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EDC de Oeclyde

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III. Impuissance

Impuissance
Vingtième cycle. L'alarme électronique retentissait.
Pied noir n'en avait que faire : Il avait troqué ses lunettes noires pour une paire de lunettes classiques. Seule sa lampe de bureau venait percer l'obscurité de la pièce. Il était affairé, râlait de façon visible sur son article. Mais qui pouvait l'entendre ? Il n'y avait jamais personne au DCN. Il était tellement obnubilé par son texte qu'il n'avait pas voulu entendre la sonnerie de sa montre, qui le mettait en garde.
Il reprit encore sa feuille, la tournait dans un sens comme dans l'autre, mais tant le portrait que le paysage lui paraissait désuet. Il planta les marques de son inspiration sur le papier âcre, soupirant sous sa plume quelques phrases, quelques propos désordonnés. Résolument, il n'y avait pas grand chose à en tirer. Il tacha d'en tirer les conclusions qui s'imposaient. Insatisfait, il déchira le feuillet dans un craquement caractéristique, et se redressa vivement sur sa chaise.
Pris soudain par la grimace, un arc électrique lui foudroyait les jambes, l'accablant d'une vive douleur. Il glissa son regard sur sa montre : 20eme cycle 13, il n'avait pas entendu l'alerte sonore 13 minutes plus tôt.
« Bigre.. d'andouille. »
Et alors qu'il virevolta de sa chaise, Pied noir s’effondra dans un violent fracas, manquant de se déboîter l'épaule par accident. A même le sol, ses jambes fondaient, impuissantes, incapable du moindre mouvement. La douleur commençait à s'estomper, mais à quel prix ? Ses jambes ne répondaient plus. Pire encore, il avait brisé ses lunettes par la même occasion. Jurant, il tourna sa tête, cherchant une masse informe dans le coin de la pièce, une sorte de montagne aux couleurs ternes, tantôt marron ou gris.
Telle une loque dégueulasse, il tira le haut de son corps pour se mettre ventre à terre, et rampa laborieusement vers le Graal impie. Il tirait ses bras devant lui, mouvant sa lourde carcasse avec difficulté. Ses muscles encore informés peinaient à le faire avancer, mais centimètre par centimètre, il ne pouvait renoncer. De tout de façon, il ne pouvait pas reculer.
Arrivé devant la montagne sacrée, encore fallait-il l'escalader, l'effeuiller. Son Graal ne se trouvait hélas qu'au coeur de la montagne, et que creuser allait demander des efforts pantagruéliques.
« Je vais tuer celui qui a inventé le porte manteau. »
Alors il leva les bras, et commença à tirer sur la première couche qui dépassait, plein d’espérance. Mais le pic s’effondra sur lui, choc amorti par les tissus. Se dégageant, il cherchait précipitamment sa propre couche, son imperméable, et sa précieuse boite.
Ses yeux sondaient fugacement chaque bout de tissu, jusqu'a trouver son appartenance. Il s'en saisit, victorieusement.
Une boite, une gélule, une délivrance.
Une sensation comparable à un orgasme, sans tâcher son pantalon. Une légère caresse sur ses membres inférieurs, quelques ronds du pied, et un soupire de soulagement. Son traitement faisait effet dans les dix secondes, il reprenait déjà l'usage de ses jambes, et se releva, constatant le bordel qu'il avait causé.
« Prie pour ne jamais tomber à court.. »
Maintenant, il fallait retrouver ses lunettes..

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