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Experts et représentants ?
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Nous avons précédemment discuté du caractère nocif qu'aurait un système ayant uniquement l'apparence de la démocratie directe mais contrôlé par les pouvoirs en place et la démagogie. Finalement la plupart des instances de systèmes démocratiques sont à éviter et l'un des maîtres-mots pour qu'elles soient fonctionnelles devrait être non pas la confiance rabâchée à tour de bras mais la défiance et le contrôle. Néanmoins un système basé sur la confiance est il envisageable et pertinent ? Pourrait il répondre aux critères d'un bon système ?
Experts et représentants
L'impossibilité démocratique en SR (3)
Nous allons avant d'aborder la démocratie représentative faire un détour par la technocratie afin de pointer les similitudes et les avantages de l'un sur l'autre. Tout en démontrant j'espère que aucun des deux ne devrait être un objectif. Cet article est donc un peu plus long que le précédent.
La technocratie.
Le système actuel ne fait s'exprimer qu’une partie de la population à travers les votes (et pas forcément de manière informée) ainsi le système fonctionne uniquement à partir de l'avis d'une partie du secteur alors peut être est il préférable de la choisir en fonction de sa connaissance du sujet traité. On éviterait ainsi les 'je ne vous ai pas lu mais... voilà mon avis sorti du chapeau'. Ainsi les décisions ne dépendraient plus de personnes qui n’ont pas lu le problème, qui n’ont pas les connaissances pour le comprendre, qui ne prennent pas le temps de combler ce manque et qui votent selon l'humeur du jour (d'ailleurs le système pousse à voter pour atteindre un taux de participation décent) mais de gens ayant la compréhension du problème et ses ramifications. Ça répondrait déjà à un des deux prérequis.
Il y a un problème immédiat : qui juge l'expertise ? Pas la population car l'argument majeur d'une technocratie est que la population n'est pas en capacité de juger correctement donc pourquoi le serait elle à juger qui est apte à juger sur des sujets dans lesquels elle n'entrave rien ? Seriez vous vous capable de dire si une personne s'y connaît en neurochirurgie suffisamment pour pratiquer telle ou telle opération ? Les experts pourraient être ceux ayant des diplômes, diplômes obtenus par exemple comme en SI à la suite de formations 'universitaires'. des diplômes. Séduisant, mais alors ce ne serait pas les experts qui décideraient des politiques sectorielles mais implicitement ceux en amont qui préparent les contenus des formations et valident les expertises. On peut imaginer qu'ils recaleront les candidats ayant un point de vue trop éloigné du leur, soit par calcul politique soit par incapacité à accepter des thèses qui ne leur correspondent pas. Sinon chacun pourrait se déclarer expert (sans aval d'une autorité) mais si les décisions des experts divergent de ceux de la population (et pourtant c'est le but recherché, car on part du principe que le peuple ne sait pas et les experts oui. Si c'est pour avoir les mêmes décisions la délégation du pouvoir n'a aucun intérêt) alors elle se déclarera experte de tout pour reprendre le contrôle et participer aux délibération et on retomberait dans le pire travers de la démocratie directe et l'éloignement de décisions éclairées et donc du seul intérêt d'un système technocratique.
La technocratie prend le parti qu'il est préférable qu'un sous groupe informé s'exprime plutôt que tous. Est ce judicieux ? Uniquement pour des cas très particuliers (les choix techniques purs) mais inefficace ou néfaste dans la plupart des autres (choix de société). En effet pour de nombreux problèmes il va exister des solutions équivalentes en termes d'avantages/risques ou alors incomparables et c'est alors un choix de société qui doit être fait et non un choix technique. Par exemple faut il un prix fort pour le rachat des cristaux ? Ici rapidement ce n'est plus un débat d'experts sur le prix max à fixer pour que ça soit tenable, sur les effets espérés sur l'économie, etc mais un choix de politique sociale, de redistribution des richesses, de sensibilisation à telle ou telle chose. Et là les experts n'ont alors pas plus les clés que chacun d'entre nous pour décider de cette orientation. Ils peuvent aider à préciser le projet, y poser des limites mais pas plus.
Les experts ne sont pas représentatif de la population. Ils proviennent surement de milieux sociaux relativement homogènes. Ainsi ils ne peuvent se mettre à la place facilement de ceux qui ont une toute autre expérience de vie qu’eux et c'est plus difficile donc de prendre des décisions qui bénéficient aux tranches de la population qui n’est pas similaire à la leur.
Autre soucis : la corruption et la manipulation rendues rentable par un roulement inexistant (ou presque). Le 'pool' d'experts n'aurait pas tendance à évoluer drastiquement dans le temps et le pouvoir de décider des politiques sur un sujet donné resterait dans les mêmes mains. Si les experts sont identifiables et durables il devient pertinent d'investir sur eux du temps et de l'argent. Bref, les manipuler ou les corrompre. Alors qu'un système avec un roulement important ou avec beaucoup de personnes protège de cette dérive.
Enfin c'est la mise en avant d'une certaine conception de l'élite. Ce sont les meilleurs qui prennent la décisions. Si ce sont les meilleurs et qu'ils doivent subir des responsabilités alors peut être peuvent ils bénéficier de quelques avantages (en plus d'être déjà les décideurs). Rapidement peut se créer un sentiment de supériorité et la limite est fine avec l'aristocratie (le gouvernement par les meilleurs). La vigilance est donc de mise.
Une technocratie résout certes des problèmes de manière plus informée que la démocratie directe mais uniquement les problèmes techniques et ne sera pas plus efficace voir le sera moins pour prendre des décisions sociétales et prendre en compte la réalité de leurs impacts sur une population qui ne sera pas sollicitée sur la question sans compter les multiples dérives associées.
La démocratie représentative.
Et si les experts étaient choisis par le peuple lui même à intervalles réguliers ? Cela effacera t'il à la fois les dérives comme la corruption, le monopole, les castes et ce décalage entre décideurs et ceux qui vivent ces décisions ? Le peuple se choisirait alors ses décideurs de manière à ce que leur réalité soit représentée.
Avant d'aller plus loin il me semble nécessaire de démontrer, si besoin, que ce terme de 'démocratie représentative' est une fumisterie. Le pouvoir ne peut être à proprement parlé au peuple si le seul pouvoir donné par le système à ce peuple est pendant cinq minutes celui de le déléguer à d'autres pour toute la durée d'un mandat où il se retrouve impuissant et où d'autres parlent en son nom. De plus même si effectivement les élections sont au suffrage universel la plupart d'entre elles n'ont eu qu'un candidat (même au QG récemment) donc finalement les cinq minutes de pouvoir du peuple lui sont retirées car le système, faute d'alternatives construites au préalable, donnera le pouvoir au seul candidat. Même lorsqu'il y a plusieurs candidatures rares furent les fois où elles étaient toutes sérieuses et où le choix ne fut pas fait par défaut ou opposition comme le prouve les scores absolument pas disputés. Le pouvoir du peuple dans l'affaire est donc plus que relatif. Qu'en est il de la représentativité ? Pas besoin de appesantir là dessus : avec un ou deux candidats il n'est pas possible que le système le soit. Néanmoins les élus législateurs pourraient ne pas être des LRs mais faire parti d'un conseil comme ce fut le cas avec le conseil populaire sous Kinchaka, Rick et Neurine. Cet exemple démontre que davantage de gens peuvent être intéressés et candidats que pour des postes de LRs car le travail demandé est différent (il est demandé aux LRs actuellement de légiférer et exécuter alors qu'il serait demandé à ces élus uniquement de légiférer, les LRS continuant par exemple à exécuter). Reste qu'il semble impossible d'obtenir en SR un sous groupe assez large de la population qui soit représentatif des autres. Le terme de démocratie représentative est donc une fraude totale, aucun des deux termes ne collant à sa réalité. Ce système échoue même à être aristocratique puisqu'il n'amène même pas les meilleurs pour une fonction donnée à l'exercer. C'est une oligarchie(le pouvoir dans les mains d'un petit groupe) élective (dans le meilleur des cas où l'élection a un sens).
En SR nous avons choisi évidemment la pire modalité possible de ce type de système : on ne prend qu’un élu : le LR QG. Fini le partage du pouvoir, fini les décisions d'experts assurées sur les sujets (car aussi bon soit il ce LR QG ne peut l'être sur tous les sujets et saura t'il s'entourer correctement ?) et évidemment absence totale de représentativité. Néanmoins il y a toujours un elfe (Gecko) pour nous assurer que tout est parfaitement démocratique puisque le peuple a eu à un moment (mais pas toujours et dans quelles conditions ?) le droit de voter ! Depuis quelques années néanmoins et c'est une roue de secours bienvenue malgré ses lourdeurs : tous les LRs sont élus un à un ce qui en théorie permet donc un peu plus de représentativité et un éclatement du pouvoir et des responsabilités plus franc. Néanmoins tout cela reste à la discrétion du QG et organisé par celui ci donc le pouvoir reste totalement centralisé.
J'ai pointé du doigt le plébiscite comme danger du référendum en démocratie directe. Un système électoral se vautre dans le plébiscite sans complexes. On ne vote pas pour un programme ou un plan d'action mais pour une personne. Ainsi c'est de l'affect et de la confiance qui sont engagés donc tout ce qu'il ne faut pas pour qu'une société reste vigilante et sévère sur les dérives.
Le système encourage aussi l'opportunisme puisqu'il suffit de se présenter au bon moment (où nous sommes le seul candidat ou face à un rigolo) pour obtenir le pouvoir. Le peuple perd alors toute garantie de la représentativité même partielle de l'individu et pire de sa compétence.
Un exemple qui me semble résumer un peu tout ça : l'IA de Neurine la déclare à son insu (affirme Neurine) comme candidate pour son premier mandat, sans une ligne de programme. Face à elle plusieurs autres candidats dont certains ont un programme détaillé (mais assez différent du discours habituel). Elle l'emporte largement. Un pouvoir total sur toutes les organisations rebelles, l'argent public, la vie de tas de gens est donné à quelqu'un dont on ne sait pas grand chose des motivations pour ce poste, encore moins des actions envisagées et qui n'était pas prêt à l'assumer et ne s'y est pas préparé. Fin de mandat, elle se représente. Je candidate (avec le programme d'indépendance aux IAs) face à elle avec d'autres personnes. Ma candidature l'emporte largement. Quelques années plus tard Neurine se représente avec un programme de quelques lignes ('on va redresser le secteur ensemble') et en face d'elle se trouve un inconnu illettré. Elle a le poste à l'unanimité des votants. Le parcourt de Neurine fut donc : élue sans programme, recalée avec une marge certaine face à un autre candidat crédible puis enfin élue face à un gus. Ceci illustre déjà le problème du plébiscite, de l'opportunisme permettant d'accéder à un poste faute de candidats et malgré même un rejet ultérieur, l'absence de pouvoir du peuple pourtant sur un sujet majeur et l'absence de représentativité. Mais il y a plus : Neurine comme dit dans l'article sur la démocratie directe a pendant son second mandat organisé un référendum pour déconstruire ou modifier le système des miniDARs et avait annoncé que ce référendum était aussi largement un plébiscite pour valider ou non sa manière de gérer le QG et donc la confiance qui lui avait été donnée jusque là (par défaut d'où le besoin de légitimité via un plébiscite) et que en cas de modifications il faudrait lui faire à nouveau confiance pour mener à bien celles ci. Plusieurs des commentaires sur le vote appuyaient ce besoin de faire confiance à celle qui avait été élue. On a donc un système qui comme je le disais précédemment met l'affect en avant et facilite les dérives qui peuvent être accentuées par l'élu. Résultat des courses : le vote est passé vers modif/destruction à deux ou trois voix au dessus de la majorité. Neurine n'a pas su proposer de modifications attendant que d'autres (les miniDARs) le fassent pour elle. Elle ne s'est pas représentée à la fin de son mandat (malgré son engagement) et le LR QG suivant a tout simplement mis le tout à la poubelle (ce qui était bien sur l'objectif avoué de Neurine par ailleurs). Voilà le système dans lequel nous sommes et ce qu'il permet et provoque. Aberrant de bout en bout.
Est il possible néanmoins d'imaginer un système représentatif plus sain avec plusieurs représentants élus et formant une sorte de chambre ou de conseil (voir plusieurs même).
Il me semble que l'on peut distinguer deux cas :
Dans les deux cas c'est moins performant que la technocratie car se sont des non-experts qui vont prendre la décision et on reste sur une sous partie de la population qui vote et pas son ensemble. Alors certes ces gens sont élus contrairement à une technocratie et on peut donc espérer qu’ils soient plus représentatifs de la population en général. Mais je doute clairement que des gens qui arrivent à se faire élire en tant que représentants soient en fait représentatifs de l’ensemble des classes d’une population. Il me semble que le choix des représentants est surtout restreint à quelques classes d’individus (enfin ceci dit j’ai été élu alors que j’ai été toute ma vie ouvrier d’usine et indépendant de tout clan). Il pourrait en être autrement avec une population très large et un nombre de représentant très large aussi. Mais le SR n’est pas dans une telle situation. De plus une durée de mandat courte poserait le problème d'une instabilité dans le suivi des dossiers et de lourdeurs administratives (votes réguliers) mais des mandats longs posent le problème de la corruption comme pour la technocratie. De surcroît les allégeances de ces représentants à des partis ou clans vont les pousser à prendre non pas la meilleure décision globale mais des décisions découlant de calculs politiques. Ainsi on dérive totalement de l’objectif démocratique qui est de faire ressortir les meilleures solutions pour un problème donné. Les mêmes travers et d'autres en plus que la technocratie mais sans ses avantages. Dans tous les cas tout ce système pour être contrôlé et que le peuple possède des gardes fous il va être d'une lourdeur effroyable.
- les représentants sont peu nombreux : lorsqu’un problème est posé dans le meilleur des cas ils étudient tous le dossier, se renseignent auprès des experts, de la population et prennent une décision. Mais ils peuvent aussi très bien appuyer sur un bouton à l'instinct ou étudier le dossier superficiellement. Nous avons donc un sous groupe non représentatif de la population qui va prendre une décision moins informée que celle qu'aurait pris les experts. On ne satisfait aucun des deux prérequis d'un système souhaitable. Autant y préférer la démocratie directe ou la technocratie.
- les représentants sont nombreux : des sous groupes dans ces représentants vont étudier des problèmes différents, se partageant le travail. Donc pour un problème donné un groupe de représentant va se pencher sur la question, se renseigner auprès des experts et va soumettre auprès du reste des représentants le projet à voter. Ces autres représentants eux n’auront pas eu l’occasion de discuter avec des experts ni même de se renseigner réellement sur le sujet car ils ont par ailleurs d’autres responsabilités comme par exemple le montage d’un projet sur un sujet différent. Ainsi on va avoir ici non seulement qu’une sous partie de la population qui prend une décision mais en plus des gens pas plus informés que vous et moi sur le sujet. Nous aurons alors délégué notre pouvoir décisionnaire pour rien et même pire : nos représentants peuvent voter différemment de nous.
Dans les deux cas c'est moins performant que la technocratie car se sont des non-experts qui vont prendre la décision et on reste sur une sous partie de la population qui vote et pas son ensemble. Alors certes ces gens sont élus contrairement à une technocratie et on peut donc espérer qu’ils soient plus représentatifs de la population en général. Mais je doute clairement que des gens qui arrivent à se faire élire en tant que représentants soient en fait représentatifs de l’ensemble des classes d’une population. Il me semble que le choix des représentants est surtout restreint à quelques classes d’individus (enfin ceci dit j’ai été élu alors que j’ai été toute ma vie ouvrier d’usine et indépendant de tout clan). Il pourrait en être autrement avec une population très large et un nombre de représentant très large aussi. Mais le SR n’est pas dans une telle situation. De plus une durée de mandat courte poserait le problème d'une instabilité dans le suivi des dossiers et de lourdeurs administratives (votes réguliers) mais des mandats longs posent le problème de la corruption comme pour la technocratie. De surcroît les allégeances de ces représentants à des partis ou clans vont les pousser à prendre non pas la meilleure décision globale mais des décisions découlant de calculs politiques. Ainsi on dérive totalement de l’objectif démocratique qui est de faire ressortir les meilleures solutions pour un problème donné. Les mêmes travers et d'autres en plus que la technocratie mais sans ses avantages. Dans tous les cas tout ce système pour être contrôlé et que le peuple possède des gardes fous il va être d'une lourdeur effroyable.
Bref, parce que l'on est entre nous... :
Tu tiens le coup ? On embrayera sur la démocratie délégative, vraiment séduisante de prime abord mais finalement absurde.
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29 Mars 2016
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