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Le Poids du Temps Suspendu
Les néons dansaient dans l'ombre de la ville, dessinant des arcs de lumière glacés sur les murs de béton. Les couloirs de la cryogénie étaient froids, trop froids, mais je n’arrivais pas à m’en détacher. Je m’y étais rendue plusieurs fois déjà, sans raison apparente. Juste… pour sentir l’air gelé effleurer ma peau, pour me rappeler ce qu’il avait laissé derrière lui.
*Il ne m'a même pas dit au revoir.*
C’est tout ce qui tournait dans ma tête. Chaque pas résonnait dans les allées désertes, chaque écho me rappelait qu'il était là, quelque part, endormi, dans un sommeil artificiel, loin de moi. Pourtant, je n'avais rien vu venir. Il m’avait promis, il avait juré que nous nous retrouverions. Et pourtant, il m’avait laissée dans l’ombre de son départ. Il avait prévenu tout le monde, mais pas moi. Pourquoi ? Qu’ai-je fait pour mériter cela ?
*Je n’ai même pas eu la chance de lui dire au revoir.*
Mes yeux fixaient le compartiment de cryogénie devant moi, vide, comme le vide qu'il avait laissé dans ma vie. Je savais que la cryo était une seconde chance, une pause dans l’éternité, mais j'avais l'impression que, dans ce monde où tout est figé, il m’avait abandonnée dans l’instant présent, seule avec mes questions et mes regrets.
Je m’assis sur le banc près de la cuve vide. Les souvenirs affluaient. Son sourire, ses paroles pleines de promesses, tout ce que nous avions partagé avant qu’il parte… Et maintenant, tout semblait réduit à rien. À un silence froid, à une absence palpable. La vie éternelle, c’était censé être un rêve, mais je commençais à comprendre qu’elle pouvait aussi être une malédiction. Qu’aurait été cet éternité sans lui ? Pourquoi l’univers me volait-il les moments que j’aurais dû avoir ?
Les larmes se mélangèrent à la brume artificielle qui flottait autour de la cuve. Je n’étais pas censée pleurer. Dans ce monde sans fin, on nous disait qu’il n’y avait plus de place pour la douleur, mais il y en avait encore, et elle me déchirait.
*Est-ce que tu reviendras ? Est-ce que tu te souviendras de moi ?*
Je fermai les yeux, espérant un signe, une réponse, une promesse qu'il reviendrait. Mais, au fond de moi, je savais que je ne pouvais rien faire d'autre que d'attendre, dans ce monde figé où tout le monde dormait, où tout était éternel… sauf les adieux.
Je laissai un dernier regard sur la cuve vide. Et puis, sans réfléchir, je me levai. Les murmures de la ville, les échos lointains des autres, se fondirent dans un bruit sourd qui ne semblait plus m’atteindre. Je n'avais plus la force de rester ici, à vivre dans le vide de son absence.
Je m'approchai de la cuve. La porte s’ouvrit sans bruit, comme une invitation. Une promesse d’oubli, peut-être. Ou de silence. Mais surtout, une échappatoire.
J'enlevai mes chaussures, retins un souffle, et glissai doucement dans l’espace froid de la cryogénie. L’instant d’avant l’hypothermie, avant le sommeil éternel. Ce n’était pas le départ que j’avais espéré, mais peut-être était-ce la seule manière de lui dire adieu, d’échapper à cette douleur qui me rongeait. À défaut de le retrouver, je plongerais dans ce sommeil, seule avec mes souvenirs, dans l’espoir d’un jour peut-être le revoir.
La porte se referma lentement. Et le froid m’envahit.
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Hier et Demain
05 Décembre 2024
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