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Le tutoiement.

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Un petit texte écrit par mon piaf ce matin sous le coup d'une inspiration et prise de conscience de ce que l'usage du 'tu' ou du 'vous' dit des inégalités. Soumis en 'article du moment', je ne comptais pas en faire quelque chose de plus mais finalement il rentre bien dans cette catégorie d'edc d'Odul. L'article peut être considéré RP.
Parmi les nombreuses choses qui m'ont marqué lors de mes premiers pas en SR 50 ans en arrière il y avait le culte du tutoiement. Instruis par le mécanisme d'éducation des clones de Thallys j'étais enclin à utiliser le 'vous' pour signifier un respect et lorsque j'étais impressionné par quelqu'un (tout le temps). Je me faisais alors méchamment rabroué par nombre de rebelles qui allaient jusqu'à me menacer de mort si je réitérais. Je me souviens même d'annonces aitl ou de messages à l'agora qui traitaient ceux qui utilisaient le vouvoiement d'impérialistes. Cela me révoltait. Mais finalement aujourd'hui je comprends que j'étais révolté par la forme, pas par le bon sens de se passer du vouvoiement.
En 50 ans que je vis ici mes rêves d'une société d'égaux ont eu la vie dure. En 50 ans les inégalités se sont mêmes creusées. Notre société est ultra hiérarchisée avec des 'Leaders', des patrons de corpos, des petits dgs, des vieux possédants (dont je suis désormais), des autorités diverses, des chefs de clans ou de familles, etc. A mon arrivée en voyant tous ces puissants je ne me voyais pas faire long feu ici ni même arriver à me faire une place pour me faire entendre au même niveau qu'eux. Comment avoir sa place face à des types ayant vécu 30 ans ici qui en connaissent tous les rouages, sont riches, ont des potes, etc ? J'imagine qu'un NA d'aujourd'hui doit toujours ressentir cela.
Ces inégalités créent naturellement des rapports biaisés. Qui n'est pas tenté de faire bonne figure face à son patron qui peut décider de notre sort selon son humeur ? Ou face à celui à qui on compte demander une subvention pour un équipement ou un projet ? Ou face aux autres que l'on espère convaincre du bien fondé d'une nouvelle politique à voter ? Le vouvoiement afin de signifier la prise en compte d'une différence, d'une subordination, d'une dépendance, est un outil pratique. Mais son utilisation revient à signifier l'acceptation, la soumission ou l'abandon face à ces inégalités. Son utilisation dessert les idéaux d'une société d'égaux car oblitère notre lutte.
Il n'est pas facile de changer notre société, de mettre à bas ces positions d'autorité les uns sur les autres, de faire du SR une société d'égaux. Beaucoup de combats sont à mener et ne seront peut être jamais gagnés. C'est là qu'intervient le tutoiement. C'est dérisoire en apparence mais son utilisation systématique est l'expression du refus de ce système de domination des uns sur les autres. Le rappel à chaque utilisation à chacun d'entre nous que oui on vit dans une société de domination mais que dans notre esprit on aspire à mieux et que à défaut d'être égaux dans les faits nous gommerons ces différences dans nos discours et nous affirmerons notre volonté de changement.
Le tutoiement est donc un outil de lutte politique, plus efficace et concret qu'une pancarte 'à bas les inégalités'. On peut l'emporter partout avec soi, l'utiliser en toutes circonstances pour peu que l'on ai un peu le courage et la volonté d'affirmer ses valeurs.
Quid du vouvoiement ? Il n'est pas à bannir. C'est également un outil politique, il permet la mise à distance. Il est à utiliser avec ceux avec qui on ne fait pas société, pour marquer cette différence entre ceux avec qui on construit quelque chose et ceux que l'on considère comme des ennemis de nos valeurs.

◊ Commentaires

  • Hécate (205☆) Le 21 Janvier 2017
    [Commentaire Rp.]

    Le raisonnement est agréable à lire, et se tient presque.

    Presque, car il statue bien trop aisément sur le fond de l'outil et c'est en ça qu'il est, à mon sens, biaisé. Vous excluez en effet qu'on puise user d'une scission entre tutoiement et vouvoiement pour en marquer l'intimité, la signaler même. C'est mon cas, par exemple et porteuse de ma jeunesse, je m'en fais le contre-exemple ; Je ne marque de l'utilisation du "Tu" que ma confiance, mon attachement. Nullement mon respect, mais n'allez donc pas aux extremes pour autant, le "vous" ne m'est guère ennemie.

    Ainsi, si tant est que je comprends le cheminement de votre raisonnement, Accoler une valeur à une coutume tirant ses racines dans de multiples motivations résidant en chacun est, peut-être, votre erreur. Il réduit en généralisant, peut-être, et ne compose donc pas avec le panel que Thallys nous a offert : Celui d'une diversité de penser, et de s'exprimer.

    Mais j'apprécie vos pensées, il y rode un parfum d'humilité qui rends la lecture quiète. Vraiment.


    Amicalement, une clocharde à bandelette.

  • Gunny~59843 (0☆) Le 23 Janvier 2017
    J'aime beaucoup ★

  • Rei (397☆) Le 23 Janvier 2017
    [Commentaire RP]
    C'est très chouette, Odul, ce genre de p'tite lecture !
    Sans parler d'outils politique pour tous, le tutoiement peut servir à se donner un air de mec cool, et pour ma part, je me sens déjà si vieille que si on me vouvoie, je suis outrée.
    J'ai le culte du "tu".

  • EHeFEB (0☆) Le 23 Janvier 2017
    ► Connexion entrante.
    _: Grande Malade rejoint le salon de discussion.


    Je ne vois qu'une société d'Ego.

  • AGRAMF (224☆) Le 24 Janvier 2017
    Consulte discrètement l'espace matriciel visiblement accessible et lit avec attention, va pour s'exprimer sur l'interface puis se ravise juste à temps

  • Nikea~2044 (185☆) Le 20 Avril 2017
    Elle ne vouvoyait personne. Et c'était bien pour signifier qu'elle ne laisserait personne jouer ses supérieurs.