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C'est dans les petites choses...
Cinq heures quart. Paradoxe devenu une habitude, c’est le lever de l’ombre qui le réveille. Au travers de la lucarne, les néons de l’éclairage public ont offert leur dernière étincelle de la nuit – exigences des économies d’énergie. Les rebuts de ceux qui ont de l’avenir appartiennent à ceux qui se lèvent tôt, très tôt, alors,
il s’extrait, se grillant un mégot entamé (exigences des économies de crédits) pour se donner du courage. Au point de départ, il avait choisi cette heure principalement pour échapper aux regards du voisinage. Pourtant, ils ne sont pas mieux lotis que lui, pas de beaucoup, en tout cas. Mais quand on a peu, un rien fait proportionnellement une différence immense, et ce rien,
parfois, c’est la fierté, la capacité à planquer ses failles, et à endosser le masque du cynisme indifférent. Ca lui a plutôt bien réussi, à son sens. Bien sûr, ça n’a pas réglé les factures, embelli son taudis ou amélioré sa solitude, mais au moins, ça donne l’apparence d’un style embrassé, plutôt que d’un subi pathétique. Nihil, nihil,
nihil (omino), le non-être érigé au rang d’art, après tout, ce n’est pas plus ridicule qu’un défilé de mode nobiliaire. C’est un masque qui protège des déceptions, voilà comment il le décrirait. Si quelqu’un, un jour, s’avisait de lui demander (si seulement). Mais au-delà de ces questions de fiertés, il avait découvert d’autres bénéfices à
cette heure improbable. Trop tôt pour les honnêtes gens, trop tard - de peu - pour les rôdeurs du Sud, et puis, de toute façon, qu’y aurait-il eu à prendre chez lui (nihil). Trop tôt – de peu – pour le passage des éboueurs, trop tard pour les dépôts en bonne et due forme. L’heure où les containers se font coffre au trésor, pour qui sait y mettre
de la détermination, de la vitesse et du talent. Car il ne faut pas croire, la concurrence est rude. Cinq heures trente – la demie-heure des pouilleux non-pucés, une vague de gris, de brun, de noir qui rôde à pas feutrés en espérant trouver la perle rare avant l’aube. Les plus professionnels – il en fait partie – ont pris leur pied-de-biche, il paraît, même,
qu’on trouve dans la faune un ancien hacker passé indésirable, qui, subtil, sait faire chanter à sa guise les serrures électroniques. Légende urbaine, sans aucun doute. Lui, il est de la vieille école, et il se fie tant à son flair qu’à son savoir-faire. Au propre, au figuré, les deux à la fois, sans doute. Il est tombé sur assez de collectes d’aliments périmés
pour se fier à ses tripes. Et ce container, là, qui lui fait de l’oeil avec ses p’tites griffures le long de la carlingue et sa serrure dégradée par les pluies acides, au pied de cette villa qu’il refuse de voir vu à quel point ça le tue de savoir qu’il ne pourra jamais l’avoir, ce container-là, donc, il le sent, il le sait, c’est le bon, c’est le sien. Il n’a qu’à se contenter
d’agiter son pied-de-biche pour chasser la rivale qui a cru pouvoir tenter sa chance. Elle se tire, l’autre, crachant par terre, mais qu’est-ce qu’elle pourrait bien faire, de toute façon, avec son kanuf rouillé et sa peau qui contient plus de trous que de derme. Pathétique, pathétique, même le bas du panier a sa hiérarchie, et ça le rassure, de n’être pas tout en bas
du bas. Il approche de sa proie, il n’a d’yeux que pour elle. Il en fantasme déjà. Qu’est-ce que ça peut bien jeter, les gens trop riches pour s’en soucier, il n’a jamais été trop sûr mais il s’imagine, des cartes électroniques, des neuvopacks encore en état, même, une fois, haut-de-forme presque pas troué, enfin, il le croit, il l’a ptêtre rêvé (nihil), mais dans tous les cas,
des trésors, c’est une certitude. Alors, il sort son pied-de-biche, et commence à ouvrir, essayant de n’être pas trop bruyant, et croyez-moi bien, c’est du vrai boulot, en un quart de cycle. Une petite pause, s’éponger le front, et c’est là l’erreur, la vraie. Son regard remonte et en croise un autre, indéchiffrable, là, sur le balcon de cette villa qu’il tentait de ne pas voir, puis,
ça dure une seconde, ou peut-être l’éternité. Puis il se détourne, rentrant dans son palace, le bourge, et le paumé, lui, il sent ses épaules qui chutent, et le dégoût qui l’envahit, dégoût du monde et de lui-même, ça fait comme une pesanteur bizarre, l’estomac qui remonte vers la bouche sans oser en sortir. Il soupire, rembarque son pied-de-biche pour regagner son chez-lui. Et en chemin, il se demande si ça se reconstruit, une fierté, même factice.
il s’extrait, se grillant un mégot entamé (exigences des économies de crédits) pour se donner du courage. Au point de départ, il avait choisi cette heure principalement pour échapper aux regards du voisinage. Pourtant, ils ne sont pas mieux lotis que lui, pas de beaucoup, en tout cas. Mais quand on a peu, un rien fait proportionnellement une différence immense, et ce rien,
parfois, c’est la fierté, la capacité à planquer ses failles, et à endosser le masque du cynisme indifférent. Ca lui a plutôt bien réussi, à son sens. Bien sûr, ça n’a pas réglé les factures, embelli son taudis ou amélioré sa solitude, mais au moins, ça donne l’apparence d’un style embrassé, plutôt que d’un subi pathétique. Nihil, nihil,
nihil (omino), le non-être érigé au rang d’art, après tout, ce n’est pas plus ridicule qu’un défilé de mode nobiliaire. C’est un masque qui protège des déceptions, voilà comment il le décrirait. Si quelqu’un, un jour, s’avisait de lui demander (si seulement). Mais au-delà de ces questions de fiertés, il avait découvert d’autres bénéfices à
cette heure improbable. Trop tôt pour les honnêtes gens, trop tard - de peu - pour les rôdeurs du Sud, et puis, de toute façon, qu’y aurait-il eu à prendre chez lui (nihil). Trop tôt – de peu – pour le passage des éboueurs, trop tard pour les dépôts en bonne et due forme. L’heure où les containers se font coffre au trésor, pour qui sait y mettre
de la détermination, de la vitesse et du talent. Car il ne faut pas croire, la concurrence est rude. Cinq heures trente – la demie-heure des pouilleux non-pucés, une vague de gris, de brun, de noir qui rôde à pas feutrés en espérant trouver la perle rare avant l’aube. Les plus professionnels – il en fait partie – ont pris leur pied-de-biche, il paraît, même,
qu’on trouve dans la faune un ancien hacker passé indésirable, qui, subtil, sait faire chanter à sa guise les serrures électroniques. Légende urbaine, sans aucun doute. Lui, il est de la vieille école, et il se fie tant à son flair qu’à son savoir-faire. Au propre, au figuré, les deux à la fois, sans doute. Il est tombé sur assez de collectes d’aliments périmés
pour se fier à ses tripes. Et ce container, là, qui lui fait de l’oeil avec ses p’tites griffures le long de la carlingue et sa serrure dégradée par les pluies acides, au pied de cette villa qu’il refuse de voir vu à quel point ça le tue de savoir qu’il ne pourra jamais l’avoir, ce container-là, donc, il le sent, il le sait, c’est le bon, c’est le sien. Il n’a qu’à se contenter
d’agiter son pied-de-biche pour chasser la rivale qui a cru pouvoir tenter sa chance. Elle se tire, l’autre, crachant par terre, mais qu’est-ce qu’elle pourrait bien faire, de toute façon, avec son kanuf rouillé et sa peau qui contient plus de trous que de derme. Pathétique, pathétique, même le bas du panier a sa hiérarchie, et ça le rassure, de n’être pas tout en bas
du bas. Il approche de sa proie, il n’a d’yeux que pour elle. Il en fantasme déjà. Qu’est-ce que ça peut bien jeter, les gens trop riches pour s’en soucier, il n’a jamais été trop sûr mais il s’imagine, des cartes électroniques, des neuvopacks encore en état, même, une fois, haut-de-forme presque pas troué, enfin, il le croit, il l’a ptêtre rêvé (nihil), mais dans tous les cas,
des trésors, c’est une certitude. Alors, il sort son pied-de-biche, et commence à ouvrir, essayant de n’être pas trop bruyant, et croyez-moi bien, c’est du vrai boulot, en un quart de cycle. Une petite pause, s’éponger le front, et c’est là l’erreur, la vraie. Son regard remonte et en croise un autre, indéchiffrable, là, sur le balcon de cette villa qu’il tentait de ne pas voir, puis,
ça dure une seconde, ou peut-être l’éternité. Puis il se détourne, rentrant dans son palace, le bourge, et le paumé, lui, il sent ses épaules qui chutent, et le dégoût qui l’envahit, dégoût du monde et de lui-même, ça fait comme une pesanteur bizarre, l’estomac qui remonte vers la bouche sans oser en sortir. Il soupire, rembarque son pied-de-biche pour regagner son chez-lui. Et en chemin, il se demande si ça se reconstruit, une fierté, même factice.
◊ Commentaires
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Stellijah (292☆) Le 25 Mars 2024
[✩₊˚.⋆☾⋆⁺₊✧] -
Nezdar (154☆) Le 25 Mars 2024
Tu vois ce que ça fait quand tu sors de ta villa juste pour t'en griller une ? :( -
Stellijah (292☆) Le 25 Mars 2024
[Hu? '-'] -
Nezdar (154☆) Le 25 Mars 2024
[Simple taquinerie en comparant Stellijah à l'habitant de la villa car i(e)l est trop cool. Vwalà :x compliment déguisé.] -
Stellijah (292☆) Le 25 Mars 2024
[Rho♥... J'adore tes écrits et l'originalité de Nezdar~]