EDC de Nero

Des années se sont écoulées, des essais tous plus infructueux les uns que les autres.
Aujourd'hui alors que je pense m'approcher de ce but, le monde se déforme autour de moi, les sons deviennent des grésillements électroniques, mon instinct se mue en un spasme électronique, mes gestes perdent en précision, ma concentration devient le fantôme d'un autre temps.
Une douce chaleur emplit mon cœur, réconfortante en dépit de mon déclin qui semble peu à peu inéluctable.
Je suis fatigué, depuis trop longtemps, je n'ai pas vu les erreurs s'incrémenter tout au long de cette part de mon existence. Ce que je considérais comme la sublimation de mon art est en train de me tuer. A me faire le cobaye des outils composant mon univers, j'en paie désormais le prix.
Mes efforts deviennent des montagnes à gravir, ma détermination est trahit par des défaillances de ma cybernétique

Le Bricognoll se tenait avachi dans un canapé, les projecteurs holographiques de son salon faisant défiler des extraits de code à la logique abstraite.
Tout ceci devenait du charabia pour ce dernier, rien ne ressemblait à la structure qu'il avait depuis longtemps défini avec son propre langage de conception. Ces extraits à chaque rafraichissement se transformaient petit à petit, évoluant vers quelque chose dont la nature semblait lui échapper.

• M'si j'avais cru qu'ça f'rait ça mrrrfff.. S'techniquement impossible, qu'est c'qui s'est passé ?

Faisant face à la déferlance et aux évolutions logiques, il découvrait peu à peu avec un découlement logique de ces dernières années. Rien n'avait été fait au hasard, ces bugs constatés, ces symptômes de dommages sur son système, il avait à chaque fois, seul, tenté de réparer par du calibrage, de la reconstruction d'algorithmique pour tenter d'optimiser et supprimer les effets secondaires.
Mais l'entité profitait de cela, gagnant en puissance petit à petit, pompant dans chaque apport pour lui demander plus d'ingéniosité, plus de "puissance" tel un crippler matriciel à un avatar.
La fatigue s'intensifiait, il perdait peu à peu le contrôle sur cette escalade incessante au fil des années.

• Il est temps, je vais devoir la relâcher.

Un goût amer de défaite s'installait dans son palais, un aveu de faiblesse de sa part, son égo fracassé face à l'horreur conçue depuis des décennies qui se délectait de lui même.
Il ferma les yeux, réalisant une introspection sur lui même, s'avouant vaincu.
C'est la fin, et pourtant, il le sent au plus profond de lui, cette main tendue qu'il a refusé depuis des années, qui est resté là pour lui, veillant sur lui avec une ferveur indéniable.
Le constater de nouveau l'apaisait et de cet apaisement découlait des solutions, d'autres voies hypothétiques pour s'en sortir.
Il était temps de faire confiance, de partager son fardeau pour s'en sortir.

• Tout n'est pas perdu... Tant que je respire.