frais que je dispose sur le lit. Entrainée, il ne me faut qu’un instant pour les pliés à l’impériale, le pied du lit au carré, la tête repliée en une pointe vers l’oreiller. Je lisse les draps, l’œil critique, avant de m’occuper de moi. Andante, d’autres cordes s’ajoutent, cachés au milieu des cuivres. Trois cyclo-minutes.
.
Je retire ma tenue unisexe de nuit pour passer rapidement un dessous des plus banals, sans couture, taillé dans une unique pièce, ainsi qu’une paire de mi-bas sans plus d’intérêts. Je passe par-dessus un short et une brassière, l’un et l’autre bleu nuit, dans un non-tissé relativement élastique. Malgré l’aspect moulant, ma tenue ne me met certainement pas en valeur, et ce n’est pas l’effet recherché. Pas que j’ai énormément de choix, à une ou deux variations près pour les hommes, nous portons tous cette tenue pour l’In Mane Exercitus. Lisse, sans aspérité ni artifices, les garde-robes qui nous sont fournies informent de deux choses : notre dévouement à l’Empire, et notre qualité de recrue. Et ils ne sont faits que dans un seul but : l’utilitaire. La musique s’emballe, entraine mon souffle à sa suite, allegro. J’essaye de ne pas céder à l’euphorie de son Œuvre. Je connais le passage. Une cyclo-minute.
.
Je n’ai qu’un instant pour venir nouer mes cheveux en un chignon parfaitement ajusté, tirant la peau de mon visage en arrière, douloureusement. Puis, je passe au plus vite une paire de bottes basses légères aux fermetures magnétiques. L’instant suivant, je sors dans le couloir, et referme la porte au moment précis où résonne la dernière note. Mes camarades ont fait de même, tous bien alignés le long du couloir, les mains jointes dans le dos, la nuque raide, le regard planté dans le vide. L’appel du matin peut commencer.
3/349.5, 21ch43, Quartier des Recrues. Camera 12. • REC
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Tap, Tap. Tap, Tap.
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Nous avançons au rythme des bottes, deux colonnes distinctes, mais alignées. À l’embranchement, l’une tourne dans le couloir de droite, l’autre, la mienne, dans le couloir de droite. Les surveillants sont là qui guettent nos moindres faits et gestes. Ils tiennent les armes compactes qui équipent tout le Militarium, des modèles FI2615 de dernière génération. Balles chemisées 5.7 x 28 mm. Un peu lourdes, plutôt rapides. De quoi découper proprement n’importe quel ennemi à moyenne portée. Nous nous sommes entraînés avec au stand de tir. J’ai eu de bons résultats.
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Tap, Tap. Tap, Tap.
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Deux autres gardes sont là qui retiennent par une camisole à lanière d’énormes gnolls de combats. Ceux-là sont des individus relativement intelligent qu’on trouve dans les Secteurs de la ligne Nord. L’Empire ne peut cependant les laisser vagabonder librement, ils restent des bêtes sauvages. Aussi, ils sont utilisés pour assurer notre sécurité. Les deux dans le couloir sont des spécimens au pelage sombre, équipés de muselières en acier, et de collier aux pics épais.
.
Je frissonne en passant devant eux, bien consciente que si l’un des gonds en acier de la camisole sautait subitement, il ne faudrait qu’une seconde à l’un de ces gnolls pour me déchiqueter.
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Tap, Tap. Tap, Tap.
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Quelques rangs devant moi, ça se bouscule un peu, sans que les Surveillants n’interviennent. Je sais ce qu’il en est. Nous passons devant une tâche rouge qui macule encore le béton. Un incident en début de matinée. Il a fallu mettre un terme au programme d’entraînement d’une recrue défectueuse. L’équipe de kobold d’entretiens est encore là à nettoyer la zone. L’occasion pour quelques recrues de traiter cette meta-race décadente comme elle le mérite. Un camarade lance un coup de pied bien senti. Je passe devant eux, fière et droite dans mon uniforme sombre. Inutile que je salisse mes bottes, mon air dédaigneux suffit à replacer les choses. Ils sont à genoux à récurer le sol, tandis que je servirai bientôt l’Imperium dans une de nos prestigieuses institutions. Je les ignore superbement et poursuis mon chemin.
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Tap, Tap. Tap, Tap.
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Nous sommes alignés dans le couloir maintenant, au garde-à-vous, chacun devant la porte de notre chambre. L’Instructeur nous signale de rompre les rangs. Comme tous les éléments féminins de mon peloton, je laisse traîner mon regard un instant dans le couloir, avant de rentrer dans ma chambre. Je dois savoir si une recrue plus âgée ou un surveillant requerra mes services nocturnes ou non. Je suis d’un physique plutôt banal, aussi, je n’ai pas souvent l’opportunité de servir mes supérieurs. C’est malheureux, parce que je tiens à prouver mon engagement, mais je me rattrape en faisant davantage d’efforts pendant les entraînements. Ma voisine est plus chanceuse que moi. Ce soir, elle aura l’honneur d’aider notre Officier Instructeur à décompresser. Son regard était sans équivoque.
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Tap, Tap. Tap, Tap.
5/350.3, 12ch00, Hall du CAI. Camera 3. • REC
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Le Hall parait bien plus immense aujourd’hui. Les piliers de béton sont habillés de grandes tentures aux armoiries de l’Empire. Bleu et Or. Les verrières du toit ont été laissées ouvertes, les volets d’acier rabattus sur les côtés. Quatre énormes projecteurs sont braqués sur le hall depuis les toits, fendant le smog et le plafond de verre pour nous éclairer.
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Nous sommes cent quatre-vingt-quatre ce jour. Cent quatre-vingt-quatre recrues qui viennent d’achever leurs classes de Nemo Intra, parfaitement alignés en quatre colonnes de quarante-six individus. Les autres ont été reconditionnés ou recyclés. Ils n’auraient pas pu être utiles à l’Empire. C’est là le boulot du Centre d'Accueil Impérial, de faire le tri parmi les générations de Nemo Intra qui se succèdent, pour ne garder que les plus aptes, et les former à leurs futures tâches.
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Je suis en tête de la troisième colonne. Major de promotion. On m’affectera à un poste prestigieux, sans aucun doute. J’espère de tout cœur que ce sera sur le front. J’ai hâte de percer quelques poitrines fédérées au côté de mes camarades.
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Avant-poste Silmerion, garnison souterraine, escouade de combat urbain contre les sécessionnistes, les postes ne manquent pas. L’Empire est entouré d’ennemis qui guettent la moindre faiblesse.
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L’appel commence. La première colonne d’abord. La plupart sont envoyés dans les diverses administrations. Ceux-là seront des gratte-papier. Des contrôleurs, des juristes, des comptables ou même des agents de la propagande impériale. C’est le tour de la seconde colonne. Je regarde mes camarades défiler, récupérer leur diplôme et leur affectation sous les applaudissements nourris.
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Mes oreilles bourdonnent, je n’écoute pas vraiment. Seule mon affectation compte. À la moitié de la seconde colonne, un officier supérieur entre et souffle un mot à l’Instructeur en charge de la cérémonie. La nouvelle circule. Nous serons tous déployés sur la ligne Pons-Puig pour contrer les efforts des marines de Collins. C’est une opportunité inespérée. Je crie la devise de l’Empire comme mes camarades, enthousiaste.
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- “Audere Ultima, ad majorem Imperatoris Gloriam !”
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08 Juin 2023
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Kindle (0☆) Le 08 Juin 2023
[Ton style est ... ❤(# ° 3 °)] -
Alexie (123☆) Le 08 Juin 2023
[C'est trop bien ! D: Je te jette une * dessus, tiens ! ] -
Acius (92☆) Le 08 Juin 2023
Très bien rythmé. -
Omen (180☆) Le 08 Juin 2023
* -
Aexe (121☆) Le 08 Juin 2023
♥ -
Haven (62☆) Le 11 Juin 2023
Tellement bien narré.