EDC de Odul

Longtemps nous avons associé le racisme au SI comme l'un de ses pires traits de caractère, comme preuve de son infériorité morale. Combien d'entre nous n'ont pas frémi à la lecture des évènements de la révolte des orcs ?

Il est pourtant manifeste que le SR est majoritairement raciste et a largement intégré le racisme impérial originel.

Je n'ai pas pour ambition d'élucider les origines de ce racisme ni d'en expliquer l'évolution. D'autres le feront sûrement mieux que moi. Il me semble néanmoins nécessaire que cette question redevienne centrale en SR, que ce sujet soit d'une importance incontournable dans nos projets politiques.

Ce texte se contentera d'expliciter où je vois du racisme. Sans être exhaustif. Cela permettra au moins d'empêcher les "on savait pas" et de faire démonstration que cela nous touche dans nos infrastructures, socialement et finalement individuellement. Pour certains ça sera sûrement enfoncer des portes ouvertes , pour d'autres des aneries, pour d'autres douloureux. J'espère que pour certains ça sera l'occasion de penser le sujet et se l'approprier.

Commençons par le pire : les monitorés. Il y a 150 ans nous ne maitrisions pas le sujet. Peu en avaient entendu parler, encore moins vu. Même les IAs étaient pour la plupart inconnues. Pour autant, dès les premières rencontres il a été évident qu'il n'y avait pas entre eux et nous une différence de nature. Nous sommes tous des variations autour d'un même thème, des produits de l'ingénierie impériale, sensiblement identiques. Pour ne rien y changer nous nous cachons en général derrière un certain fatalisme ou un "mais eux ils souffrent pas de leur situation ils sont contrôlés". Nous pourrions voir là un triste paradoxe : ce qui devrait nous rendre fous de rage vient a la place justifier l'inaction. Mais c'est notamment car en réalité nous sommes racistes et que nous avons appris une hiérarchie des races, des monitorés aux IAs majeures avec nous au milieu. Nous avons intégré qu'il y ait des espèces avec des capacités cognitives différentes, avec un accès à la réalité différent. Mais pas juste différents : faibles ou élevés. Il y a une graduation qui est objectivé et qui devient morale. Bref, clairement un système raciste en fait. Même si nous l'avons intériorisé il est vrai que des fois ça pique. Par exemple quand notre IA Kenopsia nous rappelle notre infériorité et qu'elle justifie par ce fait une différence de considération, de droits à savoir, à s'auto-gouverner.

Mais au fond nous avons intégré cette hiérarchie et nous la reconduisons à maintes occasions. Sans se dire assez qu'elle n'est pas naturelle, pas objective, qu'elle ne devrait pas être prescriptive des droits des individus et sans se souvenir assez que c'est le discours produit et instauré par l'empire pour administrer sa cité, y maintenir une échelle de pouvoir et faire accepter à sa population les différences de traitement (définition du racisme donc ).

L'autre point que vous pensiez voir plus tôt : les races méta -humaines ! Nul secret qu'elles sont le produit de l'ingénierie impériale. Que les races ont été façonnées pour avoir une place dans la société et une fonction, inférieure à l'humain. Et comme la génétique ne suffit pas à garantir l'ordre des choses, cette ingénierie a été aussi sociale avec l'invention d'une idéologie raciste qui renforce et dicte les attendus. Les dominants comme les dominés pouvant alors se conformer à leur rôle. De ça nous avons pris un peu de recul. Mais guère, comme j'entends rapidement le montrer. Au contact de nos plus jeunes membres (et quelques vieux indécrottables) il est toujours stupéfiant pour moi de voir à quel point ils performent les stéréotypes raciaux et donc racistes. Le kobold est malicieux, le vautour est pas foutu de faire un câlin et les orcs sont des bourrins. Et qu'il y a par ailleurs des discours qui renforcent ces positions : on va par exemple rabrouer l'orc qui se voudrait philosophe ou encourager le nain à vider une pinte. C'est oublier que ces stéréotypes ont été construits par l'empire. Les jeunes adoptent ces stéréotypes, les renforce, s'en font une identité et cela avec l'approbation collective.

Ça ne manque pourtant pas de vieux qui peuvent servir de contre exemples dans la distance prise avec les stéréotypes. Donc qu'un vautour n'est pas par essence un accro de la ligne de code et un phobique du contact physique. Et pourtant, combien d'entre nous on fait ce départ dans la vie ? Le conditionnement de Thallys y est certainement pour quelque chose, mais reste qu'après ce départ la société rebelle ne nous encourage pas à nous en émanciper, ni même à se questionner, encore moins à nous accompagner.Au contraire, profondément raciste, elle est bienveillante avec ces manifestations et ne produit aucun contre discours voir à l'inverse enrobe ça dans l'acceptation de la diversité.

Comme tout bon racisme, les stéréotypes ne bougent guère dans le temps. Pourtant les conditions de vie d'un nain ne sont plus les mêmes qu'à leur création. Et pourtant ils correspondent beaucoup aux comportements prescrits par l'empire. Bloqués dans leur bulle raciste qui protège la société de notre volonté de rébellion et d'un renversement de la morale Imperiale. Pourquoi les elfes ont ils si peu réinventé leurs façons d'être en société, leur place, leurs goûts et signes d'appartenance ? Pourquoi sont ils toujours conformes aux idées malades d'ingénieurs impériaux ?

Et ce qui ne bouge pas non plus c'est la place de l'humain là dedans. Bien que nous puissions remettre en cause le fait que cela doit lui donner plus de poids politique nous acceptons assez facilement que l'humain est polyvalent tandis que les autres races sont spécialisées. Qu'un humain peut être technicien autant que barman ou politicien. Ce que l'on ne dira jamais des gobelins. La race humaine conserve dans notre vision du monde un statut à part, au dessus de la mêlée, capable d'être presque tout ce que sont les autres alors que les autres sont limités à être ce qu'elles sont.

Pour terminer ce bref panorama, il y aurait long à dire sur les nombreux discours anti-imperiaux qui ne relèvent souvent pas d'opposer des idéologies politiques mais clairement de racisme ou plus généralement de xénophobie. Notre lutte armée, nécessitant l'envie d'en découdre, est le lieu principal de ces propos xénophobes. Cooccurence ou corrélation voir lien de cause à effet ? A creuser. Il est nécessaire de tirer au clair si notre mode de lutte génère ou encourage des individus xénophobes, et donc contre rebelles.

Je ne prétends pas ici avoir des réponses, ou toutes les réponses, ni même de poser tout a fait les bonnes questions ni de soulever les meilleurs exemples. Comment le pourrais -je dans un tel désert idéologique ? Il nous faudra un travail collectif, de longue haleine, pour décrire plus justement ces phénomènes. Reste que j'espère en avoir susciter l'envie.