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Du langage
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Pendant mes dix premières années en secteur rebelle j'étais observateur. Isolé dans une usine, mes contacts avec l'extérieur se limitaient aux clients, l'Agora d'alors (autrement plus active et vindicative qu'aujourd'hui) et des concurrents belliqueux. Ma révolte, moteur de toute mon existence, est née de là. Révolte contre les violences, injustices, mensonges, vices, logiques fallacieuses, que je percevais alors. Petit à petit elle s'est affinée : au lieu de juger j'ai commencé à appréhender les mécanismes de notre société qui favorisaient ces comportements. Lorsque les uns et les autres suivent les mêmes chemins, vivent les mêmes phases il n'y a pas que la responsabilité individuelle qui est en jeu mais des éléments systémiques. Ma radicalité politique vient de ces analyses là, de l'étude des structures sociales, infrastructures matérielles, volontés des IAs et enjeux des premiers nés, contraintes de survie (artificiellement maintenues je pense) qui modèlent nos existences bien plus que l'on en a conscience.
Moi qui me pense si perspicace j'ai négligé une chose pendant 50 ans : le langage. Ça me parait dingue maintenant que j'ai ouvert les yeux là dessus de ne pas avoir perçu l'étendue de son influence délétère et son impact titanesque sur toute la structure de notre société et nos rapports les uns aux autres. Alors je suis pas complètement con et naïf non plus, j'ai bien perçu que la parole peut faire office d'"arme". Je l'ai moi même manié dans la plupart de mes combats. Également quand je dis à l'autre qu'il est débile ou que c'est un sale con, il est évident pour tout le monde que par mon usage de la langue je participe à la violence de nos existences et que ça va avoir des répercussions sur mon interlocuteur, ma relation avec lui, moi même, mais également tout notre écosystème et ceux voisins.
Non, là où réside ma prise de conscience c'est que même dans nos rapports quotidiens, même dans nos rapports intimes, avec ceux que l'on aime on ne cesse d'être violents à cause de notre langage. Même lorsque j'essaye de réconforter un ami, de donner un conseil à celle que j'aime, de prendre soin d'un fils. Tout autant lorsque l'on fait une demande à quelqu'un pour satisfaire un de nos besoins et plus encore envers nous même.
Le poison dans notre langage c'est le jugement et les interprétations. Il ne se passe pas un acte devant nos yeux, une pensée dans notre esprit, qui ne soit pas interprétée et jugée immédiatement. Et c'est à partir de ces interprétations et jugements que nous pensons et agissons. Un exemple à priori anodin :
"Ça fait dix fois que je te dis que tes affaires en vrac là ça me gonflait, c'est toujours là, tu en as rien à faire de ce que je ressens." dit toto à sa chérie, tata. Tout dans cette phrase est à revoir. Que va pouvoir répondre tata ? Deux options : soit elle envoie chier toto, que elle ça la dérange pas donc qu'il est bien gentil mais qu'il cesse d'être aussi maniaque, ou alors elle s'excuse platement et range prestement, se sentant coupable de son impair. Dans les deux cas peu de chances que tata sache vraiment pourquoi toto vit si mal la situation. La manière dont il aura exprimé sa gêne aura coupé court à cette communication.
Pour d'autres exemples il n'y qu'à ouvrir l'agora. Prenez n'importe quelle discussion et voyez la tonne de jugements émis, qui rapidement amène les discussions vers des attaques / défenses / fuites plutôt qu'à creuser le sujet et essayer de comprendre ce que l'autre voulait exprimer et ce qu'il souhaite.
"Ça fait dix fois que je te dis que tes affaires en vrac là ça me gonflait, c'est toujours là, tu en as rien à faire de ce que je ressens." dit toto à sa chérie, tata. Tout dans cette phrase est à revoir. Que va pouvoir répondre tata ? Deux options : soit elle envoie chier toto, que elle ça la dérange pas donc qu'il est bien gentil mais qu'il cesse d'être aussi maniaque, ou alors elle s'excuse platement et range prestement, se sentant coupable de son impair. Dans les deux cas peu de chances que tata sache vraiment pourquoi toto vit si mal la situation. La manière dont il aura exprimé sa gêne aura coupé court à cette communication.
Pour d'autres exemples il n'y qu'à ouvrir l'agora. Prenez n'importe quelle discussion et voyez la tonne de jugements émis, qui rapidement amène les discussions vers des attaques / défenses / fuites plutôt qu'à creuser le sujet et essayer de comprendre ce que l'autre voulait exprimer et ce qu'il souhaite.
Cela est ancré en nous profondément. Pour se le prouver un exercice simple : prenez une situation qui vous a tendu récemment, essayez maintenant de la décrire objectivement, sans la moindre trace d'observation et de jugement. Galère garantie.
Chaque fois que je m'exprime et que l'autre me renvoi un jugement je me retrouve dans une situation où bien souvent je vais vouloir me justifier ou envoyer chier l'autre plutôt que pouvoir m'exprimer et me sentir compris. Les jugements viennent couper la communication, empêche les individus d'exprimer ce qui les anime vraiment, pire ça les empêche même de le penser. Ces jugements nous les portons sur les autres mais nous les portons avant tout sur nous-même. De cette impossibilité de penser nos besoins profonds à cause de ces jugements qui coupent la réflexion nous optons pour des stratégies dans nos vies qui se révèlent souvent tragiques et au final nous laissent insatisfaits. Par exemple combien courent après l'argent ? Parmi ceux là combien sont vraiment au clair avec la raison de cette course ? De ce qu'ils cherchent à satisfaire de cette manière ? Pour l'un ça sera un besoin de sécurité, mais peut être que si il mettait autant d'énergie à s'inventer une vie en collectivité il y trouverait plus que son appartement de 800m2 désespérément vide et qui ne le rassure en rien. Pour l'autre l'argent est l'étalon de son estime de soi ou de reconnaissance, mais là encore il existe peut être d'autres stratégies qui rempliraient ces besoins mieux encore.
De plus nous pouvons être en désaccord sur les stratégies à adopter pour remplir nos besoins : les uns se sentiront en sécurité en SR lorsqu'il y aura des lois bien cadrées, d'autres au contraire lorsque personne n'aura la possibilité jamais d'user du pouvoir. Ceux là vont s'affronter, s'affrontent même depuis des années, alors que ce sont les mêmes besoins qui les animent. Ce n'est que lorsque nous seront en capacité d'exprimer des besoins au lieu de stratégies et que l'on sera capables d'entendre ceux des autres sans jugement et surtout de ne plus utiliser le langage comme une barrière à cela que nous pourrons vivre les uns avec les autres avec bienveillance. Autrement jamais ne cesseront les conflits. Il nous faut réapprendre à parler, à penser donc même, à nous déconditionner. C'est le prérequis à toutes nos utopies.
Ceci est mon dernier écrit avant longtemps, une de mes dernières apparitions publiques, que je fais déjà rare depuis longtemps. Depuis cette épiphanie je me refuse à parler la langue que j'ai toujours parlé, j'en apprends alors une nouvelle où le jugement est banni. Hélas elle n'existe pas ce qui rend la tâche ardue et longue. Je l'invente alors pour moi même, espérant parvenir à la maitriser autant que le poison que j'ai manipulé toute une vie durant. C'est mon seul et dernier espoir de voir advenir un monde meilleur.
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29 Octobre 2017
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Xman~48816 (0☆) Le 30 Octobre 2017
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