EDC de Neritheca

Le grand soir.

Depuis longtemps déjà, des années peut-être, les scientifiques de la ville l'avaient annoncée. Nous ne voulions pas le croire, attachés à notre ville, à nos amis, à nos habitudes. La vie était ce qu'elle était, pas toujours simple, souvent violente, peuplée de morts et d'agressions gratuites.

Combien d'entreprises se sont réveillées au matin vides de toute vie...
De grandes traînées sanglantes attestaient juste de la violence des combats déroulés pendant la nuit.

Mais la vie reprenait inlassablement.

Une année, des rumeurs ont couru, une météorite allait passer à proximité de la ville. Passer... La frôler seulement ou s'y écraser, nul ne le savait vraiment. Au fil des jours, la rumeur enflait, puis s'éteignait pour rebondir encore.
Et un matin, brutalement, nous avons été mis devant le fait accompli. "Demain... La météorite s'écrasera demain. La ville sera anéantie."
Ce communiqué de l'Empereur nous a tous pris de cours, ancrés que nous étions dans nos certitudes que rien ne changerait jamais, ou dans un avenir si lointain.
Deux jours durant, nous nous sommes organisés en vue du déménagement dans la nouvelle ville en construction. Liquidation des stocks des entreprises, mise à l'abri dans des coffres protégés des objets les plus précieux, ce fut une course désespérée pour tenter de sauver ce que nous avions mis des années à construire.

Que dire des sentiments qui nous agitaient : Incrédulité, angoisse pour l'avenir, crainte de perdre tant d'amis, tristesse de laisser tout ce qui avait fait notre vie, nos maisons, nos entreprises...
Que de messages échangés ce jour-là. Messages affolés, messages désespérés, adieux déchirants, mais aussi déjà messages d'espoir de survivre, de se revoir, de reconstruire... De continuer...

Le soir venu, la plupart d'entre nous se mit à arpenter une dernière fois ces rues, ces lieux auxquels nous étions si attachés. Comment oublier, comment accepter cet anéantissement annoncé.
Certains choisirent de mettre délibérément fin à leurs jours au cours de la journée, d'autres de "partir" comme ils avaient vécu, dans un dernier combat. Jamais je n'oublierai celui qui s'est tenu dans le cimetière entre deux amis si chers.

Les heures passèrent si vite...
La nuit est rapidement tombée et il devint impossible de surveiller l'approche de la météorite quand soudain dans un hurlement terrifiant, sa présence devint réalité et la fin inévitable...

Un dernier regard pour tout ce qui nous entourait, un dernier adieu à ceux que nous aimions, une dernière caresse à Baraka, ma si belle panthère noire qui ne pourrait pas nous suivre, un choc effroyable, un éclair bleu d'une violence inouïe, puis le néant...

Une page était tournée, une autre allait s'ouvrir.