EDC de Nero

Code temporel: ********
Basse ville, terrain vague.

Un homme, cosmopolitain noir sur le dos, jambières techno, bottes à piques et une clope éteinte aux lèvres se trouvait à genoux, le regard perdu sur le sol humide. La pluie s'abattait sans relâche sur lui, sa tenue imbibée d'eau lui glaçait le sang.
Il grelottait sur place, des larmes coulaient doucement sur ses joues rougis par le froid.
"Je suis fatigué... Lassé... Je n'en peux plus..." disait-il face au smog

Péniblement, il enleva son deck accroché à son bras, pianotant dessus quelques instants avant de lâcher un long soupir.

"Pourquoi ? Pourquoi ? Ma dernière motivation... Je n'ai plus que toi et tu me lâches... Tu m'abandonnes pour des futilités..."

L'homme se releva avec difficulté, se tenant debout, son visage s'assombrissait petit à petit, accablé par la douleur qui lui déchirait la poitrine.

"Je te hais... Pour toute cette douleur que tu m'apportes, je te hais..."

C'est alors qu'il reçu un message, celui-ci l'interrompant dans ses lamentations.

L'humain se massa la nuque un instant avant d'y répondre favorablement oubliant l'espace d'un instant ses idées noires. Il prit ensuite la direction de son rendez-vous improvisé d'un pas lent et peu motivé.
L'échange ne dura hélas pas longtemps, son contact mettant rapidement fin à la conversation.
L'homme, un peu blasé, lâcha :

"M'kay... Désolé je vous ennuie."

Celui-ci le contredit mais cela ne l'empêchait pas de le penser, tandis que ses idées noires refaisaient surface, sa douleur à la poitrine ne perdant toujours pas en intensité.
Il quitta le lieu de son rendez-vous, allant fureter dans un autre décor, toujours aussi maussade pour le coup.

Il atterri dans le hall du centre de cryogénisation, le froid glacial du lieu venant rapidement le prendre aux tripes. L'homme se mit en tailleur sur le sol glacé puis ferma les yeux un instant, laissant ses pensées, émotions s'exprimer librement en lui.

"Que dois-je faire ? Nous nous devons d'évoluer mais j'échoue sans arrêt... M'bordel..."

L'humain leva les yeux vers le plafond un instant, pensif.

"L'secteur va mal... Nous critiquons l'secteur poubelle mais finalement s'pas mieux ici, le même soucis, frères et sœurs se marchent dessus cherchant à s'accaparer la moindre once de pouvoir, brisant la volonté des autres pour l'plaisir personnel... Et moi j'me lamente seul comme un con... J'ai mal... Putain... J'ai renié ma fille, ma boule de plumes et elle a cryo... Je n'avais plus qu'elle et ma m'zo... C'ment avancer quand ceux qui nous donnent la force d'avancer nous lâchent ? Hein ? Enculé d'Imperator, toi, tes préceptes et ton héritage de merde.... T'as pas la réponse j'parie..."

Un long silence prit place dans le hall pendant plusieurs cyclo minutes tandis que l'homme toujours en tailleur grelottait, le froid mordant sa chair, s'imprégnant en lui.
Il pianota une dernière fois sur son deck avant d'ajouter en soupirant à nouveau:

"Je suis fatigué... Et tu n'es pas là... J'ai besoin de toi... Et tu t'casses pour des frivolités..."

Le temps s'écoulait, l'homme replié sur lui même, se laissait petit à petit dévorer par le froid.
La réalité l'extirpa finalement de ses pensées noires, l'obligeant à bouger. Un gnoll entra en reniflant dans le hall.

"Hu, ç'va pas mec ?"

L'humain tourna alors péniblement la tête vers lui.

"M'soir..."

La masse de poils rangea ses vibrolames, approchant tout en méfiance.

"Hu ?"

"Hmm.... T'viens faire quoi ici toi ?"

"J'v'nais m'poser au calme." "m'c'raté."

L'homme esquissa un léger sourire.

"D'solé c'soir j'squatte mais ya d'la place ici."

"J'vais faire n'ti tour et j'repass'rais, ptét à taleur alors !"

"M'kay bonne soirée..."

Le gnoll s'effaça du hall, laissant de nouveau l'humain seul.
Il fixa un long moment la porte menant à l’ascenseur pour accéder aux cuves de cryo, pensif, puis il lui tourna finalement le dos, allant vers la sortie du frigo géant.

"Pas maintenant... J'peux pas les laisser... Faut que j'finisse mes projets... Il faut les protéger, les préparer... Quelque chose de terrible approche... Il le faut... Même pour elle... Je l'aime malgré tout..."