EDC de Night

zic ambiance(whisper)

Tout est si calme si paisible dans ce silence mortuaire. Je m’allonge en ton sein durant des heures qui deviennent des jours. Le temps s’écoule lentement à l’extérieur mais je reste dans ma bulle, dans ce rêve du plus profond des sommeils. Cette douce berceuse me fait voltiger dans un monde de lumière entièrement imaginaire. Étendue, je regarde le ciel si pourpre voler par-dessus mon être.

Je m’attarde au seuil de la porte de ce monde trop longtemps. Le réveil sonne, des monstres hurlent mon nom, pour mon éveil. Quelque chose, quelqu’un m’attend pour que je respire à nouveau. Je renais, mais pas sans séquelles, tout est flou et ondule dans ma tête. Mon enveloppe corporel me semble différente, affaiblie et toute engourdie. Je divague, consciemment, j’ai oublié des choses de ma vie. Je possède en moi les réponses à mes questions. Toutefois, je les rejette, la raison humaine agit souvent ainsi. Quand quelque chose est trop désagréable ou douloureux nous l’effaçons de nos mémoires tout simplement, mais les réponses demeurent toujours là.

Je n’en ai rien à faire, je pense même que cela peut être bien d’avoir oublié qui je suis, mais ai-je seulement le droit d’oublier et de perdre le contrôle de mon être ?

Apparemment, cela m’est interdis, responsabilités, famille, trahison, tout se mélange en mon esprit. Les dates, les années, des flashs incessants m'harcèlent sans vergogne. La douleur s’empare de mon être. Je tremble d’excitation et de crainte. Suis-je sans âme ? Mon moi intérieur s’éveille peu à peu, la douleur qui s’empare de mon être m’aide à me souvenir. Tout résonne en moi brisant l’équilibre et me plongeant dans un état d’aliénation. Je tire sur cet anneau, ordonnant à mon sang de couler avant de le déguster tel un met de choix. Cette saveur me rend ivre de plaisir. Ces êtres autour de moi, je dois me rappeler d’eux, avant d’être détruite. J’ai la sensation d’avoir dormis des millénaires, mais ce n’est pas le cas.

Mon propre reflet m'est inconnu, mais je feins de m’en rappeler. Cet homme semble me connaître, son nom me revient, mais qui est-il pour moi ? Tout comme ces femmes, tous sont des inconnus.
Je retiens ma respiration, un goutte de sueur perle sur ma peau, leurs paroles mielleuses sont elles sincères ? Tout est si vague et déferle en mon esprit si violemment que je suis à la limite de perdre toute raison. Cette vie commence à me faire ressentir son poids sur mes épaules. Je me mens à moi-même et me cache derrière un semblant de sourire et de docilité, leur laissant penser que cela va mieux. Je suis reliée aux personnes qui m’entourent par des entraves craintives et invisibles. Je suis perdue dans un labyrinthe dans lequel je cours haletante qui me semble sans fin. Je tente de me rappeler et là c’est encore plus douloureux. Ma mémoire est scellée, des mensonges et des sentiments emplis de larmes et de solitude destructrice. Tout est si pourpre, cette sensation me semble la plus réelle, j’ai l’impression que mon âme a baigné dans un champ de fleurs écarlates dont il n’y a jamais eu de fin. Me suis-je réveillée pour me retrouver dans la pénombre vermeille à nouveau ?
Je lis des messages incompréhensibles, tant de gens me hantent ? Filles, familles, ami(e)s, morts, disparu(e)s, drogues, sang, entreprises, argent, pouvoir, projets, arts, haines, amours, trahison déceptions, reproches, mensonges, hypocrisies, perdition, fierté, honneur ...

Ces données pénètrent mon être tel un ouragan dévastateur ne me laissant nul répit.

Je rampe, les suivant à travers ce monde, l’air brûlant mes poumons, ce doux poison se répand dans mes veines. J’essaie de regarder en moi, mais revoilà les flashs qui transpercent inlassablement mon cœur. Tout en moi a donc été changé au cours du temps ? Peut-on vraiment quitter l’obscurité pour le côté lumineux ? Rien n’est plus incertain. Je ne peux continuer comme ça. Ces personnes tentent de me rassurer et j’ai des responsabilités. Pourtant je reste perdue dans ce monde de désolation, mon esprit me révèle que je recherche inlassablement quelque chose de plus, une chose qui me fera quitter la lassitude dans laquelle je vis. Est-ce pour ça que je suis morte ? Des souvenirs réapparaissent de manières éparses telles les gouttes d’eau d’un jour pluvieux.

Parlant plus à l’atmosphère qu’aux êtres m’entourant, j’ai la sensation que tout s’effondre en moi-même pour me conduire sur le chemin de la démence. Je sais que je peux arrêter cette douleur, il me suffit d’en avoir la volonté et de ne pas fuir. De longs murmures me chuchotent de douces paroles, empreins d’amertume. Je n’ai qu’une envie obsessionnelle depuis mon retour, celle de voir leur corps déchiqueté baignant dans un liquide rouge d’andrinople, d’ôter une à une les plumes et d’entendre son délicieux murmure de souffrance tel une berceuse jouissive. Tirant encore sur mon piercing, ma lèvre saignante, je passe ma langue sur ces dernières et savoure cette saveur. Cela serait une telle félicité, si je pouvais leur faire ressentir cela. Tels des anges déchus à mes pieds, j’en éprouverais un tel ravissement. Toutefois je dois me reprendre, des voix ne cessent de me hanter pour me faire revenir à la raison dont je n’ai nulle envie ni besoin.

Lire des tonnes de messages, de noms, de paperasses et ces perpétuelles douleurs affectent mon cerveau. Est-ce dont si important pour eux que je me souvienne d’une vie cramoisie ? Je n’ai été qu’un pion utilisé à bon escient et jeté à chaque moment de celle-ci. Je hais les mâles. Je n’éprouve aucun véritablement remord face à la mort. Ces informations sont gravées dans ma mémoire.

L’obscurité s’efface peu à peu, face à la lumière. L’aurore rompt le silence de mes souvenirs et libère mon âme. Des bras tendus m’attendent encore et encore, des étreintes semblant sincères mais pour combien de temps ? De tendres paroles atteignent mes oreilles mais on t-elle un semblant d’authenticité sur le long termes ? Dois-je leur succomber ou m’en méfier ?

"N'essayez pas de me réparer, car je ne suis pas brisée, c’est seulement mon masque qui est tombé."