EDC de Odul

Premier rendez vous. L'elfe, LR du CM me rejoint au Frelon. Cherakanon et moi galérons depuis quelques heures sur le terminal qui refuse tout maître nous foutant passablement de mauvaise humeur. Elle entre dans la pièce, sort tranquillement une clope de son décolleté et l'allume. Sure d'elle. Et non sans raisons. Elle jouit d'une réputation et d'une image toute nouvelle : 'Chef de Guerre de la Rébellion', auto-proclamée certes, mais personne ne semble vouloir lui contester ce titre. Elle est consciente du pouvoir qu'elle a, consciente de sa position de force. Elle a fait ses preuves en donnant du sang et des victoires à ceux qui en réclament. Moi j'ai mon cul dans un fauteuil depuis quelques heures et uniquement des promesses et des espoirs à mon actif.

Nous nous connaissons peu. Quelques mots échangés au bar surement. Néanmoins une sorte de respect mutuel semble en place. Sa proximité avec Pixelle et EveR aide surement. Mais je sais cela fragile. Elle est impulsive et son égo est imparable.

Néanmoins il ne devrait pas être question de rapport de force sur ce premier point. Nous venons d'échanger quelques messages sur le sujet dont nous allons discuter, elle ne semble pas hostile bien que moins enthousiaste que lorsque nous en avions discuté à l'université il y a peu.


Après quelques plaisanteries Aleïda lance :
On met pas le CM dans le Frelon non.
Merde... au temps pour moi... Elle a changé d'avis depuis qu'elle a pris le CM des mains de Malia... Pas surprenant, typique même, mais très décevant.
La tension monte direct d'un cran.
Pourquoi non?
Parce que le Frelon c'est pas l'armée. [...] Le CM reste un symbole.
Okay... c'est mal engagé. Le premier bras de fer du mandat commence. Et elle est plus musclée que moi. Je me couche de suite. Il ne sert à rien d'engager un conflit perdu d'avance et duquel je sortirai affaibli. Surement consciente que l'occasion d'affirmer son autorité s'échappe elle n'accepte pas la capitulation et surenchérit.
Le CM ne sera jamais assimilé au Frelon, sache le.


Les certitudes... il y a encore des gens pour en avoir !
De toujours j'ai pris garde à détruire systématiquement les miennes, ne jamais en laisser aucune s'installer en moi... ne jamais, jamais, leur ressembler. Le QG exigera des sacrifices, nombreux, mais tous ne sont pas acceptables. Rien qu'en acceptant ce poste, en devenant responsable des forces armées du secteur je suis devenu coupable de nombreux meurtres à venir. 28 années où jamais je n'ai été de près ou de loin impliqué dans la mort de quelqu'un... et je me condamne à vivre le reste de mon éternité avec ce poids désormais. Y arriverais je d'ailleurs ? Il me faut être vigilant sur ce que chaque geste ou parole a comme répercussions. Et le jour où je me trahirai j'espère avoir la lucidité de mettre fin à cette existence. Bref... concentre toi sur elle.

Comment peut elle dire un truc pareil ? Combien ont dit ce genre de phrases et sont maintenant en cryo oubliés de tous ? Pourquoi certains n'ont pas l'humilité nécessaire pour se rendre compte que d'autres, aussi forts qu'eux, aussi convaincus, ont échoué ? Et qu'il n'y a pas de raison qu'ils finissent autrement alors qu'ils suivent le même chemin dans leur arrogance...

A chaque fois que quelqu'un témoigne d'une certitude je deviens instinctivement méfiant. Tout est si complexe... comment obtenir la moindre conviction ? Si il est certain de quelque chose alors deux options : il n'a pas assez réfléchit au sujet pour en voir la complexité ou alors il s'aveugle volontairement.
On apprend énormément sur l'autre de ses certitudes.

Option deux certainement pour elle. Ses paroles sonnent plus comme un souhait qu'une constatation. Le souhait que son travail ne soit jamais vain. Croire dans la nécessite et la justesse de ce qu'elle fait... c'est surement ce qui lui permet d'avancer d'ailleurs. Mais c'est sa plus grande faiblesse : aucune certitude, surtout de cette envergure, ne résiste à un examen rigoureux ou aux évènements. Je grimace intérieurement. Il me faudra être vigilant au jour où les siennes voleront en éclats... La connaissant, ça ne se fera pas dans le feutré.

Étrange comment une affirmation voulue pour la poser en situation de force ne fait en réalité que m'exposer ses failles.


Néanmoins c'est repartit : argumentaire contre argumentaire. Chacun s'affirme tout en laissant toujours une sortie à l'autre, ne bloquant jamais la situation. Nous aurions trop à y perdre à ce stade. Cherak feint de pioncer sur le terminal. On concède des petits points, chacun demande à l'autre son avis sur telle ou telle broutille. Implicitement nous reconnaissons, malgré le désaccord et l'opposition franche sur cette question, la position et l'expertise de l'autre. On constate les compétences de l'autre autant pour le flatter que pour souligner en creux leurs limites et s'affirmer soi. Mon premier et surement pas mon dernier exercice de funambulisme pendant ce mandat.


Elle finit par lâcher : Si tu veux je laisse la place au CM, aucun soucis.
Et ajoute : On fait ça ?

Au pied du mur. Elle sait que si elle quitte le CM je me retrouve avec le tiers du secteur sur le dos. Et pas n'importe quel tiers : celui qui gueule fort, qui est impulsif et a les muscles. Et elle en électron libre... ingérable. Je relâche ma poigne et cède bien sur, lui concédant la victoire. Le sujet est clos. Pourtant c'est elle qui a perdu. Cet ultimatum est un aveu de faiblesse, les mots qu'elle prononce l'inverse de ceux qu'elle pense. Je n'ai hélas aucune raison de m'en féliciter : je sais que la confirmation de cette faiblesse aperçue plus tôt me créera des soucis. Elle n'est pas la chef de guerre sans scrupules et sans doutes qu'elle joue.


Bon... on s'échauffe pour rien alors que je voulais juste avoir un avis avant d'aller plus loin.
Je l'ai eu... on va pas plus loin donc.
Je te remercie d'avoir bloqué du temps pour me donner ton point de vue.
Crois moi, si je m'énerve tu aura même pas le temps d'ouvrir la bouche pour dire qu'on s'échauffe.
Ça ne pouvait pas se conclure sans qu'elle réaffirme sa position. Néanmoins elle ajoute :
Bref, je vais te faire ton truc de compte rendu la...

Parfait. Nous arriverons à travailler ensemble. Même si mon projet pour le Frelon tombe à l'eau j'ai obtenu l'essentiel et même plus.

'tain... maintenant qu'est ce que je fais du Frelon moi ? Raah j'avais la solution parfaite pour en neutraliser les merdes habituelles sans court-circuiter cette OR... Tant pis, prochain bras de fer : avec les Frelons.